Saturday, February 25, 2023

Comment assumer toute la Ve République

 La gauche rêve de table rase et de révolution. Elle voudrait tout recommencer à zéro, ce qui se traduit souvent par du sang et des larmes. La droite, elle, est souvent accusée d'être conservatrice au point de ne rien vouloir changer. Or, le conservatisme politique ce n'est pas de rien changer, mais de ne changer que ce qui ne va pas et de laisser en place ce qui fonctionne. Dans le texte suivant, j'imagine ce que dirait un président de droite qui chercherait à rassembler tous les Français en puisant dans le passé de la Vème République pour élaborer sa politique.


"Françaises, Français, conformément à la constitution de la Vème République élaborée par le général de Gaulle, vous m'avez élu président de la République. C'est avec humilité et gratitude que j'accepte cette fonction et tâcherai de me montrer le digne successeurs de tous les présidents que vous avez élus.

Même si je ne la considère pas comme parfaite, je m'engage à ne pas réformer la constitution, mais à la respecter scrupuleusement et à la défendre de toutes mes forces, car je ne fus pas élu pour faire selon mon bon plaisir, mais pour faire respecter les lois et l'Etat de droit dans notre pays. D'ailleurs, ma première mesure sera le doublement du nombre de places de prison, car c'est la surpopulation carcérale qui oblige la justice de ne pas appliquer aux condamnés les peines prévues par la loi. La seconde est l'expulsion de tous les étrangers contre lesquels une OQTF a été prononcée par la justice. C'est une question d'Etat de droit et de souveraineté nationale. Le général de Gaulle a tant œuvré durant la seconde guerre mondiale pour que la France retrouve sa souveraineté. Avec l'aide des régions, des forces de l'ordre et de la justice, nous saurons restaurer l'Etat de droit sur tout le territoire français.

Je veux aussi m'adresser à toute la jeunesse de France. Même si elle fut encore trop jeune pour voter à cette élection, je veux mettre ma présidence au service de l'enseignement et de la culture. Pour cela, je veux m'inspirer de Georges Pompidou, ce fils de profs du Cantal. C'est par l'excellence de son parcours scolaire qu'il a su atteindre les plus hautes fonctions. Il a démontré qu'une école publique exigeante qui transmet notre langue, les mathématiques, les sciences et de grands pans de notre culture européenne est ce qui prépare le mieux nos jeunes au monde de demain. Les pays Asiatiques ne font que reprendre le modèle de l'école qu'a connue Pompidou, car cela marche. Mais nous avons deux atouts, le latin et le grec qui sont bien plus que des langues anciennes. Ce sont nos racines et leur apprentissage est un formidable exercice pour comprendre les histoires, les mythes, les sagesses et l'esprit conquérant et scientifique de notre civilisation. 

C'est sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, que la France a brillamment montré toute sa créativité scientifique pour faire face au défi de la pénurie énergétique. Le nucléaire avait été voulu par le général de Gaulle pour fonder notre stratégie de dissuasion, mais c'est le président Giscard qui a favorisé son développement civil pour répondre à la crise du pétrole. Et le nucléaire reste l'atout de la France dans cette recherche de souveraineté pour une énergie bon marché, sûre et très peu polluante. Nous prenons acte de la décision de l'Allemagne de sortir du nucléaire, mais je ferai en sorte que cette filière retrouve tout l'éclat qu'elle avait sous l'impulsion du président Giscard.

De François Mitterrand, je retiens surtout la formidable envie de liberté des Français avec les radios libres, la création de nouvelles chaines privées de télévision et la fin de certaines institutions trop conservatrices. Or, de nos jours, où se trouve la pensée unique la plus conservatrice, la plus opposée à la liberté et à la propriété privée? Dans la fonction publique et, notamment, dans le service public. C'est pourquoi, au nom de la liberté de pensée et de l'héritage de Mitterrand, je vais privatiser tout l'audiovisuel public. 

