Wednesday, February 19, 2025

Ukraine/Russie: Et si tout le monde avait raison?! Partie 2


La situation militaire n'a pas beaucoup évolué depuis mon premier article. La Russie grignote lentement le territoire Ukrainien, mais se fait parfois surprendre par des offensives de Kyiv, comme à Koursk. Cet équilibre est obtenu par une aide financière considérable de l'Occident et par des pertes d'hommes en dizaines, voire en centaines de milliers des deux côtés du front. Après trois ans de combats acharnés, ni l'Ukraine, ni la Russie ne semblent vouloir renoncer à se battre. L'économie Russe n'a pas été effondrée par nos sanctions. Le gaz et le pétrole continuent de se vendre, ailleurs. L'armée Ukrainienne a mieux tenu le coup que ne le pensaient les experts qui attendaient sa capitulation pour la semaine prochaine, depuis le début. Zelenski a endossé les habits du président de guerre semble s'inspirer de Dave et de Churchill pour combattre les Russes. 

Mais l'élection de Trump et ses récentes déclarations ont bouleversé cet équilibre meurtrier et destructeur. On peut lui en vouloir de mettre toute la responsabilité de cette guerre sur Zelenski au lieu de rappeler que ce sont les diverses administrations US qui ont poussé l'OTAN toujours plus près de la Russie. C'est le processus du bouc émissaire. Il permet de trouver un coupable unique, souvent innocent, plutôt que de chercher chez soi la responsabilité. Celle des USA est immense. La rappeler obligerait Trump à payer pour les dégâts, alors qu'il ne pense qu'à profiter de la position de faiblesse de Kyiv pour lui piquer ses terres rares, montrant par la même occasion qu'il ne vaut pas beaucoup mieux que les démocrates US. Au moins, il est franc dans ses intentions et essaie de terminer une guerre, plutôt que d'en commencer une.

Je comprends aussi que les pro-Ukraine soient en rage contre les déclarations de Trump sur le conflit. Il semble être dans la poche de Poutine. L'alternative est que Trump est en train de faire un deal avec Poutine et que, toute honte bue, comme un excellent commercial, il dise tout ce que Poutine veut entendre et taise tout le reste. Son but est que Poutine vienne négocier avec les USA après 3 ans de guerre. Biden n'avait même pas daigné appeler le Kremlin. Trump est direct et agit comme un businessman, pas comme un diplomate sophistiqué européen. Le jour où il aura besoin de notre aide, il sera tout miel. Mais si on fait déjà ce qu'il veut (payer pour la reconstruction de l'Ukraine), il peut nous mépriser.

Les critiques de l'Amérique reposent grandement sur celles d'Eisenhower dans son discours de départ de la Maison Blanche: le pouvoir du complexe militaro-industriel. Ce sont surtout les démocrates et le universitaires de gauche aux USA qui formulaient cette critique. Finalement, c'est la droite républicaine de Trump qui est la première à dénoncer ce pouvoir, les sommes immenses qui financent des entreprises d'armement et un Pentagon plus riche que les 10 prochains ministères de la défense. On peut effectivement voir cette guerre d'Ukraine comme un manière de recycler le vieil armement US pour le remplacer par du plus neuf et donc en faisant tourner les usines US. Remarquons que nos dirigeants Européens n'avaient rien à redire. Au contraire, maintenant que cette logique touche à son terme, ils regrettent son arrêt. Et je ne me fais pas d'illusions sur Trump. Si les armes US avaient permis de remporter la partie face à la Russie, il aurait continué de financer cette source de pouvoir US. 

Mais, Trump remarque que le retour sur investissement n'est pas bon. Les contribuables US paient pour l'armée la plus puissante au monde, mais celle-ci n'est pas capable d'aider un pays à écraser la minuscule économie Russe au bout de 3 ans d'affrontements. Notons que Trump vient d'ordonner de baisser les dépenses du Pentagon de 8 % et a proposé à la Chine et à la Russie de baisser de concert les dépenses de défense de 50%. Si l'on accepte que le cœur nucléaire de l'Etat profond américain est son complexe militaro-industriel, alors il faut soutenir Trump, même si la première victime est la sympathique Ukraine. Elle risque de voir ses frontières redessinées, comme le furent celles de l'Europe en 1945.

Trump avait le choix entre baisser les dépenses publiques pour les séniors, pour l'éducation de la jeunesse ou pour la défense. Ce sont les électeurs qui ont choisi de faire porter l'effort sur la défense en élisant Trump. Et avec Musk, Trump a aussi l'aide d'un technologiste pour rendre l'Etat US plus efficace et moins dispendieux. Je vois beaucoup de soit-disant démocrates dire que Trump fait un coup d'Etat, mais ses actions sur l'Ukraine sont bien celles annoncées durant la campagne. 

Un pays endetté à plus de 100% du PIB et qui a besoin d'emprunter des milliards à ses rivaux n'est plus crédible et n'est plus souverain. C'est aussi cela la dure réalité à laquelle Trump s'attaque avec l'élégance d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Malheureusement, Macron et Scholz n'ont pas compris le message: ils voudraient augmenter les emprunts publics en sortant les dépenses d'armement des règles de Maastricht! 

Bienvenue en économie de guerre ! de David Baverez


 Le fait que ce livre soit écrit par un investisseur français (qui plus est basé à Hong Kong et non à Paris) explique probablement pourquoi il est plus intéressant que La guerre des mondes, de Bruno Tertrais. David Baverez ne se contente pas d'analyser le monde par plaisir ou pour fournir des recommandations aux hommes d'Etat français. Son but est d'aider aussi les acteurs privés, les investisseurs et les cadres d'entreprises qui ont une activité internationale à mieux comprendre les enjeux de la guerre économique actuelle pour prendre les bonnes décisions. 
J'ai bien aimé sa vision froide et originale sur l'Ukraine. Il replace ce conflit dans l'affrontement entre les USA et la Chine. L'Ukraine serait une guerre par proxy sur le sol européen. Bref, l'Europe se 'Yémenise'! Et en livrant surtout des armes défensives (des 2 côtés), tout était fait pour que la guerre se prolonge, comme si les USA et la Chine trouvaient leur compte dans l'affaiblissement de l'Europe et de la Russie. Dans cette optique, on peut comprendre le revirement de Trump sur l'Ukraine comme sa réalisation que la Chine profite plus du conflit que les USA. En effet, la Chine n'offre aucun soutien militaire gratuit à Moscou. Et si les USA gagnent en vendant cher leur gaz, la Chine profite d'hydrocarbures russes très bon marché et payés en Renminbi!

David Baverez fait très fort quand il annonce page 32 que "l'Ukraine risque donc dans le futur d'être 'invitée' par ses créanciers à des échanges de dettes contre des droits miniers ; pendant que l'Europe, elle, réglera la facture de la reconstruction". En effet, Trump vient de demander les terres rares à l'Ukraine!
Et la solution qu'il propose n'est pas du tout guerrière, comme le titre pourrait le suggérer. Il rappelle la décision d'Adenauer en 1949 d'accepter la scission avec la RDA pour travailler à une réunification paisible.
A la page 58, il clarifie le titre du livre: "économie de guerre. Cela ne signifie pas que nous rentrons en guerre, mais que la solution aux quatre crises identifiées va devoir faire appel à des sacrifices d'une telle ampleur qu'ils créeront des tensions acerbes entre les régions du globe.

