Pour Gilles Finchelstein, si tant d'immigrés sont venus en France, ce n'est pas planifié ou voulu par les élites, mais c'est la faute à pas de chance ou bien c'est la rançon de notre succès. L'Europe attire car elle est attirante et si tant d'immigrés sont venus, c'est malgré la volonté des pouvoirs publics. Il ne l'a pas dit avec ces mots-ci, mais c'est environ ce qu'il sous-entend quand il récuse la notion de Grand Remplacement en mettant en cause son côté 'délibéré', planifié et voulu par les élites..
A première écoute, l'argument semble raisonnable. On pourrait rétorquer que la notion la plus importante du Grand Remplacement n'est pas tant que c'est un processus délibéré ou non, mais que c'est d'abord une réalité démographique et qu'elle est mal vécue par les Français (insécurité, sentiment de se sentir étranger dans son pays...). D'ailleurs, un nouveau sondage montre le gouffre qui sépare les conceptions des élèves musulmans des autres. Quand j'étais enfant dans les années 1970, un tel sondage n'aurait pas fait de sens, car il n'y avait pas assez d'enfants musulmans dans les écoles pour que les sondeurs s'intéressent à ce genre de problématique.
Mais plus M. Finchelstein attaquait le concept de 'délibérément', plus je me suis rappelé que la question de l'immigration de masse fut abordée dès les années 1980 avec un certain M. Le Pen. Or, on peut dire que les médias, les politiques et les intellectuels se sont ligués contre lui et ont diabolisé son parti. De plus, bien que Le Pen ait soulevé les problèmes liés à l'immigration extra-européenne, les pouvoirs successifs n'ont pas réagi. Or, selon l'expression populaire, 'qui ne dit mot consent'. Donc on peut dire qu'il y a bien eu un complot pour diaboliser ceux qui refusaient l'immigration, et l'on peut aussi dire que par leur incapacité à critiquer ou à s'opposer à ce phénomène, les élites ont laissé faire.
Mais il y a 2 bémols que je mettrais au Grand Remplacement comme plan des élites. Premièrement, le peuple a entériné cette politique lors des élections successives. En 2002, les effets du multiculturalisme étaient déjà évidents, mais les électeurs ont tout de même choisi Chirac. Certes, Sarkozy a trahi en rangeant le Karcher qu'il avait promis. Mais avec Holande et Macron, les électeurs ont ensuite choisi des présidents encore plus accommodants avec l'immigration. Si le combat de l'immigration avait été leur priorité, il y avait d'autres choix possibles.
Le second bémol est la démographie déclinante chez les Français. Cela suit une évolution semblable au reste de l'Europe et du monde moderne (même le Japon, la Corée et Taiwan font moins d'enfants qu'il ne serait nécessaire pour le renouvellement de la population.) Si les Français et les Occidentaux avaient une vraie envie de s'affirmer et de ne pas se faire remplacer, ils feraient plus d'enfants!
En conclusion, je rejette aussi la notion de théorie du complot pour 2 raisons. D'abord, car, en ce qui concerne JM Le Pen, ce n'était pas une théorie, mais une réalité. Mais je la rejette surtout, car elle rejette la responsabilité trop facilement sur des puissants qui nous manipuleraient. Je crois qu'il vaut mieux accepter d'avoir eu tort dans le passé et de prendre comme résolution de faire ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à une immigration de masse qui désintègre la société française. L'avenir n'est jamais écrit d'avance!