Les gilets jaunes sont un peu comme Trump, il faut les prendre au sérieux, mais il ne faut pas les prendre au pied de la lettre. Ils sont les symptomes d'un pays en crise économique, politique et morale et leur cri de détresse se doit d'être entendu. Cependant, si le malade est celui qui ressent le mieux qu'il va mal, il n'est pas le mieux placé à comprendre les causes de sa maladie et à savoir comment guérir le mal qui l'afflige.
C'est pourquoi, habitant à Taiwan, je ne veux pas critiquer mes compatriotes, bercés par 40 ans de social-clientéisme, s'ils ne trouvent pas la voie du libéralisme du premier coup. Au contraire, je trouve qu'il y a des lueurs d'espoir dans le débat:
1. Baisser la TVA à zéro pour les produits de première nécessité est une mesure clairement libérale, puisqu'elle baisse les taxes. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que ce soit la première revendication, alors que la TVA est censée être indolore!
2. Souhaiter l'augmentation du budget des hôpitaux, c'est remarquer que le système de santé actuel fonctionne mal. Quelqu'un de bien informé pourrait faire remarquer que les cliniques privées sont bien gérées, alors que les hôpitaux publics sont très déficitaires. Mais cette demande généreuse montre aussi que le monde médical jouit d'une bonne réputation auprès des Français. C'est pourquoi, je pense que tout le monde peut s'accorder à ce que les fonctionnaires et les hommes politiques ne gagnent pas de retraite supérieure à celle des médecins.
3. Le retour de l'ISF n'est clairement pas une mesure libérale, mais je pense qu'il faut la voir sous le signe de la justice sociale. En effet, une vraie politique libérale ne doit pas s'arrêter à ceux qui paient l'ISF, mais elle doit concerner tous les Français. Supprimer l'ISF sans instaurer le salaire intégral, sans supprimer la redevance audiovisuelles et baisser les dépenses, c'est mener une politique injuste qui ne profite qu'aux plus riches. En effet, le libéralisme ne se limite pas à aider les millionnaires à investir, il améliore aussi le pouvoir d'achat des classes moyennes et populaires. Macron a voulu faire du libéralisme pour les riches et continuer le socialisme pour les autres. En demandant le retour à l'ISF, les Français demandent que tous soient traités de manière égale.
On peut aussi voir cela comme un levier du peuple sur les riches. Le peuple lui dit que la réforme libérale doit concerner tout le monde ou personne!
4. La suppression des niches fiscale est l'un des fondements de la flat tax, l'une des mesures les plus libérales qui soit. C'est ce qui permettra de baisser le taux d'imposition et de le rendre le même pour tout le monde. C'est du libéralisme et de la justice sociale.
5. Les Français sont excédés par l'injustice. Mais si en 1793, ils guillotinaient, en 2019 ils se contentent de mettre les fraudeurs en prison. On n'atteint pas encore le point de la révolution, mais la pression monte. La crise est profonde et cela fait depuis 1981 au moins que les libéraux ont diagnostiqué la maladie.
6. En soutenant les TPE et PME, les Français montrent qu'ils savent que 90% des emplois sont créés par ces entreprises. Ce sont elles qui vont résoudre le problème du chômage, pas la fonction publique. Ce n'est pas forcément la bonne mesure, mais le constat de base est bien libéral.
7. La seule proposition qui concerne l'action de l'Etat vise la police, c'est à dire sa fonction régalienne la plus fondamentale. On peut y voir que pour les Français, la mission prioritaire de l'Etat, c'est d'assurer le maintien de l'ordre. C'est donc bien plus important que la culture ou les services sociaux. L'Etat devrait donc se concentrer sur ses missions régaliennes et laisser faire la société civile pour tout le reste.
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