Friday, June 10, 2022

La revanche des pourfendeurs des déficits publics et de l'Euro


Dans cette longue vidéo, Charles Gave et Olivier Delamarche analysent brillamment notre situation économique et politique actuelle. Les faits et la réalité s'accordent enfin avec leurs prévisions pessimistes sur la crise de l'Etat et, par ricochet, de l'économie française et européenne. Cela faisait des années qu'ils alertaient sur la dette, alors que de nombreux politiques et journalistes pensaient qu'avec les taux 0, l'argent était quasi gratuit et que c'était une opportunité pour endetter l'Etat encore plus (même Zemmour disait de telles âneries avant sa candidature).

Maintenant que l'inflation s'emballe (elle atteint en mai 8,6% en rythme annuel aux USA, un nouveau record depuis 40 ans), on assiste au retour de certaines vérités fondamentales qui semblaient dépassées:

1. La création excessive de liquidités par les banques centrales finit par produire de l'inflation,

2. Les dettes étatiques qui ne servent pas à investir dans projets rentables finiront par appauvrir les citoyens. Si durant les 30 Glorieuses, la France s'endettait modérément, c'était pour construire des infrastructures, investir dans des grands projets (Ariane, Airbus, le nucléaire). Aujourd'hui, les investissements sont rares. La dette finance surtout les dépenses de fonctionnement de l'Etat (les traitements des fonctionnaires, les trous des systèmes sociaux -santé, retraite, CAF...)

3. Un pays ne s'enrichit pas par la consommation, mais par la production de biens et de services. En effet, un pays qui arrive à faire prospérer un secteur privé productif va générer les moyens financiers nécessaires à sa consommation. Par contre, un pays qui s'endette pour financer la consommation des inactifs et du secteur public réduit mécaniquement la part du secteur privé dans le PIB. C'est un pays qui vit au-dessus de ses moyens. Le secteur privé y est trop taxé et est donc de moins en moins rentable. Charles Gave explique qu'une entreprise en France a une marge brute d'autofinancement bien inférieure à une entreprise en Allemagne. Mais si le CAC40 semble en pleine forme, c'est car les grandes firmes françaises se sont internationlisées. C'est à l'export ou bien sur leurs activités à l'étranger que les profits de ces firmes progressent. En France, leur chiffre d'affaires stagne.

4. Les taux 0% ou négatifs sont une aberration logique et financière. L'avenir êtant moins certain que le présent, il est normal que le taux d'intérêt soit strictement supérieur à 0 pour tenir compte du risque pris par le créancier. Cette aberration ne pouvait que conduire à des actions irresponsables.

La question qu'on pourrait poser à M. Gave, c'est pourquoi notre pays qui a cumulé toutes ces erreurs a-t-il pu éviter l'effondrement prévu pendant si longtemps? Voici mes pistes de réponse:

1. Au même moment où ces mesures d'appauvrissement furent mises en place, la facilitation des échanges mondiaux à permis des gains de pouvoir d'achat dans tout le monde capitaliste. En effet, les délocalisations d'industries de base vers les pays en voie de développement a permis de les sortir de la misère tout en baissant les prix de ces produits. 

2. Et même pour les produits hyper complexes que sont l'électronique, le doublement de la puissance des puces tous les 2 ans a permis de faire baisser le prix de ces produits ou bien d'améliorer leur performance. Et cela a permis à Internet de révolutionner la manière dont les entreprises produisent, gèrent, vendent, se financent... avec d'immenses gains de productivités à travers toute l'économie. Il en est résulté une croissance du niveau de vie qui n'est pas toujours bien capturée par les indicateurs macro-économiques traditionnels.

3. La force de l'habitude dans les investissements est telle que les Français continuent d'investir dans l'assurance-vie, le Livret A et dans l'immobilier... au lieu de la Bourse.

4. Le marché gris ou noir prend certainement une place de plus en plus grande au fur à mesure que l'Etat taxe par-delà le supportable. Avec la drogue dans les banlieues, la non déclaration du CA en liquide chez de nombreux petits commerces, le travail frontalier, le Bon Coin... les Français ont appris à compléter leurs revenus sans passer par le système de taxes de l'Etat.

Pour ces 4 raisons, la crise a mis plus de temps à éclater. Mais maintenant elle est là et seul un retour à la vérité pourra y mettre fin.



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