Mais j'ai aussi des points de désaccord avec ce livre:
- A la page 61, se serait les multinationales et leur greedflation qui seraient à l'origine de l'inflation dans l'alimentaire. Cet argument est négigeable par rapport à l'expansion monétaire des banques centrales. Bizarre, alors que l'auteur identifie bien les dettes publiques comme l'une des 4 grandes crises actuelles.
- la crise environnementale du réchauffement atmosphérique donne lieu à des analyses justes (les renouvelables sont chers et peu performants), mais l'auteur ne semble pas avoir compris que cette voie-là rendrait nos économies trop pauvres et que l'adaptation prônée par Koonin est une stratégie plus réaliste.
- Que ce soit sur l'IA chinoise, le rebond de ses marchés financiers ou sur l'automobile allemande, il semble que toutes les nouvelles (Deepseek, BYD...) depuis la fin de l'écriture du livre vont dans le sens de la Chine. Page 103, l'auteur a bien raison de rappeler que "Toute prévision quant au futur de la Chine doit être formulée avec prudence et humilité."
- Pas vraiment un désaccord, mais page 139, "le futur est aux modèles ouverts" semble en contradiction avec "la plus grande source de valeur provient, à l'inverse, de ceux qui ont conservé le contrôle de leur appareil productif" (page 119). Or, le fabless est un système ouvert...
- Une autre contradiction concerne l'inflation. D'un côté, il aimerait une inflation de 4%-5% pour résoudre le problème de la dette, d'un autre il critique l'inflation que fait 100% de mécontents (page 156), surtout les pauvres d'ailleurs. 

Son chapitre sur Taiwan est très bon et conforte mon analyse qu'une invasion militaire n'est pas probable. Quant à la Chine, Baverez distingue entre les élites léninistes du parti, nos rivaux, et les responsables politiques locaux, les entrepreneurs privés et la jeunesse, nos 3 amis de longue date!

Comme Huntington, Baverez conseille à l'Europe de miser sur ses forces, notamment notre fantastique densité culturelle, pour retrouver notre puissance. 

Je finis par cette question de la page 63: "Voulons-nous aujourd'hui ne plus commercer qu''entre amis' au risque de mettre en danger 7% de la richesse mondiale?" 
 
Conclusion: lisez ce livre!

Friday, February 14, 2025

La guerre des mondes, de Bruno Tertrais


 J'ai lu ce livre, trouvé dans la bibliothèque de mes parents, durant mon séjour en France. De retour à Taiwan, je me rends compte qu'il ne me reste quasiment rien de cette lecture. Pourtant, je me rappelle que j'ai trouvé le livre assez touffu d'informations et que je n'étais pas en opposition fondamentale avec ce qu'il décrit. Il offre une vision du monde très franco-européenne où les dictatures sont méchantes et Trump ne risque pas de se faire réélire. J'imagine qu'il a dû retravailler ces passages sur POTUS #47 dans la nouvelle édition sortie la semaine dernière (mais que je n'ai pas lu). 

J'ai trouvé certains passages très bons, bien recherchés, mais l'impression était plus de faire briller l'auteur que de proposer des idées nouvelles ou des solutions à des défis géopolitiques. Ainsi, sur le conflit larvé entre la Chine et Taiwan, M. Tertrais déballe les lieux communs occidentaux, tous à charge contre la Chine Populaire. Or, la réalité est un peu plus complexe qu'elle apparait dans le livre. Quelques exemples:

- le DPP, le parti indépendantiste, a fait geler les avoirs du parti nationaliste KMT, il y a 8 ans. Cela a pour conséquence de gêner le fonctionnement du parti, ses campagnes électorales. Mais cela a aussi eu pour conséquence de mettre un terme aux paiements des pensions des anciens employés du parti! 

- Ko Wen-Je, candidat à la présidence en 2024 et chef du nouveau parti TPP, est actuellement en prison pour des soupçons de détournement d'argent. Son parti et le KMT forment la coalition majoritaire au parlement, en opposition au président du DPP. Cet ancien médecin a certainement fait des erreurs par méconnaissance du droit, mais les sommes sont relativement faibles et pointent à une instrumentalisation de la justice.

- le Parlement de Taipei est souvent le lieu d'affrontements physiques entre les députés. En effet, le DPP ne supporte pas d'avoir perdu sa majorité et essaie de bloquer les votes par le recours à la force et aux intimidations.

- le DPP est responsable de la fermeture des centrales nucléaires de Taiwan. Il suit la même politique que l'Allemagne, avec les mêmes conséquences: une énergie moins abondante, carbonée et chère. Cette politique rend Taiwan plus vulnérable à un blocus maritime chinois, vu que ses réserves de charbon et de gaz seraient rapidement épuisées. 

- Le musée du palais national de Taipei contient les trésors des empereurs de Chine. Chang Kai-Shek a permis d'empêcher l'armée japonaise, puis les communistes, de mettre la main sur ces œuvres d'art. L'histoire de la République de Chine à Taiwan et celle de la Chine Populaire sont très imbriquées l'une dans l'autre. 

- 2 millions de Taiwanais ont visité la Chine Populaire en 2024 et 400,000 Taiwanais y vivent. Ces chiffres ne collent pas avec deux pays qui sont au bord de la guerre. D'ailleurs, je ne crois pas à une guerre pour reprendre Taiwan et je ne crois pas non plus que la Chine est une menace pour le monde quand on voit son évolution depuis 35 ans.

Bref, si la situation est plus complexe à Taiwan, il y a de grandes chances qu'elle soit aussi plus complexe en Ukraine et ailleurs. Mais l'important n'est pas tellement ce que nous pensons des autres pays. Nos moyens de les influencer sont quasiment nuls. Notre principal levier d'action est sur notre pays, la France, puis sur l'Europe. Or, à cet égard, je suis déçu de l'aveuglement devant nos problèmes internes. 

Un pays/continent fort a besoin de 3 ressources : 
1. Une main d'œuvre de talent motivée, peu taxée, 
2. De l'énergie abondante et bon marché, 
3. Un accès au capital pour faire des investissements judicieux. 

Or, la réalité est que
1. Nos Bac+5 émigrent aux Etats-Unis et les Bac -5 arrivent du Maghreb et d'Afrique.
2. Notre transition énergétique nous ruine et nous rend dépendants des producteurs de gaz (Russes, US, Qataris...) 
3. Les fonds de pension US financent nos dettes publiques. 

Les solutions pour retrouver notre puissance: 
1. Tronçonner les dépenses publiques pour baisser l'imposition des actifs,
2. Stopper l'immigration illégale et remigrer les partisans de la charia ,
3. Développer le nucléaire, rouvrir les centrales en Allemagne,
4. Augmenter les dépenses de défense,
5. Equilibrer les budgets publics.

Tuesday, January 14, 2025

Chine/Etats-Unis, le capitalisme contre la mondialisation de Benjamin Bûrbaumer

Habitant à Taiwan depuis 28 ans, auto-entrepreneur dans le secteur marchand international, investisseur dans le marché d'actions de Taiwan et d'Asie et diplômé d'un MBA avec une spécialisation en finance, ce livre de Benjamin Bürbaumer, au nom joliment alsacien (comme le mien!) a naturellement attiré mon attention. En effet, la rivalité sino-américaine est devenue, depuis quelques années, la question centrale de notre époque. Ma famille, mes amis et beaucoup de gens sur les réseaux sociaux en Occident s'inquiètent pour l'avenir de Taiwan et cela m'a poussé à écrire un article sur le risque militaire. Or,  comme je conclus que le conflit va certainement resté cantonné à l'économie, il est intéressant d'en savoir plus sur la partie qui se joue entre les 2 super puissances. Et c'est exactement le sujet de cet ouvrage écrit par cet économiste, maitre de conférences à Sciences Po Bordeaux. Etant français, l'auteur fait une présentation assez neutre, mais je sens poindre une petite préférence pour le challenger, amplifiée par le fait que cet économiste de secteur public a une fibre plus sociale que libérale. Mais j'ai trouvé cette perspective différente de la mienne intellectuellement stimulante, puisqu'elle me donnait l'occasion de questionner mon point de vue et le sien.

