Avant de parler de la situation en France, voyons comment se passe l'immigration de travail à Taiwan. Cela tombe bien, car j'y vis depuis 25 ans et je connais donc assez bien la situation. On voit qu'il est possible qu'elle soit gagnante-gagnante à la fois au niveau individuel et au niveau des pays.
Voilà comment elle marche: Taiwan est en plein emploi, car le salaire minimum est bas et les prestations chômage faibles. Mais l'ile manque de main d'oeuvre et laisse venir des personnes qualifiées pour combler ses besoins dans quelques secteurs précis: l'industrie (des hommes), les services à la personne en début et en fin de vie (des femmes). Ces travailleurs étrangers viennent légalement avec des contrats de 3 ans en poche. Ils arrivent surtout d'Asie du Sud Est (Vietnam, Indonésie, Philippines). En venant à Taiwan, ils gagnent et économisent plus d'argent que dans leur pays d'origine, et pour les Taiwanais, cela permet de prendre soin des bébés et des ainés à moindres frais. Du point de vue des pays d'émigration, la perte des forces vives de leur nation n'est que temporaire. Ces gens entreprenants, prêts à prendre des risques, à apprendre un nouveau métier, à travailler dur, vont revenir au bout de 3 ou 6 ans (si le contrat est prolongé une fois). Ils reviendront alors contribuer directement au développement de leur pays avec leurs économies et leur expérience.
Pour Taiwan, le fait que ces travailleurs immigrés viennent et partent tous les 3 ou 6 ans fait qu'ils n'ont qu'un impact limité sur l'identité et la culture locale. Seule une minorité se marie avec un ou une Taiwanaise et reste à Taiwan en s'y assimilant. De plus, c'est tellement une évidence ici, ces étrangers respectent scrupuleusement les lois de la République de Chine, sinon ils seraient immédiatement expulsés! Les travailleurs étrangers se savent des citoyens de seconde classe qui ne doivent leur présence à Taiwan qu'aux services qu'ils rendent. Les Taiwanais les traite de manière humaine, mais savent aussi qu'ils ne sont pas des compatriotes et n'ont pas vocation à le devenir, sauf exception. C'est pourquoi, ces travailleurs étrangers ne sont pas si mécontents de rentrer dans leurs pays, parmi les leurs, au bout de leur mission.
Cette présentation d'une politique qui marche permet de faire un bon contraste avec la situation française qui est perdante-perdante pour tout le monde:
1. Les pays d'émigration qui perdent durablement leurs éléments les plus dynamiques,
2. Les émigrés qui arrivent illégalement, sans papiers, ne trouvent que rarement du travail. Ils restent sans expérience, sans économies pour monter un business dans leurs pays d'origine,
3. La France se fait envahir durablement par des immigrants si nombreux qu'ils ne s'assimilent pas, ne contribuent pas à l'économie, mais coûtent en prestations sociales.
4. Les Français paient des impôts lourds et n'ont plus la sécurité à laquelle ils aspirent dans l'espace public, et voient les écoles submergées d'enfants d'origines étrangères qui ont du mal à suivre.
Dans le documentaire 'Migrant, le retour impossible', on voit les problèmes du côté des immigrés. A première vue, la solution serait plus de titres de séjour pour légaliser ces étrangers. Mais, avec nos frontières passoires, ce serait un signal qui provoquerait encore plus d'immigration illégale. L'un des plus grands problèmes qu'ont les immigrants dans ce documentaire, c'est qu'ils ne peuvent pas retourner chez eux sans argent, sans la réussite matérielle (14è minute). Ce serait admettre un échec, surtout au village, mais moins en ville. C'est effectivement une grande différence avec les migrants qui reviennent de Taiwan. Tous ont pu amasser un pécule qu'ils peuvent investir chez eux pour monter un petit business ou se construire une maison.
A la 28è minute du documentaire, un Africain sans papiers, Bakary Coulibaly trouve même qu'il perd son temps en Europe et qu'il aurait plus de chances de réussir en Afrique! Dans un autre documentaire sur le Mali, diffusé sur TV5 Asie récemment, le journaliste rencontra un Malien de retour dans le désert, car il s'y trouve mieux qu'à Paris avec sa vie stressante. A dos de chameau, comme ses ancêtres, il se sent en harmonie avec sa culture et ses traditions! Et dans cet article, on apprend même que de nombreux jeunes musulmans de France sont tentés par Dubai.
Je donne ces exemples pour insister sur le fait que la 'remigration' ne doit pas être vue comme un gros mot, une fantaisie d'extrême droite. C'est aussi le rêve de la plupart des étrangers qui sont pris en tenaille entre la triste réalité et leurs rêves de réussite en France.
Ainsi, bien que cela puisse paraitre conte-intuitif, ce sont les immigrés qui se sont les mieux adaptés à la France, ceux qui ont trouvé du travail et mis de l'argent de côté, qui sont les plus aptes à retourner dans leur pays. Ils retournairaient sans la honte de l'échec, avec une expérience professionnelle et de l'argent à investir dans leur pays d'origine. Autant il est compréhensible que ces pays n'ouvrent pas leurs bras aux criminels condamnés en France, autant il n'y a donc pas de raison pour qu'ils refusent le retour à leurs meilleurs éléments.
Une manière de justifier cette mesure face à la gauche, c'est de dire qu'il serait injuste et inégal que seul un faible nombre d'étrangers s'enrichissent en France. Leur retour permet à d'autres étrangers de prendre leur place et de s'enrichir à leur tour. C'est la théorie du partage du travail qui s'applique quand les places sont peu nombreuses et le nombre de candidats presque illimité. De plus, le retour au pays d'origine ne doit pas être vu comme une punition, mais comme un acte héroique de la part de ces immigrés qui retournent aider au développement et au bien-être de leur société. Il serait d'ailleurs bien que des organisations humanitaires s'occupent de ce genre de retour au pays.