Tuesday, June 28, 2022

Un regard de 2022 sur l'avortement


La décision de la Cour Suprême des USA de mettre fin à sa décision Roe vs. Wade signifie que chacun des 50 Etats Américains va pouvoir réglementer le droit d'avorter comme ses élus l'entendent. Certains veulent l'interdire. D'autres vont le restreindre et d'autres encore vont peut-même encore l'étendre. Cette liberté de pouvoir débattre, décider du droit et de le changer au gré des majorités ne va pas faire plaisir aux 2 extrêmes: ceux qui considère l'avortement comme un droit inaliénable des femmes et ceux qui considèrent que la vie est sacrée, car elle est un don divin. Mes reflexions vont donc s'abstenir de mêler les religions et l'idéologie féministe à ce débat. Je veux surtout examiner en quoi le contexte a changé depuis le début des années 1970, quand l'avortement fut généralisé aux USA et en France, afin de voir si ces changements sont de nature à vouloir assouplir ou à restreindre l'avortement.

Même dans les pays laïques, comme la France, l'avortement n'est pas un droit absolu, mais est limité grosso modo à la première moitié de la grossesse. En effet, il ne faut donc pas être religieux, mais simplement humain, pour considérer que plus on se rapproche du terme de la grossesse, plus on a à faire à un bébé et moins on peut le considérer comme un embryon ou foetus avortable. Chaque pays et chaque parlement essaie donc de définir quel est le moment au-delà duquel le foetus est quasiment un bébé.

Commençons par analyser l'avortement avec un regard scientifique et médical. Le problème de l'avortement ne s'est posé à une grande échelle qu'avec les progrès de la chirurgie qui permettait d'en faire une intervention relativement simple et sûre. Or, depuis les années 1970s, la médecine a continué à faire d'immenses progrès qui devraient avoir un impact sur notre débat. 

Si la pilule avait fait son apparition à la fin des années 1960, un peu avant la légalisation de l'avortement, les méthodes de contraceptions se sont multipliés (stérilet, diaphragme, spermicide, préservatif...). L'épidémie du SIDA dans les années 1980 a permis de banaliser la vente et l'utilisation du préservatif, et a mis fin au côté libertaire d'un acte sexuel dont seules les femmes pourraient subir des conséquences. Et si les femmes avaient peu de choix pour leur contraception et que leur emploi n'était pas encore rentré dans les moeurs, tel n'est plus le cas de nos jours. L'avortement se justifie donc de moins en moins par l'absence d'accès à la contraception. 

La médecine a aussi fait des progrès pour les tests de grossesse. Ceux-ci sont apparus au milieu des années 1970 et permettent aux femmes de savoir rapidement et facilement si elles sont tombées enceinte. Ce progrès devrait permettre d'avorter plus tôt qu'auparavant. 

Le fait que les prématurés sont de mieux en mieux pris en charge et qu'à 26 semaines, un prématuré a 75% de chances de survie va aussi changer notre perception du moment où un foetus devient bébé potentiel. 

L'échographie, elle, permet de suivre l'évolution du foetus/bébé dans le ventre de la mère. Depuis les années 70, le coût d'une échographie a baissé, et la technologie permet maintenant d'en faire en 3D! Ainsi, en faisant plusieurs échographies, les futurs parents prennent mieux conscience que le foetus prend très tôt un apparence humanoïde. Et les études prénatales ont permis aux médecins de découvrir que le coeur d'un foetus est formé dès 4 semaines après la conception! Ces progrès 'humanisent' un peu plus tôt le foetus et ont donc aussi pour impact de désirer des avortements plus précoces.

Passons maintenant aux autres changements de la société dans les domaines démographiques, sociétaux et économiques. Au début des années 70, la fin du baby-boom d'après guerre ne faisait que commencer. On n'en ressentait pas encore les effets négatifs. En 2022, la situation de déclin démographique continue son cours avec des conséquences négatives sur le système de retraite par répartition. En effet, le nombre d'actif par retraité baisse et pose non seulement un défi de financement, mais même existentiel! 