Bürbaumer a la bonne idée de débuter son livre par l'origine des délocalisations américaines vers l'Asie: la crise des années 1970. D'une certaine manière, les mouvements sociaux de 1968 ont donné plus de poids aux syndicats et ceux-ci ont demandé et obtenu une plus grande part de la valeur du PIB, au détriment des profits des entreprises et donc de la rémunération du capital. Les marchés financiers sont en crise durant les années 70s et les capitalistes cherchent une solution à cette crise. Pour l'auteur, la productivité est en berne, car il n'y a pas (encore) de nouvelle technologie (informatique) qui permettra un nouveau saut de productivité dans les années 1980. Il y a plus d'opportunités de profits en délocalisant la même production dans un pays à bas salaires qu'à investir dans des machines car la délocalisation ne demande pas d'investissement supplémentaire, juste un déplacement des machines. Mais, peut-être, est-ce comme le problème de l'œuf et la poule? En effet, on peut aussi argumenter que des profits faibles entrainent des investissements moins nombreux ce qui ralentit l'augmentation de la productivité et la rend négative dans le contexte de salaires (et de consommation) qui croissent plus vite que l'économie. 

La solution libérale à cette crise des profits fut donc de transférer les usines les plus consommatrices de main d'œuvre (textile, chaussure, jouet...) vers les pays d'Asie où la main d'œuvre est beaucoup moins chère car elle est sous-employée. Bürbaumer appelle cela la solution spatiale à la crise. Ainsi, "le principe central de l'ordre hégémonique est que l'économie mondiale est un jeu à sommes positives dans lequel certaines entreprises et certaines économies nationales peuvent faire plus de bénéfices que les autres, mais dans lequel toutes ont la possibilité de gagner." (page 37).

L'auteur montre aussi comment les accords de Bâle de 1988 exige que les banques augmentent leur capital en fonction des actifs risqués, ce qui les incite à investir dans ce qu'il y a de plus sûr, les obligations du Trésor américain. Et plus le monde à besoin de dollars US pour son commerce et ses achats de pétrole, plus les pays ne disposant pas ou de peu de réserves d'USD sont fragiles. Ainsi, à chaque crise économique en provenance des Etats-Unis, ces pays sont fortement touchés et Washington conditionne alors, au travers du FMI, son aide à une plus grande libéralisation des échanges et du marché intérieur de ces pays.

Cette politique de mondialisation est un succès. Les profits se remettent à croître, le commerce mondial augmente plus vite que les économies nationales, l'inflation est maîtrisée grâce à la politique de Volker, mais aussi grâce à l'effet déflationniste des prix bas des produits importés. Ainsi, le niveau de vie continue de s'améliorer lentement en Occident, même si les salaires stagnent. 

Dans la partie 2, Incontrôlable Chine, l'auteur montre que dans un premier temps, les intérêts de la Chine et des multinationales américaines étaient alignées. La Chine avait trop de pauvres désœuvrés à nourrir et un pays à reconstruire après un siècle de guerres civiles et mondiales. Deng donna son feu vert aux investissements étrangers, créa des zones franches. Une classe capitaliste en Chine vit le jour. Forte de son influence grandissante, elle avait intérêt de pousser vers plus de libéralisation et d'échanges commerciaux mondiaux. Cela s'est aussi traduit par des garanties juridiques. Ainsi, "la Constitution fut modifiée pour garantir la propriété privée en 2004 et, en 2007, les droits de propriété ont été codifiés, la propriété privée a été reconnue et une indemnisation a été garantie en cas d'expropriation." (page 83).

Comparée à d'autres pays périphériques pauvres, la Chine se distingue par une transition plus douce du communisme vers le capitalisme et des approvisionnements en énergie plus stables (mais polluants). Elle évite ainsi ces crises qui obligèrent d'autres pays à s'ouvrir en se pliant totalement aux désirs américains. De plus, les USA n'ont jamais dépassé 10% des investissements directs en Chine. La plus grande partie vient de Hong Kong, de Taiwan et de Singapour et du Japon. Dans l'équipement électronique, la part de Taiwan dans les investissements en Chine se monte à 75%! (Et une partie des investissements de Hong Kong sont des capitaux chinois qui cherchent à bénéficier des avantages d'investissements étrangers!)

Le livre rappelle que la croissance du PIB fut exceptionnelle (+10% durant les années 2000) et se reposait surtout sur la croissance des exportations (+25%). Cela montre que la Chine a, elle aussi, utilisé une solution spatiale (l'export) à sa crise. Ici, l'auteur constate que cela a creusé les inégalités de revenus en Chine entre 1978 et 2008 (page 98), ce à quoi on aimerait répondre que le socialisme c'est un partage assez égalitaire de la pauvreté, alors que le libéralisme, c'est un partage inégalitaire de la prospérité! Il dit aussi que ce n'est que dans les années 2000 que le nombre de Chinois vivant sous le seuil de pauvreté a commencé à baisser et que ce seuil est au même niveau qu'en 1980. Pour l'auteur, "plutôt que d'avoir fait disparaitre l'extrême pauvreté, les réformes libérales l'ont fait spectaculairement augmenter dans un premier temps. Dans un second temps, après 20 ans de forte croissance, le pays a retrouvé son niveau initial. En somme, la libéralisation a à peine réparé les dégâts qu'elle a causé." 

Il y a à cela des explications rationnelles, comme, par exemple, le fait que l'accumulation de capital est plus lente chez les très pauvres, car ils consomment près de 100% de leurs revenus. Aussi pour accumuler rapidement des capitaux et moderniser l'appareil productif, il est plus rapide de le faire par des hauts revenus à une minorité sans système de redistribution. Un autre argument est de se demander quel aurait été la situation des pauvres sans ces réformes économiques libérales. Leur condition se serait-elle améliorée? Or, on a la réponse en observant la situation d'un pays voisin qui décida de ne rien changer à son système communiste et surtout de ne pas se rattacher à la mondialisation: la Corée du Nord. Ce pays connait encore de vraies famines où les pauvres meurent de faim, ce qui n'est plus le cas en Chine Populaire. Ce procès du libéralisme est clairement une faiblesse idéologique de l'ouvrage. Le fait que les pauvres ne récoltent pas immédiatement les fruits de leur travail est ce qui permit justement au pays de croitre bien plus vite qu'ailleurs et maintenant ils profitent aussi de l'augmentation général du niveau de vie.

La troisième partie, échapper au contrôle américain des chaines globales de valeur, est très pertinente pour comprendre que le bras de fer actuel entre Trump et Xi a des racines anciennes. La Chine a appris des multinationales comment fabriquer des produits de plus en plus sophistiqués. Elle a aussi beaucoup investi dans la formation de sa jeunesse. Elle ne se contente plus d'effectuer les tâches à faible valeur ajoutée. Ses entreprises concurrencent sérieusement les firmes américaines. Mais cette nouvelle concurrence n'est pas acceptée en Occident. En effet, la Chine a remarqué que les entreprises américaines possèdent de nombreux leviers pour empêcher les firmes chinoises de prendre leur place tout en haut des chaines de valeur, là où se font les plus grands profits.

