Sunday, December 23, 2018

1989-2019: 30 ans de chute du mur

L'an prochain, nous fêterons les 30 ans de la chute du mur de Berlin. Cet événement eut lieu après la fuite de nombreux Allemands de l'Est vers l'Ouest, puis à des démonstrations populaires hebdomadaires à Dresde, puis dans d'autres grandes villes Est-Allemandes. (Remarque: toute similitude avec l'expatriation d'un nombre croissant de Français jeunes, éduqués ou riches, et la révolte des Gilets Jaunes mérite d'être méditée.)

Peu après la chute du mur, ce sont tous les régimes communistes d'Europe de l'Est et l'URSS qui s'éffondrèrent. La Chine avait déjà pris un virage libéral pour son économie au début des années 1980 sous Deng Xiao Ping. Après la révolution culturelle, ce communisme débridé qui fit des millions de morts, le nouveau dirigeant Chinois avait compris dès le début des années 1980 que la liberté économique est la clé de la prospérité. Ce changement se fit sans fanfare, mais ce fut un événement majeur de la fin du 20ème siècle, car il permit à plus d'un milliard de Chinois de sortir de la pauvreté en l'espace d'une génération.

La chute du mur de Berlin en 1989 fut la preuve éclatante que le communisme et le socialisme, cela ne marche pas et que cela ne marche nul part. Un Etat et ses technocrates n'arrivent pas à gérer et faire prospérer un système aussi complexe que l'économie d'un pays. Pour cela, il faut des entrepreneurs, des investisseurs, des consommateurs qui cherchent chacun à maximiser leur argent en toute liberté et responsabilité avec un Etat qui garantit l'ordre et la propriété individuelle. Mises avait montré les contradictions du socialisme dès 1922. Hayek avait prolongé cette reflexion en 1988 avec La présomption fatale, les erreurs du socialisme.

Bref, rarement une théorie économique ne fut aussi bien démolie autant sur le plan théorique que dans la pratique. C'est pourquoi, ces 30 dernières années, les journalistes et toute l'intelligentsia française ont pris leurs distances avec le socialisme et se sont convertis au libéralisme. Du jour au lendemain, les chroniqueurs arrêtèrent de citer l'Humanité et Libé dans leurs revues de presse. Les journalistes traitèrent les politiques d'extrême gauche avec la même répugnance que ceux d'extrême droite. Les faux intellectuels de la vraie gauche furent ignorés du débat démocratique, car ils s'étaient trompés et refusaient de le reconnaitre. Un débat entre un gauchiste et une populiste réclamant tous deux le retour de l'ISF sur France Inter est aussi absudre que la notion même de radio publique en 2018.

Au contraire, les médias français donneraient une place de choix aux entrepreneurs privés, aux économistes libéraux comme Charles Gave, aux associations de contribuables (comme l'IFRAP). On ne compte plus leurs passages sur les grandes chaines de radio et de télévision! Grâce à cet exposition médiatique, les concepts et les avantages du libéralisme comme la flat tax, le salaire intégral, la retraite par capitalisation, la protection de la vie privée, les bienfaits du libre-échange... ne font plus de mystère pour les Français. La patrie de Montesquieu, Jean-Baptiste Say et Bastiat s'est tellement convertie au libéralisme qu'elle est devenue la championne d'Europe et de l'OCDE des ... prélèvements obligatoires!!!?

Il y a quelque chose qui cloche! J'ai pris mes désirs pour des réalités. Force est de constater qu'en France, le mur existe encore dans les têtes de tout le monde politico-médiatique. Le libéralisme reste un repoussoir, un grand inconnu. De Le Pen à Mélenchon, en passant par Xavier Bertrand à Macron, de Dupont-Aignan à Jadot, absolument toute la classe politique française veut un Etat fort, toujours plus de services et de dépenses publiques. Personne n'envisage une baisse généralisée des impôts, mais tout au plus une baisse de quelques impôts payés par ses électeurs!

Toute la classe journalistique, politique et administrative ne parle que d'une seule et même voix en faveur de plus de fonctionnaires, de chasse aux fraudeurs du fisc, de contraintes sur les entreprises, de SMIC qu'il faut augmenter ou garder. Et au lieu de baisser franchement les cotisations sur les bas salaires, la technocratie continue de bricoler des usines à gaz comme la prime d'activité, afin de distribuer d'une main (une partie) de l'argent qu'elle vient de prendre de l'autre!

La révolte des gilets jaunes a débuté par le refus de la limitation de vitesse à 80 km et des taxes sur l'essence. Certaines revendications sont confuses car l'extrême gauche essaie de la récupérer et car les principes libéraux sont si peu connus en France. Mais en s'opposant aux dogmes de l'Etat bienveillant et à la pensée unique, les gilets jaunes ont le bon sens de remarquer que la France fait fausse route. Avec ses 3,5 millions de chômeurs, sa dette à 100% du PIB, 40 ans de déficits publics, sa croissance en berne, on aurait tort de les critiquer sans balayer devant sa porte!

1 comment:

diaagi said...

Mais c'est trois fois oui.

1) oui, la maladie de l'état fort.
malheureusement la culture politique française est droguée à l'état fort, l'état protecteur, partout, qui va créer allégrement de la distorsion et des désordres dans de nombreux secteurs.
il faudra blamer Colbert, les Jacobins, Napoleon. toute l'histoire de cette France qui aime trop centraliser, croyant que son armee de technocrates sait mieux que le marché comment organiser le pays dans chaque détail

2) oui, la liberté économique est la clé de la prospérité
l'erreur d'un appareil d'etat hypertrophié, un monde de formulaires et de fonctionnaires qui entravent la liberté d'entreprendre.
et qui s'auto-entretient grace a une taxation folle.

3) oui, le libéralisme reste un repoussoir
car il y manque une analyse fondamentale. la liberté économique: ok. la prospérité: ok, mais pour qui?
la france se fantasme sur ses ideaux revolutionnaires, inspires par Rousseau.
Rousseau qui avait la pauvrete ostentatoire a ferraille contre Voltaire, le mondain
né d'une famille modeste, son constat fondateur était qu'être pauvre revient à être privé de liberté
la première source du mal est l’inégalité écrivait-il à quelques monarques.
le regime feodal est balayé, tous ses privileges associes (des inegalites constitutionalisees) y etaient honnis.
il est d'evidence que la précarisation des plus faibles se traduit par un tas de maux, la hausse de la mortalité infantile, la réduction de la durée de vie, ou la hausse de la délinquance.
alors tenter d'elever le greed de la societe bourgeoise au rang de valeur morale chez les heritiers de Rousseau, vous rigolez?