La France manque de bébés au moment où l'adoption au niveau nationale est quasi inexistante et celle de pays du Tiers-Monde de plus en plus difficile. Et pourtant, il y a une forte demande de bébés venant de couples infertiles, notamment de couples homosexuels dont l'union civile, voire le mariage, n'est plus interdit. Certaines vedettes, comme Fogiel, vont recourir à la GPA (Gestation Pour Autrui) en Inde ou en Ukraine, méthode interdite en France. Face à cette envie difficilement satisfaite d'avoir des bébés et ces jeunes femmes enceintes naturellement qui vont avorter, ne serait-il pas possible de trouver des solutions plus généreuses qui permettent à la fois d'éviter les avortements et certaines PMA (procréation médicale assistée) et d'assurer un renouvellement naturel de la population? Les économies financières d'un tel arrangement évitant deux interventions médicales (avortement et PMA) pourraient être offertes aux femmes qui renonceraient à avorter en contrepartie d'un accouchement sous X en vue d'une adoption.

Mais si on n'arrive pas à trouver un tel arrangement, la situation démographique actuelle plaide également dans le sens de réduire le nombre d'avortements pour augmenter le nombre de naissances. En effet, nous nous trouvons dans la situation inédite que le nombre de naissances et d'enfants n'est pas limité par nos ressources alimentaires et financières. Jamais le niveau de vie n'a été aussi élevé et jamais le taux de fécondité n'a été aussi bas dans tout le monde développé!

 En résumé, tout dans le contexte actuel, les progrès des contraceptifs, de l'échographie, des tests, des soins aux prématurés, la démographie, l'économie et le mariage gay plaident pour des interruptions de grossesse plus précoces et moins nombreuses. Le seul changement qui explique que ce ne fùt pas le cas, est le renforcement du pouvoir féminin dans la société. Les hommes ont complètement abdiqué toute discussion sur ce sujet, comme si le foetus n'avait rien à voir avec eux. Nous sommes passés d'un excès de patriarchie à un excès de féminisme.

En guise de conclusion, j'aimerais rappeler la pensée de l'anthropologue Margaret Mead. Pour elle, un fémur cassé et guéri est le premier signe d'une société civilisée, car cela montre qu'une personne a pris le temps de nourir une autre pendant qu'elle était vulnérable et inutile. Quelle genre de civilisation prospère sommes-nous si nous n'arrivons pas à réduire le nombres grossesses avortées dans le contexte actuel? Un foetus n'est-il pas ce qu'il y a de plus vulnérable et mignon?

Friday, June 10, 2022

La revanche des pourfendeurs des déficits publics et de l'Euro


Dans cette longue vidéo, Charles Gave et Olivier Delamarche analysent brillamment notre situation économique et politique actuelle. Les faits et la réalité s'accordent enfin avec leurs prévisions pessimistes sur la crise de l'Etat et, par ricochet, de l'économie française et européenne. Cela faisait des années qu'ils alertaient sur la dette, alors que de nombreux politiques et journalistes pensaient qu'avec les taux 0, l'argent était quasi gratuit et que c'était une opportunité pour endetter l'Etat encore plus (même Zemmour disait de telles âneries avant sa candidature).

Maintenant que l'inflation s'emballe (elle atteint en mai 8,6% en rythme annuel aux USA, un nouveau record depuis 40 ans), on assiste au retour de certaines vérités fondamentales qui semblaient dépassées:

1. La création excessive de liquidités par les banques centrales finit par produire de l'inflation,

2. Les dettes étatiques qui ne servent pas à investir dans projets rentables finiront par appauvrir les citoyens. Si durant les 30 Glorieuses, la France s'endettait modérément, c'était pour construire des infrastructures, investir dans des grands projets (Ariane, Airbus, le nucléaire). Aujourd'hui, les investissements sont rares. La dette finance surtout les dépenses de fonctionnement de l'Etat (les traitements des fonctionnaires, les trous des systèmes sociaux -santé, retraite, CAF...)

3. Un pays ne s'enrichit pas par la consommation, mais par la production de biens et de services. En effet, un pays qui arrive à faire prospérer un secteur privé productif va générer les moyens financiers nécessaires à sa consommation. Par contre, un pays qui s'endette pour financer la consommation des inactifs et du secteur public réduit mécaniquement la part du secteur privé dans le PIB. C'est un pays qui vit au-dessus de ses moyens. Le secteur privé y est trop taxé et est donc de moins en moins rentable. Charles Gave explique qu'une entreprise en France a une marge brute d'autofinancement bien inférieure à une entreprise en Allemagne. Mais si le CAC40 semble en pleine forme, c'est car les grandes firmes françaises se sont internationlisées. C'est à l'export ou bien sur leurs activités à l'étranger que les profits de ces firmes progressent. En France, leur chiffre d'affaires stagne.