La solution pour la Chine est de répliquer avec ses propres leviers: construire des infrastructures dans le cadre des routes de la soie pour contourner les points contrôlés par les Etats-Unis, définir en premier les normes techniques des nouvelles technologies (ex: 5G, 6G, voitures électriques. Pour cela, la Chine investit beaucoup dans la formation et la R&D. Cela porte ses fruits puisqu'elle forme chaque année 7 millions de nouveaux ingénieurs contre moins de la moitié aux Etats-Unis. De plus à partir de 2006, la part de brevets chinois déposés en 'triades' (aux USA, en Europe et au Japon) passe de 1% à 10,6% en 2020. Ajoutons aussi que, pour mieux contrôler l'information, la Chine a créé son propre environnement Internet et peut se passer de Google, Microsoft...

La première réaction de défense contre la concurrence chinoise concerne Huawei, la firme qui construit les réseaux de téléphonie 5G et des portables. Maintenant, elle a été étendue aux puces les plus avancées, notamment celles utilisées dans le développement l'IA, le dernier champ de bataille technologique entre les USA et la Chine. La difficulté pour les Américains est que la Chine est à la fois le client principal pour les puces, mais aussi le premier concurrent. 

La quatrième partie porte sur la contestation du privilège exorbitant du dollar. L'auteur cite Robert Puttmann, Multi-Polar capitalism, qui chiffre à 20 milliards de dollars US l'avantage que les Etats-Unis ont d'avoir le dollar comme monnaie de réserve mondiale. Personnellement, je trouve cet avantage très faible comparé à la taille de l'économie américaine (25000 milliards) et, notamment, de la taille des dépenses militaires, 800 milliards de dollars.

La Chine s'efforce donc de commercer en renminbi. En 2011, seul 10% de son commerce extérieur était réglé en renminbi. En 2021, cette portion est passée à 25% et la guerre d'Ukraine n'a fait que renforcer cette tendance. Le gel, voire la confiscation des avoirs Russes, a poussé la Chine à mettre fin à ses achats de bons du Trésor américain et à acheter de l'or. La Chine a aussi adopté une politique monétaire stable afin de développer son marché obligataire, mais son système financier est encore insuffisamment ouvert et sophistiqué pour pouvoir remplacer le dollar ou l'Euro.

La cinquième partie est celle des Etats-Unis dans le piège de l'hégémonie. Pour Gramsci, toute hégémonie repose sur la force et le consentement. Il faut convaincre les autres de la bienveillance de sa démarche. Cela se fait par du storytelling, mais cette histoire doit s'appuyer sur des faits, des réalités. Ainsi, Hollywood fut longtemps le fer de lance du soft power et je trouve intéressant comment la Chine, gros marché de cinéma, a neutralisé cette arme en finançant de nombreux films américains. 

La Chine développe elle aussi un discours de soft power, surtout à l'attention des pays du Sud, en martelant qu'elle n'a pas mené de guerre depuis 1979 (contrairement aux USA...). La Chine répète aussi qu'elle a vaincu l'extrême pauvreté chez elle et qu'elle est prête à aider les pays en développement à faire de même au prix d'une coopération économique accrue, mais sans conditions politiques. Larry Summers rappporte ces propos d'un dirigeant d'un pays émergents: "La Chine nous donne un aéroport. L'Amérique nous donne une leçon de morale."  Et durant le Covid, la Chine a offert des vaccins à des pays pauvres, alors que les firmes pharmaceutiques occidentales privilégiaient la livraison des pays riches.

C'est surtout au niveau militaire que les USA ont le plus grand pouvoir hégémonique. Il se manifeste par les dépenses militaires, les plus fortes au monde, mais aussi par les nombreuses bases américaines (750) sur tout le globe. Le contrôle de Taiwan est crucial, car cette île bloque l'accès de la Chine au Pacifique et permet aux USA de garder la mainmise sur les puces les plus avancées, celles produites par TSMC. Si la Chine réagit en augmentant ses dépenses militaires et ses coopérations internationales, c'est autant pour protéger ses intérêts que pour affaiblir le pouvoir de nuisance de l'Amérique. 

Dans la postface, Romain Godin voit la rivalité Amérique/Chine comme une crise du capitalisme. Les Etats-Unis ont besoin d'imports bon marché, mais pas de nouveaux concurrents, tandis que le capitalisme chinois a besoin d'exporter de plus en plus pour donner du travail à sa population maintenue dans un système inégalitaire de répartition des revenus, le tout conduisant à une crise écologique. La solution préconisée est celle de la lutte des classes, tant aux USA qu'en Chine!

Personnellement, au lieu de voir le verre à moitié vide, je trouve qu'il est intéressant de pointer sur le verre à moitié plein. D'abord, la crise des profits aux USA fut résolue par le développement de la Chine et l'enrichissement des Chinois. Et, maintenant, la crise chinoise de sa transition d'une économie basée sur l'immobilier et les infrastructures est en passe d'être résolue en aidant au développement les pays du Sud afin qu'ils deviennent des marchés solvables pour les exportations chinoises. Reste à espérer que la guerre économique ne deviendra jamais militaire, et qu'elle se transforme en compétition où les entreprises les plus innovantes et les plus productives continueront de s'améliorer et de croître pour le bien de tous. Le capitalisme a fait grandir la taille du gâteau depuis 200 ans. Il n'y a pas de raison que cela s'arrête, surtout avec toutes les nouvelles avancées technologiques récentes dans l'IA et l'électronique.  

Errata: 1. page 69 "Dans un Etat dirigeant l'économie est dirigée par un parti unique, les contradictions" peut être corrigé par "Dans un Etat dirigeant l'économie et dirigé par un parti unique, les contradictions".

2. Page 141 "fournissant des bien peu complexes": il manque le 's' à biens.

Tuesday, November 12, 2024

The clash of civilizations and the remaking of Worlkd Order, by Samuel P. Huntington

This book was first published in 1996 and became really famous after the 9/11/2001 terror attacks, because a large portion of the book is dedicated to the clash between the West and Islam. However, in 2024, this book remains relevant, because it also addresses the conflict in Ukraine, the conflict in Israel and the rise of China. And even if not all predictions have turned true (Japan and Taiwan haven't turned to China), the civilizational logic has indeed shaped a lot of events along the lines that Huntington foresaw.

Since this is such an important book rich in ideas, let's start by summarizing some of the most important ideas.

First, Huntington acknowledges that the fall of the Iron curtain in the early 1990s has changed the world. With the fall of the communist bloc based on ideology, the world is back to groups of civilizations that are based on religion/ethnicity:. The major civilization is the Western one and then there are the others, the non-Western civilizations: Latin American, African, Islamic, Sinic, Hindu, Orthodox, Buddhist, Japanese.

In page 37, Huntington states that Mearsheimer's statist paradigm highlights the risks of a conflict between Russia and Ukraine, he thinks that his civilizational approach can encourage cooperation between these 2 countries. These statements are interesting, because they show that Huntington's aim is to avoid the clash, not to seek it. The purpose of identifying the fault lines between civilizations is to be more careful about them, because they hold the most potential for violence. That's why he says that Ukraine is at risk: this country is orthodox in the East and Uniate Greek catholic in the West. So, while Mearsheimer's predictions have been realized concerning Ukraine, it's interesting to notice that Huntington's book is pointing to the coming resolution of the conflict: a split of the country along to the civilizational line. 