Dans le prolongement de Jacques Chirac et de son refus de prêter main forte à Bush pour sa guerre en Irak, je mettrai fin aux livraisons d'armes vers l'Ukraine et la Russie. Ce conflit fratricide sur le sol européen doit cesser au plus vite afin de nous permettre de retrouver la paix et la prospérité. En effet, tout le continent souffre des retombées économiques de cette guerre. Si le président Chirac, comme tous ses prédécesseurs, a été un partisan de la construction européenne, c'est justement pour éviter que ne se reproduise ce genre de massacres inutiles au moment où la démographie du continent est en berne.

La présidence de Nicolas Sarkozy a été empêchée par l'une des crises financières les plus virulentes depuis la fin de l'étalon-or en 1971. Il avait très bien compris que la France avait besoin d'un coup de Karcher, et je compte bien le passer afin de nous débarrasser des risques que font courir l'islam à la cohésion nationale et à la sécurité intérieure, notamment celle des femmes et des juifs. Cette religion n'est pas compatible avec la démocratie, et ses adeptes viennent souvent de pays qui n'arrivent pas à pardonner les crimes que la France n'a pas commis pendant la colonisation!

Afin d'éviter que ma présidence ne subisse elle aussi les effets d'une nouvelle crise financière de grande ampleur qui concernerait les dettes souveraines, je veux entendre l'avertissement du président Hollande qui disait que son ennemi c'est la finance. En effet, un pays fortement endetté est un pays à la merci de ses créanciers. Ces derniers voudront toujours faire passer leur intérêt particulier avant celui de la nation. Voyez les difficultés de l'Argentine ou de la Grèce à se sortir d'une dette publique trop importante. Pour éviter une nouvelle crise financière qui empêcherait mes réformes, la solution est le retour à l'équilibre budgétaire et la réduction des dettes maintenant que les taux d'intérêts atteignent des records historiques. En effet, il ne s'agit pas seulement d'éviter une crise financière grave, mais aussi d'éviter une longue stagnation de type japonais. 

Pour réussir ce retour à l'équilibre budgétaire, je vais continuer les réformes du marché du travail entamées avec succès par le président Macron. Comme il l'a fait avec les cheminots, je mettrai fin au statut du fonctionnaire à vie ainsi qu'à toutes les inégalités qui concernent leurs retraites. Ainsi, la France pourra réduire son nombre de fonctionnaires et disposera de suffisamment de main d'œuvre pour les besoins du secteur privé. Cela nous permettra d'augmenter les primes de nos meilleurs agents dans le secteur public et de réduire notre besoin de main d'œuvre immigrée.

Merci à vous et à tous mes prédécesseurs de m'avoir indiqué la voie à suivre.

Vive la République et vive la France!



Thursday, February 16, 2023

Ukraine/Russie: Et si tout le monde avait raison?!


Dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine, je lis les arguments des deux camps avec bienveillance. D'ailleurs, cela tombe bien. La moitié des comptes Twitter que je suis soutient la Russie tandis que l'autre moitié soutient l'Ukraine. Souvent, je trouve que les deux camps ont raison! 

Poutine est un autocrate brutal qui ne connait que le rapport de force. Il est coupable d'avoir envahi l'Ukraine il y bientôt un an. Il a tenté de faire chanter l'Europe, et notamment l'Allemagne, en la rendant dépendante à ses livraisons de gaz bon marché. Les pays d'Europe de l'Est ont la mémoire longue et se méfient d'une menace Russe qu'ils prennent au sérieux. Oui, je suis d'accord. Poutine et la Russie sont dangereux et ne sont pas des modèles de société où j'aimerais vivre.

Mais je suis aussi d'accord avec le camp pro-Russe qui remarque que l'Ukraine est l'un des pays les plus corrompus (même pire que la Russie!) et que c'est un coup d'Etat de la CIA en 2014 qui a été l'origine de la perte d'influence Russe en Ukraine, alors que l'OTAN avait promis de ne pas s'étendre dans la zone d'influence Russe après 1991 et la chute de l'Union Soviétique. D'ailleurs, l'OTAN dit qu'elle forme et arme l'Ukraine depuis 2015 et pour Merkel et Hollande, les accords de Minsk n'étaient qu'une tactique pour temporiser le conflit, pas le résoudre, jusqu'à ce que l'Ukraine soit assez forte pour s'opposer militairement à Moscou dans le Donbass. 

