L'avenir est à la paix car le moteur de l'économie est dorénavant la connaissance. Celle-ci se partage plus facilement que les produits agricoles, la terre ou les produits manufacturés. Dans le passé, les enjeux entre puissances étaient des jeux à somme nulle, voire négative quand la guerre détruisait une partie de chaque armée. En effet, longtemps les royaumes ont voulu s'étendre pour contrôler plus de terres et donc plus de production agricole afin de nourrir leur population et la faire croître. Les terrains n'ont qu'un seul propriétaire. Si c'est à vous, vous gagnez. Si c'est à l'autre, vous perdez. Pareil pour l'or, le pétrole, les usines, l'immobilier en ville... Ce sont des choses physiques et rares. Les posséder vous rend riche et ne pas les avoir fait de vous un pauvre. Le grand changement de paradigme de l'économie de la connaissance, c'est que cette dernière se partage à l'infini sans appauvrir son propriétaire de départ, si celui-ci a pu en profiter pendant un certain temps.
Les films et les livres sont des exemples de produits de l'économie de la connaissance. Ils appartiennent à leur créateur du temps de leur vie, et tombent dans le domaine public quelques années après leur mort. Les programmes informatiques et les jeux numériques sont également des produits de la connaissance qu'on peut reproduire de manière infinie presque gratuitement.
Mais ce dont on ne se rend pas compte, c'est que de plus en plus de produits physiques contiennent une grande part de recherche et développement (R&D). Les téléphones portables ne valent pas grand-chose en termes de matériaux physiques: plastique, silicone (sable), le lithium des batteries, de l'aluminium pour la coque et quelques grammes de métaux précieux pour les circuits. La valeur provient de tout l'ingénierie qu'il a fallu pour miniaturiser, optimiser la fabrication, et concevoir un système d'exploitation ouvert à une infinie variété d'applications. L'objet central, le microprocesseur, demande des investissements de plus en plus faramineux pour pouvoir être fabriqué de plus en plus petit, ce qui le rend plus économe en énergie et plus rapide. Ainsi, pour son process de 2nm, TSMC va devoir dépenser 725 millions rien qu'en design et développement!
Mais on trouve une grande part de R&D dans l'aéronautique, les médicaments, les voitures, les drones..., même dans les nouvelles variétés de riz ou de blé!
Et la nouveauté pour ces produits est que la coopération et la mondialisation permettent d'obtenir des économies d'échelle d'autant plus fortes que plus de monde achète ces produits. Puisque les coûts de R&D sont des coûts fixes, plus le nombre de clients est élevé, plus ces coûts seront rapidement amortis. Ainsi, quand la Chine a joint l'OMC en 2000, elle n'a pas seulement fait baisser les prix de nombreux produits en les manufacturant sur place avec de la main d'œuvre bon marché, elle a également permis de rentabiliser la R&D occidentale plus rapidement en achetant des produits high tech conçus à Silicon Valley, en Allemagne ou en France. La baisse mondiale de la pauvreté augmente encore plus le nombre de clients potentiels et permet encore plus d'économies d'échelle. Nous sommes dans un cycle vertueux..
Jensen Huang a très bien compris l'enjeu dans la compétition pour les systèmes informatiques qui permettent l'IA. Si NVIDIA ne peut vendre ses produits en Chine, cette perte de chiffre d'affaires est aussi une perte de ressources pour financer la R&D de sa firme. Cette interdiction va favoriser son concurrent Huawei et lui donner une source de financement pour rattraper son retard.
Dans l'économie de la connaissance, les effets de réseau permettent de partager les coûts de R&D par un grand nombre d'utilisateurs. C'est pourquoi, il est souvent pertinent d'attirer les clients par des prix bas au départ afin d'en attirer le plus possible. Une fois que le client est membre d'un réseau (Windows pour les PC, ou Android pour les portables, ou CUDA pour l'IA de NVIDIA, ou Amazon pour la vente en ligne, ou PayPal pour les paiements internationaux...) il est très difficile de le faire changer. Cette stratégie gagnante de prix bas permet elle aussi de mieux partager les bénéfices de l'innovation entre le producteur et les consommateurs.
L'économie de la connaissance associé à la mondialisation, donc aux économies d'échelle, permettent aux industries technologiques d'innover à une rapidité fulgurante. Les progrès des IA depuis la sortie de la première version de Chat GPT en sont l'exemple le plus flagrant. Soyons confiants que cette nouvelle économie est fondée sur des bases pacifiques et encourageons la coopération et la concurrence, mais décourageons l'autarcie, le repli ou la guerre économique.
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