In Chapter 3, Huntington distinguishes between Westernization and Modernization. Western leaders have had a universal approach to values. They believed that the end of communism meant that Western values would take over the world through commerce and Hollywood movies. However, "people define their identity by what they are not" and non-Western people still continue to see themselves differently. They want to enjoy modern technology and prosperity, but don't want to give up their identity. 

On page 67, this interesting quote of Dale Copeland: "Economic interdependence fosters peace only 'when states expect that high trade levels will continue into the foreseeable future'. Here's how decoupling from China could lead to conflict...

In chapter 4, Huntington examines the shifting balance of civilizations. He notices that "Western nations:

- Own and operate the international banking system,

- Control all hard currencies,

- Are the world's principal customer,

- Provide the majority of the world's finished goods,

- Dominate capital markets,

- Exert considerable moral leadership

- Are capable of military interventions

- Control the sea lanes.

- Conduct the most advanced technical R&D

- Control leading edge technical education

- Dominate access to space

- Dominate the aerospace industry

- Dominate international communications

- Dominate high-end weapons industry"

In 1996, these fields were uncontested. 28 years later, the Western leadership is still strong, but there's decline and competition in several fields. Huntington saw the premises of decline in the following: slower economic growth, stagnating population, unemployment, huge public deficits, declining work ethic, low saving rates, drug use and crime. 

For Huntington, the decline of the West is a slow process. The open democratic institutions of the West have a great capacity for renewal. Also, the West has 2 centers (the US and Europe) and the decline of Europe has been compensated by the rise of the US.

Page 88, Huntington observes that "it appears probable that for the most of history China had the world's largest economy. The diffusion of technology and the economic development of non-Western societies in the second half of the 20th century are now producing a return to historical patterns. This will be a slow process, but by the middle of the 21st century, if not before, the distribution of economic product and manufacturing output among the leading civilizations is likely to resemble that of 1800. The 200 years old 'blip' on the world economy will be over."

Page 92: "As Western power declines, the ability of the West to impose Western concepts of human rights, liberalism and democracy on other civilizations also declines and so does the attractiveness of those values to others." The second part of this statement is probably even more important: people imitate successful models and the more the Western model appears flawed, the less it is imitated. Page 93, "The revolt against the West was originally legitimated by asserting the universality of Western values. It is now legitimated by asserting the superiority of non-Western values."

The trend is the unsecularization of the world. The non-West wants to be modern, but not Western. The question 'which side are you on?' has been replaced by the much more fundamental 'Who are you?' Culture identity matters again. In chapter 6, Huntington studies how Russia, Turkey, Mexico and Australia have been 'torn' countries, torn between the West (or Asia for Australia) and their own identity. For all these torn countries, culture has prevailed.  

In chapter 7, we learn that in 1992, 80% of foreign direct investment in China came from overseas Chinese (68% Hong Kong, 9% Taiwan, Singapore/Macao/others the rest). Japan provided 6.6% and the US 4.6% of total. This means that it's not so much the big US companies that delocalized their factories, but the Asian suppliers of US companies. In this chapter, Huntington sees closer ties between the Mainland and Taiwan. This prediction hasn't come true, mostly because Taiwan institutions have become more westernized.

As for Islam, Huntington underlines the fact that loyalty is either on the religious level or down to the tribe, but that nations are less cohesive than in the West. "The absence of an Islamic core state is a major contribution to the pervasive internal and external conflicts which characterize Islam. Consciousness without cohesion is a source of weakness to Islam and a source of threat to other civilizations." Turkey could become the core state of Islam again, but it would take a leader of Ataturk's caliber and legitimacy (...) to remake Turkey from a torn country into a core state.

In Chapter 8, Huntington predicts more conflicts between civilizations and thinks that some antagonisms will be more violent than others: Islam and Orthodox, Islam and African, Islam and Hindu, Islam and Western Christian. The dangerous clashes will "come from Western arrogance, Islamic intolerance and Sinic assertiveness". Western arrogance shows up in the double standards: democracy is good, but not if islamists come to power, human rights are brought up in China, but not in Saudi Arabia... On page 186, Huntington says that it's important that the West "protect the cultural, social, and ethnic integrity of Western societies by restricting the number of non-Western admitted as immigrants or refugees."

In Chapter 9, Huntington talks about Russia again. He envisions an agreement between NATO and Russia whereby NATO would expand to include the Western Christian countries of the former Eastern bloc, while Russia would be responsible for the security of the Orthodox countries or territories where Orthodox predominate. A pact of non-aggression would seal the deal. Then, the fact that both Russia and Europe are aging societies with low birth rates should have prevented a conflict. From this recommendation, we can see that the West tried to control land beyond its civilizational fault line and we can assume that Huntington hasn't be heard.

In Chapter 10, page 255 Huntington repeats what he wrote in Chapter 8 "At the global level of world politics the primary clash of civilizations is between the West and the rest, at the micro or local level it is between Islam and the others."

In Chapter 12, page 311, Huntington advises the West "not to attempt to stop the shift in power but to learn to navigate the shallows, endure the miseries, moderate its ventures, and safeguard its culture. (...) The principal responsibility of Western leaders, consequently, is not to attempt to reshape other civilizations in the image of the West, which is beyond their declining power, but to preserve, protect, and renew the unique qualities of Western civilization." This is mostly the responsibility of the USA.

Here are 2 recommendations he makes:

"- to restrain the development of the conventional and unconventional military power of Islamic and Sinic countries.

- to accept Russia as the core state of Orthodoxy and a major regional power with legitimate interests in the security of its southern borders."

The other recommendations are to achieve a better integration of Europe and the USA, to maintain the West's technological advance, to encourage a Westernization of Latin America, to slow the drift of Japan away from the West and NOT intervene in the affairs of other civilizations. Instead, negotiate peace through the pressure of core states.

These are the excerpts that have most retained my attention, but the whole book makes a very detailed case for Huntington's views. They are much more peaceful than the reputation or the title of the book suppose. As for Ukraine, I would argue that from Huntington's point of view, NATO has overreached. This will probably be dealt with by the Trump presidency, since he has assured voters that he can settle this war within 24 hours.

As for China and the future, this book contains some warnings. Militarily, the expansion of NATO to the Pacific and the South China sea should be seen as a similar overreach as what the US tried in Ukraine. That's where Huntington's arrogance of the West could meet the Sinic assertiveness!

In what most specialists call the 'chips war' between the West and China, the act of denying the best chips to the Chinese economy goes further than restraining the development of military power. This is an attempt to maintain the technological lead, not by running faster, but by slowing Chinese development. It has nothing to do with military, but with technological dominance. And this is a very threatening move against China. It happens within the talk of reshoring and decoupling. As noted from page 67, a dwindling trade with the West is a threat to the development of China (where poverty, especially in rural areas, is still higher than in the West) and risks war. So, it shouldn't be a surprise if China massively subsidizes this high tech sector and tries to catch up to the West at all costs. Next step is to complain that China distorts the market and to impose high tariffs (like on EV and solar panels). What the US doesn't consider is that the West's strength isn't industrial state policy, but innovation fueled by competition and the hope of profits. There's much that can go wrong. It starts with the fact that the trade barriers will protect Western firms to the point that they'll enjoy the profits in the Western world, but won't innovate sufficiently to keep their advance.