J'ai plus de respect pour le capitalisme américain que pour le système des oligarques Russes. Cependant, je trouve que le parti démocrate de Biden, dont le fils a gagné beaucoup d'argent en Ukraine, n'est pas très net non plus. Je rappelle aussi que la firme crypto FTX aux comptes frauduleux, qui a fait faillite, fut le second plus grand donateur au parti démocrate. 

Les pro-Poutine ont raison de critiquer la politique militaire américaine, bien trop interventionniste. Elle est de plus en plus une source de tension et de déstabilisation (Irak, Syrie, Lybie...) que d'apaisement. Mais dans le cas de l'Ukraine, la Russie se comporte comme les USA en tirant les premiers et en causant beaucoup de destructions. 

Quand je vois comment les Ukrainiens attachent les pro-Russes à des poteaux, les tapent et exposent leurs parties génitales au froid, je trouve ces méthodes barbares, mais pas si extraordinaires si l'on considère que les Ukrainiens vénèrent le nazi Stépan Bandera comme un héros! C'est aussi lamentable que la glorification de Staline par Poutine et ses sbires.

Bref, dans ce conflit, tout le monde a raison en critiquant le camp d'en face et la population civile est la première victime de la guerre. Je n'ai pas trop envie de prendre parti. Ce que je voudrais surtout, c'est la fin des hostilités pour mettre fin aux souffrances civiles.

Au lieu de s'engager pour l'un ou l'autre camp par conviction ou pour des raisons morales, nous devrions simplement considérer notre intérêt national. Et avant qu'on me dise que cette position est pro-Russe, laissez-moi vous dire que je trouve que ce conflit va à l'encontre des intérêts Américains, car il a pour conséquence de resserrer les liens entre la Chine, le principal concurrent des USA pour le leadership mondial, et la Russie. La Grande-Bretagne avait su diviser ses concurrents pour régner. Le fait que les USA favorisent le rapprochement de deux puissances complémentaires est une faute stratégique. Il fallait isoler la Chine et ne surtout pas lui donner accès à l'énergie et aux matières premières bon marché de Russie!

D'un point de vue européen et français, il valait mieux que l'énergie russe bon marché continue d'affluer et qu'en parallèle on développe plus de nucléaire pour travailler à notre souveraineté. Et s'il était bon de montrer à Poutine que son armée n'a pas carte blanche pour envahir des territoires souverains en Europe, le but n'est pas de battre la Russie, vu qu'elle a l'arme nucléaire et il faut sortir de tout engrenage fatal, mais de la pousser à mettre fin aux hostilités. D'ailleurs, cette position assez neutre et centrée sur nos intérêts nationaux est assez proche de la position de Benett, le premier ministre Israélien au moment de l'invasion Russe.


Saturday, February 11, 2023

Histoire de famille, histoire du pays


Mon grand-père, Robert Joseph, est mort à 60 ans quand j'avais 3 ans. Père de 5 enfants, il était alors pharmacien dans un petit village alsacien perdu entre les Vosges et l'Allemagne. Heureusement pour ma grand-mère, l'aîné avait fait pharma et allait immédiatement pouvoir reprendre la pharmacie. Mais au lieu de préserver ce capital et de le faire fructifier, ma grand-mère et son fils l'ont 'mangé', presque littéralement! Je vais vous expliquer comment cela s'est passé et la similitude avec la situation des retraites en France.

La pharmacie était située dans la maison familiale et mon oncle Roland, le pharmacien, a continué à vivre avec ma grand-mère dans cette maison. Ayant hérité de la pharmacie avec la maison familiale, ma grand-mère avait 2 choix:

1- garder la propriété sur la maison et louer la pharmacie à son fils afin d'en tirer un revenu locatif pour compléter ses revenus.

2- rester propriétaire de la partie habitation de la pharmacie et vendre la pharmacie à son fils. Elle aurait ainsi pu investir ce capital en obligations et/ou en actions afin de préserver ce capital et en tirer des revenus complémentaires.

Ces 2 solutions permettaient de conserver le capital mis de côté par son mari et de le transmettre, à sa mort, à tous leurs enfants. Malheureusement, ma grand-mère et mon oncle ont opté pour une troisième solution qui semble mélanger les deux, mais aboutit à un résultat très différent. 