4. Les taux 0% ou négatifs sont une aberration logique et financière. L'avenir êtant moins certain que le présent, il est normal que le taux d'intérêt soit strictement supérieur à 0 pour tenir compte du risque pris par le créancier. Cette aberration ne pouvait que conduire à des actions irresponsables.

La question qu'on pourrait poser à M. Gave, c'est pourquoi notre pays qui a cumulé toutes ces erreurs a-t-il pu éviter l'effondrement prévu pendant si longtemps? Voici mes pistes de réponse:

1. Au même moment où ces mesures d'appauvrissement furent mises en place, la facilitation des échanges mondiaux à permis des gains de pouvoir d'achat dans tout le monde capitaliste. En effet, les délocalisations d'industries de base vers les pays en voie de développement a permis de les sortir de la misère tout en baissant les prix de ces produits. 

2. Et même pour les produits hyper complexes que sont l'électronique, le doublement de la puissance des puces tous les 2 ans a permis de faire baisser le prix de ces produits ou bien d'améliorer leur performance. Et cela a permis à Internet de révolutionner la manière dont les entreprises produisent, gèrent, vendent, se financent... avec d'immenses gains de productivités à travers toute l'économie. Il en est résulté une croissance du niveau de vie qui n'est pas toujours bien capturée par les indicateurs macro-économiques traditionnels.

3. La force de l'habitude dans les investissements est telle que les Français continuent d'investir dans l'assurance-vie, le Livret A et dans l'immobilier... au lieu de la Bourse.

4. Le marché gris ou noir prend certainement une place de plus en plus grande au fur à mesure que l'Etat taxe par-delà le supportable. Avec la drogue dans les banlieues, la non déclaration du CA en liquide chez de nombreux petits commerces, le travail frontalier, le Bon Coin... les Français ont appris à compléter leurs revenus sans passer par le système de taxes de l'Etat.

Pour ces 4 raisons, la crise a mis plus de temps à éclater. Mais maintenant elle est là et seul un retour à la vérité pourra y mettre fin.



Thursday, June 2, 2022

L'immigration de main d'oeuvre non qualifiée est du capitalisme de connivence


 Il y a un an, j'expliquais que l'immigration massive extra-européenne n'est pas compatible avec le libéralisme dans sa défnition classique. C'est le cas en France depuis la fin des années 1970, puisque c'est depuis cette époque que notre pays connait un chômage élevé et n'a donc pas besoin de plus de main d'oeuvre non qualifiée.

En vérité, cette immigration est un bon exemple de 'capitalisme de connivence', un concept encore trop peu connu du grand public, et qui n'a pas grand chose à voir avec le libéralisme. Le 'capitalisme de connivence' est au libéralisme ce que la prostitution est à l'amour! Quand on les voit en action, l'un ressemble beaucoup à l'autre! Mais c'est pourtant une chose bien différente de faire l'amour librement quand on aime que de faire l'amour parce qu'on paie (ou qu'on est payé)! Dans 'capitalisme de connivence', le mot le plus important est connivence. Connivence avec qui? Avec l'Etat, bien entendu, car c'est la force de l'Etat qui permet de donner au faux capitaliste un avantage indu, alors que le vrai capitalisme, c'est la concurrence non faussée. 

Voici quelques exemples de capitalisme de connivence:

- Un appel d'offre pour un marché public dont les critères avantagent une société en particulier (qui a su se rendre utile ou agréable au donneur d'ordre). C'est le BTP public dans les années 1980, par exemple.

- Une banque ou n'importe quelle entreprise privée qui embauche à prix d'or un fonctionnaire qui avait la tâche de surveiller cette industrie et/ou d'en édicter les règles.

- L'Etat qui aide la Société Générale qui vient de perdre 4,9 milliards d'Euros suite aux spéculations de Kerviel en lui accordant un crédit d'impôt de 2,2 milliards d'Euros. (La justice enquête encore sur cette affaire!)