It's impressive how relevant this book continues to be 28 years after it was published!


Le clash des civilisations de Samuel Huntington

 


Ce livre a été publié pour la première fois en 1996 et est devenu célèbre après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, parce qu'une grande partie du livre est consacrée à l'affrontement entre l'Occident et l'Islam. En 2024, ce livre reste d'actualité, car il aborde également le conflit en Ukraine, le conflit en Israël et la montée en puissance de la Chine. Et même si toutes les prédictions ne se sont pas réalisées (le Japon et Taïwan ne se sont pas tournés vers la Chine), la logique civilisationnelle a en effet façonné de nombreux événements dans le sens prévu par Huntington depuis la sortie de son livre.

Comme il s'agit d'un ouvrage important et riche en idées, commençons par résumer quelques-unes des idées les plus importantes.

Tout d'abord, Huntington reconnaît que la chute du rideau de fer au début des années 1990 a changé le monde. Avec la chute du bloc communiste basé sur l'idéologie, le monde est revenu à des groupes de civilisations basés sur la religion/l'ethnicité. La principale civilisation est la civilisation occidentale, puis il y a toutes les autres. Les civilisations non occidentales : latino-américaine, africaine, islamique, sinique, hindoue, orthodoxe, bouddhiste, japonaise.

A la page 37, Huntington affirme que le paradigme étatiste de Mearsheimer met en évidence les risques d'un conflit entre la Russie et l'Ukraine, il pense que son approche civilisationnelle peut encourager la coopération entre ces 2 pays. Ces déclarations sont intéressantes, car elles montrent que l'objectif de Huntington est d'éviter le conflit, et non de le rechercher. L'identification des lignes de fracture entre les civilisations a pour but d'être plus prudent à leur égard, car ce sont elles qui recèlent le plus de potentiel de violence. C'est pourquoi il dit que l'Ukraine est à risque : ce pays est orthodoxe à l'Est et gréco-catholique uniate à l'Ouest. Ainsi, alors que les prédictions de Mearsheimer se sont réalisées en ce qui concerne l'Ukraine, il est intéressant de noter que le livre de Huntington indique la résolution à venir du conflit : une scission du pays le long de la ligne civilisationnelle et religieuse. 

Au chapitre 3, Huntington établit une distinction entre l'occidentalisation et la modernisation. Les dirigeants occidentaux ont eu une approche universelle des valeurs. Ils pensaient que la fin du communisme signifiait que les valeurs occidentales allaient envahir le monde par le biais du commerce et des films d'Hollywood. Cependant, « les gens définissent leur identité par ce qu'ils ne sont pas » et les peuples non occidentaux continuent de se percevoir différemment. Ils veulent profiter de la technologie moderne et de la prospérité, mais ne veulent pas renoncer à leur identité. 

À la page 67, on trouve cette citation intéressante de Dale Copeland : L'interdépendance économique ne favorise la paix que « lorsque les États s'attendent à ce que des niveaux d'échanges élevés se maintiennent dans un avenir prévisible ». (Voici comment le découplage avec la Chine pourrait conduire à un conflit...)

Au chapitre 4, Huntington examine l'évolution de l'équilibre des civilisations. Il remarque que « les nations occidentales [...]

- possèdent et gèrent le système bancaire international,

- contrôlent toutes les devises fortes

- sont les principaux clients du monde

- fournissent la majorité des produits finis du monde,

- dominent les marchés de capitaux

- exercent un leadership moral considérable

- sont capables d'interventions militaires

- contrôlent les voies maritimes

- mènent la R&D technique la plus avancée

- Contrôler l'enseignement technique de pointe

- dominent l'accès à l'espace

- dominent l'industrie aérospatiale

- dominer les communications internationales

- dominer l'industrie de l'armement haut de gamme ».

En 1996, ces domaines étaient incontestés. 28 ans plus tard, le leadership occidental est toujours fort, mais on assiste à un déclin et à une concurrence dans de nombreux domaines. Pour Huntington, les prémisses du déclin sont les suivantes : ralentissement de la croissance économique, stagnation de la population, chômage, énormes déficits publics, déclin de l'éthique du travail, faible taux d'épargne, consommation de drogue et criminalité. 

Pour Huntington, le déclin de l'Occident est un processus lent. Les institutions démocratiques ouvertes de l'Occident ont une grande capacité de renouvellement. En outre, l'Occident a deux centres (les États-Unis et l'Europe) et le déclin de l'Europe a été compensé par la montée en puissance des États-Unis.

Page 88, Huntington observe qu'"il semble probable que, pendant la plus grande partie de l'histoire, la Chine ait eu la plus grande économie du monde. La diffusion de la technologie et le développement économique des sociétés non occidentales au cours de la seconde moitié du 20e siècle entraînent aujourd'hui un retour aux modèles historiques. Ce processus sera lent, mais d'ici le milieu du XXIe siècle, voire avant, la répartition du produit économique et de la production manufacturière entre les principales civilisations devrait ressembler à celle de 1800. Le « trou » de 200 ans dans l'économie mondiale sera terminé ».

Page 92 : « Avec le déclin de la puissance occidentale, la capacité de l'Occident à imposer les concepts occidentaux de droits de l'homme, de libéralisme et de démocratie aux autres civilisations diminue également, de même que l'attrait de ces valeurs pour les autres ». La deuxième partie de cette affirmation est probablement encore plus importante : les gens imitent les modèles de réussite et plus le modèle occidental semble défectueux, moins il est imité.  Page 93, « La révolte contre l'Occident a été légitimée à l'origine par l'affirmation de l'universalité des valeurs occidentales. Elle est aujourd'hui légitimée par l'affirmation de la supériorité des valeurs non occidentales ».

La tendance est à la désécularisation du monde. Le non-Occident veut être moderne, mais pas occidental. La question « de quel côté êtes-vous ? » a été remplacée par la question beaucoup plus fondamentale « qui êtes-vous ? ». L'identité culturelle compte à nouveau. Dans le chapitre 6, Huntington étudie comment la Russie, la Turquie, le Mexique et l'Australie ont été des pays « déchirés », tiraillés entre l'Occident (ou l'Asie pour l'Australie) et leur propre identité. Pour tous ces pays déchirés, la culture a prévalu.  

Au chapitre 7, nous apprenons qu'en 1992, 80 % des investissements étrangers directs en Chine provenaient de Chinois d'outre-mer (68 % de Hong Kong, 9 % de Taïwan, Singapour/Macao/autres le reste). Le Japon a fourni 6,6 % et les États-Unis 4,6 % du total. Cela signifie que ce ne sont pas tant les grandes entreprises américaines qui ont délocalisé leurs usines que les fournisseurs asiatiques des entreprises américaines. Dans ce chapitre, Huntington prévoit des liens plus étroits entre la Chine continentale et Taïwan. Cette prédiction ne s'est pas réalisée, principalement parce que les institutions taïwanaises sont devenues plus occidentales.

En ce qui concerne l'Islam, Huntington souligne le fait que la loyauté se situe soit au niveau religieux, soit au niveau de la tribu, mais que les nations sont moins cohésives qu'en Occident. « L'absence d'un État islamique central contribue largement à l'omniprésence des conflits internes et externes qui caractérisent l'islam. Une conscience sans cohésion est une source de faiblesse pour l'Islam et une source de menace pour les autres civilisations ». La Turquie pourrait redevenir le noyau dur de l'Islam, mais il faudrait un dirigeant du calibre et de la légitimité d'Atatürk (...) pour transformer la Turquie d'un pays déchiré en un noyau dur.