Au lieu d'être payé en une traite, ma grand-mère a vendu la pharmacie à son fils par mensualités, sur de nombreuses années. (Note: je n'ai pas les détails des transactions). Or, qu'a fait ma grand-mère avec ces rentrées mensuelles qui dépassaient ce qu'aurait rapporté une simple location? Tout cet argent était dépensé au profit de ceux qui vivaient encore sous le toit familial, dont mon oncle pharmacien, ses deux jeunes frères et sa sœur! Si l'achat avait été fait d'une traite, l'argent aurait été investi, mais comme il fut payé en un flux régulier, il fut plus difficile d'épargner.

Dans le domaine financier, il y a parfois des jeux à somme nulle. Peut-être est-ce mon oncle pharmacien qui a fait une bonne affaire avec sa mère (et vis-à-vis de ses frères et sœur en captant leur héritage)? Tout ce que ma grand-mère dépensait en bouffe pour lui, le loyer de la maison qu'il économisait (puisqu'il n'a jamais vécu ailleurs que chez sa mère), il a pu l'économiser et faire de larges économies avec ses revenus de pharmaciens, non? Cela aurait effectivement pu être le cas, mais dans la réalité, mon oncle était un noceur. Il sortait quasiment tous les soirs au restaurant et/ou au bar. Il s'était même acheté un petit avion à hélice pour satisfaire ses rêves de gosse. 

Il est mort d'un cancer du foie en 2011, à l'âge où ses confrères partaient à la retraite (qui peuvent le remercier!) Si j'ai bien compris, le seul capital qu'il légua à ses enfants fut cette pharmacie familiale. Avec sa maigre retraite, ma grand-mère mourut 3 ans plus tard dans une maison décrépite et sans grande valeur . Il n'y avait guère d'héritage pour les 4 enfants restants, car cela faisait longtemps que le capital que représentait cette pharmacie avait été 'mangé'.

La vie avait été belle pendant un certain temps, mais sans nouveaux investissements, les revenus ont stagné et la fin s'est donc traduit par un appauvrissement pour toute la famille.

Cette histoire de famille m'a rendu très sensible aux situations malsaines où le capital est 'mangé', où il dépensé au lieu d'être investi. Or, je trouve qu'il y a une ressemblance entre cette histoire et la retraite par répartition. En effet, dans la retraite par répartition, les retraités dépensent une partie des revenus des jeunes actifs. Or, cet argent, dont les actifs arrivent tant bien que mal à se priver, aurait pu, pour la plus grande part, être investi. Alors certes, souvent les retraités dépensent aussi une partie de leur retraite pour le bénéfice de leurs enfants et petits-enfants, mais cette dépense n'est qu'une richesse en trompe-l'œil. Elle n'est pas durable, car elle réduit le capital et l'investissement total des Français. 

Ainsi, le CAC 40 appartient à 40% aux étrangers et la dette publique est détenue à 50% par des non-résidents. C'est un signe que les Français vendent à la fois du capital et des promesses de remboursement afin de financer leur train de vie et celui de l'Etat. 

Certes, la France reste encore un pays assez attractif pour les investisseurs étrangers et les Français les plus fortunés qui peuvent se permettre des montages fiscaux. Ces investissements bénéficient d'ailleurs indirectement à tous les Français, car ils améliorent la productivité des actifs et augmentent les salaires. Cependant, avec moins de répartition (et plus de capitalisation), les Français de presque tous les niveaux de revenus pourraient investir encore plus et tirer non seulement des bénéfices indirects, mais aussi des revenus financiers futurs qui iraient croissant avec l'âge. Ce serait idéal pour lever le pied progressivement et pour financer les retraites alors que le rapport actifs/retraités se détériore. Quel gâchis!

Dans cette histoire de famille, mon père avait quitté la maison familiale en premier, peu avant la mort de mon grand-père. A court terme, c'était lui le plus lésé par cette situation, car l'héritage fut dilapidé sans qu'il en bénéficie. Cependant, je crois que cette injustice lui a fait prendre conscience de l'importance d'épargner afin de devenir propriétaire (de plus d'une maison!) et de capitaliser pour sa retraite.