Le capitalisme de connivence peut prendre des formes variées. L'idée qui sous-tend ce capitalisme faussé, c'est de privatiser les profits et de socialiser les pertes. Voyons maintenant en quoi l'immigration non qualifiée extra-européenne correspond parfaitement à ce concept.

A qui cette immigration a-t-elle profité financièrement?

Elle a profité aux entreprises utilisant beaucoup de main d'oeuvre non qualifiée, car plus de candidats pour un même travail, cela signifie un salaire bas (au SMIC), moins d'avantages en nature, moins de formation, plus de docilité, car le salarié se sait remplaçable. C'est donc plus de profits pour les actionnaires et donc plutôt les Français les plus riches.

Les coûts salariaux maintenus artificiellement bas ont aussi profité aux consommateurs dans les secteurs à forte concurrence. Mais cet avantage n'est pas distribué également à tous les consommateurs. En réalité, plus les revenus sont hauts, plus on consomme de services (mal payés) et donc plus on profite financièrement de la présence de cette main d'oeuvre bon marché. Ce ne sont pas les gens aux SMIC qui font le plus appel aux femmes de ménage ou aux livreurs de repas. Ce sont donc les Français à hauts revenus qui, en général, profitent des prix bas liés à cette immigration.

Parmi les bénéficiaires de l'immigration, on peut aussi ajouter les familles de ces immigrés dans les pays Africains. En effet, les virements de la Western Union sont l'un des plus gros revenu de ces pays pauvres. 

Posons-nous maintenant la question de qui paie le prix de cette immigration?

D'abord financièrement, cette immigration est-elle source nette d'impôts pour l'Etat ou bien est-ce un poste de dépenses non compensé par les rentrées fiscales? Les études des économistes diffèrent selon la coloration de ces experts, mais un peu de bon sens nous permet de faire ces quelques observations dont nous tirerons une conclusion:

- Oui, les immigrés paient des taxes et des impôts, car il est difficile d'y échapper en France (à moins de vendre de la drogue, activité particulièrement prisées en banlieue!). 

- Grâce à la progressivité de la plupart des charges et impôts, la main d'oeuvre peu ou pas qualifiée au SMIC est celle qui paie, par personne, le moins à l'Etat,

- Par contre, cette population immigrée va utiliser autant, sinon plus de services de l'Etat. Ayant plus d'enfants, ses dépenses d'éducation sont plus élevées. Elle coûte plus chère en CAF, en aides HLM, en santé (notamment l'AME)...

Or, comme l'Etat est en déficit chronique depuis 1974, il me semble assez logique de conclure que ceux qui contribuent le moins aux finances de l'Etat sont globalement une charge financière pour la collectivité. Cette charge financière a surtout été supportée les contribuables les plus taxés, dans leur ensemble, et par la dette. Au final, financièrement, la plupart des riches n'y sont probablement même pas gagnants. C'est la logique du socialisme de créer une situation perdant-perdant pour la plupart des gens, sauf pour le pouvoir et quelques profiteurs!

Financièrement, les profits de l'immigration sont individuels, mais ses coûts sont pris en charge par l'Etat et la collectivité. C'est donc bien du 'capitalisme de connivence'! Mais je ne veux pas oublier un autre coût de l'immigration: son coût social. Ce coût prend de nombreuses formes. Pour les plus chanceux, c'est de quitter des banlieues où cette immigration extra-européenne devient trop nombreuse. Pour les autres, c'est de vivre l'insécurité au quotidien, c'est d'envoyer ses enfants dans une école publique où les profs n'arrivent plus à faire leur travail correctement car trop d'enfants ne parlent pas français chez eux, c'est de ne plus trouver de boucherie non halal, de ne plus avoir de médecin qui se déplace dans son quartier...

Au final, cette immigration de masse avantage plutôt certains grands actionnaires et quelques hauts revenus, mais ces gains ponctuels sont supportés par tous les contribuables et ce sont surtout les plus pauvres qui supportent le coût  le plus important de cette immigration, le coût social. Elle n'a donc rien de libérale, ni de capitaliste et n'est rendue possible que par la connivence d'un Etat socialiste malfaisant.