Au chapitre 8, Huntington prédit davantage de conflits entre les civilisations et pense que certains antagonismes seront plus violents que d'autres : Islam et orthodoxe, Islam et africain, Islam et hindou, Islam et chrétien occidental. Les affrontements dangereux « proviendront de l'arrogance occidentale, de l'intolérance islamique et de l'affirmation chinoise ». L'arrogance occidentale se manifeste par une politique de deux poids deux mesures : la démocratie est une bonne chose, mais pas si des islamistes prennent le pouvoir, les droits de l'homme sont évoqués en Chine, mais pas en Arabie Saoudite... À la page 186, Huntington affirme qu'il est important que l'Occident « protège l'intégrité culturelle, sociale et ethnique des sociétés occidentales en limitant le nombre de non-Occidentaux admis en tant qu'immigrants ou réfugiés ».

Au chapitre 9, Huntington reparle de la Russie. Il envisage un accord entre l'OTAN et la Russie selon lequel l'OTAN s'étendrait aux pays chrétiens occidentaux de l'ancien bloc de l'Est, tandis que la Russie serait responsable de la sécurité des pays orthodoxes ou des territoires où les orthodoxes prédominent. Un pacte de non-agression scellerait l'accord. Par ailleurs, le fait que la Russie et l'Europe soient des sociétés vieillissantes à faible taux de natalité aurait dû empêcher un conflit. Cette recommandation montre que l'Occident a tenté de contrôler des territoires situés au-delà de sa ligne de fracture civilisationnelle et nous pouvons supposer que Huntington n'a pas été entendu.

Au chapitre 10, page 255, Huntington répète ce qu'il a écrit au chapitre 8 : « Au niveau global de la politique mondiale, le principal choc des civilisations se situe entre l'Occident et les autres, tandis qu'au niveau micro ou local, il se situe entre l'Islam et les autres ».

Au chapitre 12, page 311, Huntington conseille à l'Occident « de ne pas tenter d'arrêter le changement de pouvoir, mais d'apprendre à naviguer dans les bas-fonds, à supporter les misères, à modérer ses entreprises et à sauvegarder sa culture. (...) La principale responsabilité des dirigeants occidentaux n'est donc pas d'essayer de remodeler les autres civilisations à l'image de l'Occident, ce qui est au-delà de leur pouvoir déclinant, mais de préserver, de protéger et de renouveler les qualités uniques de la civilisation occidentale ». Cette responsabilité incombe principalement aux États-Unis.

Voici deux recommandations qu'il formule :

« limiter le développement de la puissance militaire conventionnelle et non conventionnelle des pays islamiques et siniques.

- accepter la Russie en tant qu'État central de l'orthodoxie et puissance régionale majeure ayant des intérêts légitimes dans la sécurité de ses frontières méridionales ».

Les autres recommandations sont de parvenir à une meilleure intégration de l'Europe et des États-Unis, de maintenir l'avance technologique de l'Occident, d'encourager l'occidentalisation de l'Amérique latine, de ralentir la dérive du Japon qui s'éloigne de l'Occident et de NE PAS intervenir dans les affaires des autres civilisations. Au lieu de cela, il faut négocier la paix en exerçant une pression sur les États clés.

Ce sont les extraits qui ont le plus retenu mon attention, mais l'ensemble du livre défend de manière très détaillée les points de vue de Huntington. Elles sont beaucoup plus pacifiques que ne le supposent la réputation ou le titre du livre. En ce qui concerne l'Ukraine, je dirais que, du point de vue de Huntington, l'OTAN est allée trop loin. Cette question sera probablement réglée par la présidence Trump, puisqu'il a assuré qu'il pouvait régler cette guerre en 24 heures.

En ce qui concerne la Chine et l'avenir, ce livre contient quelques avertissements. Sur le plan militaire, l'expansion de l'OTAN vers le Pacifique et la mer de Chine méridionale devrait être considérée comme un provocation similaire à ce que les États-Unis ont tenté en Ukraine. C'est là que l'arrogance de l'Occident selon Huntington pourrait rencontrer la volonté de s'affirmer de la Chine !

Dans ce que la plupart des spécialistes appellent la « guerre des puces » entre l'Occident et la Chine, le fait de refuser les meilleures puces à l'économie chinoise va plus loin que la limitation du développement de la puissance militaire. Il s'agit d'une tentative de maintenir l'avance technologique, non pas en allant plus vite, mais en ralentissant le développement chinois. Cela n'a rien à voir avec la puissance militaire, mais avec la domination technologique. Il s'agit là d'une démarche très menaçante à l'égard de la Chine. Elle s'inscrit dans le cadre du discours sur la relocalisation et le découplage. Comme indiqué à la page 67, la diminution des échanges avec l'Occident constitue une menace pour le développement de la Chine (où la pauvreté, en particulier dans les zones rurales, est toujours plus élevée qu'en Occident) et comporte donc un risque de guerre. Il ne faut donc pas s'étonner si la Chine subventionne massivement ce secteur de haute technologie et tente de rattraper l'Occident à tout prix. L'étape suivante consiste à se plaindre que la Chine fausse le marché et à imposer des droits de douane élevés (comme sur les véhicules électriques et les panneaux solaires). Ce que les États-Unis ne prennent pas en compte, c'est que la force de l'Occident ne réside pas dans la politique industrielle de l'État, mais dans l'innovation alimentée par la concurrence et l'espoir de profits. Il y a beaucoup de choses qui peuvent mal tourner. Cela commence par le fait que les barrières commerciales protégeront les entreprises occidentales au point qu'elles profiteront des bénéfices dans le monde occidental, mais n'innoveront pas suffisamment pour conserver leur avance par rapport aux firmes chinoises..

En conclusion, près de 30 ans après sa publication, ce livre reste d'actualité et mérite d'être lu et diffusé.

Saturday, October 12, 2024

Le cas Mélenchon/LFI/NFP

Remarquons que ni LFI, ni la coalition du NFP ne dirige et n'a dirigé la France depuis 40 ans, bien que de nombreux candidats du NFP ont été élus à l'Assemblée Nationale en juillet dernier. Mélenchon a terminé troisième lors de la dernière élection présidentielle, et ses chances de gagner en 2027 sont faibles. Ce constat doit permettre de rappeler que la situation de la France (son déficit, ses dettes, son insécurité, son immigration, son niveau scolaire, son système de santé, de retraite, son armée...) n'est aucunement la conséquence des lois passées par La France Insoumise ou de leurs actes, car LFI n'a jamais eu la majorité et n'a jamais été un partenaire gouvernemental.

Toutes les mauvaises lois, tous les systèmes injustes, toutes les mauvaises décisions dont souffre la France en 2024 furent prises par des gouvernements socialistes, du centre ou de la droite historique, et ces mêmes gouvernements ne les ont pas abrogés quand ils étaient au pouvoir et en avaient la possibilité. (Remarque: de 1981 à 1984, les communistes ont participé comme partenaire junior à une coalition avec un PS dominant).

Je ne fais pas ce constat par sympathie pour le LFI. Je suis convaincu que leur programme est bien pire et conduirait à la catastrophe. Cependant, l'honnêteté intellectuelle m'impose de remarquer qu'il n'a pas été et n'est pas au pouvoir. D'ailleurs, on peut faire ce même constat avec le Rassemblement National: il s'approche plus du pouvoir et a gagné le Européennes au niveau national (mais est resté minoritaire à Bruxelles). On peut même faire crédit au RN d'avoir très tôt remarqué la collusion entre la droite et la gauche (l'UMPS). Cette fusion centre-gauche et centre-droit est devenu officielle avec Macron en 2017 et s'est élargie un peu plus vers les LR avec la nomination de Barnier le mois dernier.

Pour un parti qui n'a jamais été au pouvoir et a peu de risque d'y parvenir prochainement, le LFI et Mélenchon savent se faire entendre et occuper les médias et les esprits. Leurs discours sont souvent excessifs et scandalisent. En grec, le skándalon, est un "piège placé sur le chemin, obstacle pour faire tomber". Plus c'est gros, plus les politiques, les journalistes et les commentateurs sur X et ailleurs tombent dans le piège. Ils ne peuvent s'empêcher de relayer les idées de LFI (un impôt sur les grandes fortunes, par exemple) pour la critiquer, s'en offusquer, la démonter. Cette polémique va occuper les médias et la classe politique pendant une partie la journée jusqu'au déclenchement d'une nouvelle politique (sur Israël, par exemple, pour rallier la population musulmane et scandaliser les juifs).

L'outrance appelle l'outrance. Le processus mimétique se met en marche. La colère répond au scandale et vice versa. La tension monte d'un cran.et suscite dans certaines foules des comportements de plus en plus violents (lors des manifs des gilets jaunes ou pour Naël, par exemple). Tout cela fait le jeu du Malin, du Mal, du Mél(enchon)!

Il y a, pour moi, une dimension satanique dans l'utilisation du scandale pour manipuler le débat et dans le programme du LFI dont voici les principaux points:

1- Plus d'impôts et plus de progressivité,

2- Des redistributions massives vers les pauvres, les inactifs, les immigrés

3- Une immigration massive des pays les plus pauvres d'Afrique et d'Asie,

4- Des peines de prison plus courtes,

5- Moins de moyens pour la police,

6- Des déficits budgétaires de plus de 3% du PIB,

7- Le refus de rembourser la dette,

8- La fermeture des centrales nucléaires (implicite chez LFI, mais explicite chez les Verts) pour les remplacer par du solaire et de l'éolien,

9- La fin du libre-échange (avec des taxes sur les importations)

10- La fin de la sélection à l'université,

11- Reconnaitre l'Etat de la Palestine

...

Un tel programme dévoile littéralement toutes les erreurs à ne pas faire. C'est une boussole qui montre le sud! Malheureusement, nos politiques et commentateurs du "camp de la raison" sont tellement occupés, 'possédés' par le combat contre les mauvaises idées de LFI qu'ils en oublient ou n'ont plus de temps pour faire des propositions et, surtout, pour les mettre en œuvre. Au lieu de cela, ils laissent en place ce qui ressemble au programme du LFI, point par point ou appliquent une partie de ses idées:

1. La France a le record de prélèvements obligatoires. Les bas salaires sont exonérés de l'Impôt sur le Revenu.

2. Les dépenses sociales représentaient 57,5% des dépenses publiques. La retraite par répartition transfère les cotisations des actifs aux retraités.

3. 320,000 titres de séjours en 2022 (+ 170% en 25 ans) et 133,000 demandes d'asile en 2022.

4. Faute de places en prison, les criminels n'effectuent que des peines courtes et bénéficient de nombreux allègements.

5. L'Etat ne consacre que 2,5% de ses dépenses à la sécurité intérieure,

6. Pour 2024, le déficit risque d'atteindre 6% du PIB,

7. La dette publique est de 112,5% du PIB et la France est entrée dans une trappe à dettes. La forte remontée des taux sur cette dette appauvrit déjà les détenteurs d'obligations du Trésor.

8. Le gouvernement d'Edouard Philippe a fermé Fessenheim et les gouvernements successifs subventionnent les éoliennes et les panneaux solaires.

9. La France vient de voter pour taxer les Véhicules électriques chinois au niveau européen.

10. Le taux de réussite au bac atteint des records, car ce diplôme ne vaut plus rien. De nombreux étudiants n'ont pas le niveau et échouent en première année de fac.

11. Macron vient de décider de suspendre les ventes d'armes à Israël.

Ce serait comique si cela ne conduisait pas la France dans le mur. Mélenchon et le LFI sont loin du pouvoir, mais c'est leur programme que le centre (de gauche et de droite) applique tout en reniant Mélenchon trois fois par jour! Ce camp de la raison semble fou, possédé. Il peste contre la politique dictatoriale du Mél, mais augmente chaque année le nombre de lois, de règlements, de fonctionnaires, les dépenses publiques. Le secteur privé, libre, l'est de moins en moins.

Pourtant, un vrai programme de liberté et de prospérité est facile à distinguer de l'autre côté du miroir: Il suffit de prendre le contre-pied du programme de LFI:

1. Moins d'impôts, moins de progressivité: gardons la TVA, instaurons une flat tax et éliminons le reste.

2. Privatisons les services publics non régaliens et basculons vers la retraite par capitalisation.

3. Fin du droit du sol, fin du regroupement familial, expulsion des criminels et des frères musulmans, contrôle renforcé aux frontières où passent les migrants...

4.  Construire de nouvelles prisons et étendre les prisons existantes.

5. Augmenter les ressources du régalien et simplifier les démarches administratives.

6. Couper dans les dépenses à la tronçonneuse. Privatiser l'éducation nationale et les hôpitaux.

7. Affecter le produit des privatisations des HLM, d'EdF, de l'éducation nationale et des hôpitaux au remboursement de la dette.

8. Arrêter les subventions aux énergies renouvelables. Augmenter la production électrique des centrales actuelles en s'inspirant des pratiques internationales.

9. Le libre-échange a sorti des centaines de millions (des milliards!) de gens de la pauvreté à travers le monde. Il ne faut pas s'arrêter en bon chemin. Le système socialiste français est la cause première de notre désindustrialisation. En y mettant fin, la France redeviendra compétitive sur les filières à haute valeur ajoutée.

10. Remettre de la sélection, de la rigueur et de la liberté dans toutes les écoles.

11. Soutenir vigoureusement Israël. L'armée israélienne fait le sale boulot contre le Hamas, le Hezbollah et les révolutionnaires iraniens. La moindre des choses est de lui fournir des armes, notre appui militaire et diplomatique dans la région. 

Il faut rendre le pouvoir au peuple et lui donner la liberté de faire ses propres choix pour sa santé, l'éducation de ses enfants, sa retraite, son énergie, son logement... Quand le Mél parle, il faut lui répondre par des actes de liberté supplémentaire ou bien passer son chemin. Le chien aboie, la caravane passe. Actuellement, nous sommes trop nombreux à lui répondre, car la caravane France est à l'arrêt. La réforme, le progrès, une amélioration concrète de la situation, c'est ainsi qu'on combat LFI. Ce n'est pas LFI qu'il faut convaincre de la justesse de nos idées, mais les politiques qui ont le pouvoir, mais ne l'utilisent pas pour appliquer ce programme libéral. Et si ces politiques n'agissent pas ou mal, il faut voter pour d'autres.

La parole de LFI est issue du néant. Qu'elle s'exprime librement et retourne là d'où elle est venue. L'important est que chacun agisse dans le sens de la liberté et de l'ordre. Nous le ferons sans haine, sans triomphalisme, car en nous indiquant ce qu'il ne faut pas faire, LFI nous aura, à sa manière, montré la voie!