Friday, September 4, 2020

La Covid est une faillite du système néolibérale, selon Jospin


En avril 2002, Lionel Jospin s'est retiré de la vie politique après sa défaite au premier tour de la présidentielle et la victoire de Chirac 2 semaines plus tard. Cette attitude digne, ses bons résultats économiques durant la cohabitation où il fut 1er ministre et le quinquénat calamiteux, sans réformes, de Chirac m'avaient donné une bonne image de lui. Même socialiste, il aurait pu faire mieux que Chirac! Donc, quand j'entendis que Jospin était de retour dans les médias cette semaine, je me suis dit qu'il avait quelque chose d'important et d'utile à dire aux Français après 18 ans de silence.

Or, il n'a fait que répéter la pensée socialiste la plus fossilisé (vive les 35h, Macron est libéral...) Mais ce qui m'a le plus surpris et choqué, c'est qu'il considère que la crise économique que nous vivons à cause du Covid montre la faillite du système libéral et des entreprises qui se tournent vers l'Etat pour les sauver.

Voyons voir les défaillances qui ont conduit à la crise en France:

1. Un virus apparait en Chine, un pays dictatorial où les médias n'annoncent pas de mauvaises nouvelles, sauf s'ils ne peuvent faire autrement.

2. Le virus profite du silence du Parti Communiste du Wuhan pour se propager en Chine et à l'étranger (fermeture tardive des aéroports).

3. Un pays libéral, proche de la Chine, Taiwan, fait un bon boulot de mises en quarantaines des ses nationaux et d'interdiction d'arrivée pour les Chinois, si bien que l'ile ne comptera pas plus de 500 cas et seulement 6 morts.

4. Les pays d'Europe de l'ouest, comme la France, dont le poids des prélèvements obligatoires est de 57% du PIB (contre 15% pour Taiwan), ne met pas en place les bonnes mesures filtrantes aux frontières, ou bien trop tard. Résultat, le virus va circuler et saturer les services d'urgences des hôpitaux publics. Tandis qu'il restait des places dans les cliniques privées, c'est surtout dans les hôpitaux publics que le manque de lit est criant.

5. Tandis qu'à Taiwan le gouvernement nationalise la production de masques et que des grands groupes comme Foxcom créent des capacités de production suffisante pour la population, le gouvernement interdit la vente des masques par les pharmacies et recommande à la population de ne pas en porter!

6. Débordé par les ravages du virus, l'Etat français décrète un confinement qui durera du 17 mars au 11 mai, soit près de 2 mois durant lesquels la plupart des activités économiques se sont arrêtées. Certaines activités comme les restaurants, les spectacles, les voyages internationaux continueront à être affectés au-delà de cette date, par ordre de l'Etat.

7. Petit rappel: à Taiwan, il n'y a pas eu de confinement et l'activité du pays a continué et les entreprises se sont adaptées librement aux nouvelles conditions (fin du tourisme international, par exemple). Le PIB sera de +1% à Taiwan en 2020, mais de -10% environ en France.

8. En France, l'Etat a complètement perdu toute crédibilité sur l'utilité des masques. Les lieux où ils sont obligatoires changent tous les jours. Même quand on peut dorénavant les acheter, beaucoup de gens sont récalcitrants à les mettre.

9. LVMH s'est mis à produire du gel alcoolique quand l'Etat n'en trouvait plus. Et il l'a distribué gratuitement.

10. Le gouvernement a accordé des prêts aux entreprises en difficulté et les a donc encore plus fragilisées (au lieu d'annuler des impôts et d'assouplir le code du travail).

Bref, je crois que cette liste d'événements montre que la crise économique du Covid a pu être en grande partie évitée à Taiwan, car son Etat est concentré sur ses fonctions régaliennes et a empêché la propagation du virus. En France, par contre, le virus a montré l'inefficacité de l'Etat à gérer ses frontières, ses hôtpitaux et à donner de bonnes recommandations pour l'emploi des masques. Si les entreprises privées sont au bord du gouffre, c'est car l'Etat les y a mis par son confinement, ses interdictions, ses impôts, son code du travail contraignant et ses prêts.

Le plan de relance de 100 milliards aurait été inutile si l'Etat n'avait pas failli dans ses fonctions. En tout, c'est bien 300 milliards que l'Etat nous aura coûté pour avoir mal gérer cette crise (200 milliards sont l'équivalent de 10% de baisse du PIB et 100 mds pour le plan de relance). 


 



3 comments:

diaagi said...

Jospin sur France Inter vient attaquer en effet le soit disant liberalisme de Macron. Or nous avons un président très jacobin et maladivement interventioniste donc bien peu libéral, votre article le souligne très bien. Et, en effet, vu l'histoire du covid, on aurait aimé avoir un président libéral!
Libéralisme reste malheureusement un gros mot à connotation péjorative dans la bouche d'un socialiste, par paresse intelectuelle.
Car il y a erreur sur le vocabulaire et il faudrait que chaque camp (socialo et libéro) fasse des efforts pour sortir des malentendus!
Ce qu'un socialiste va reprocher au libéralisme, et c'est le point faible du libéralisme, jamais discuté ou théorisé par ses adeptes: le problème des inégalités. Le ruisselement, ça n'existe pas. Tout le monde sait ou voit bien que les forts se renforcent. Et au contraire les peureux les faiblards les inadaptés les trop-polis passent à la trappe et restent au fond du bouillon, définitivement, quelles que soient toutes les qualités qu'ils ont pour la collectivité, c'est non s'ils ne mettent pas en oeuvre leurs qualités dans la grille compétitive de l'échange mercantile.
Et là s'engouffrent les chevaliers blancs socialistes, près à aider la veuve et l'orphelin face aux fauves aveuglés par leurs succes cad leur narcissisme.
Donc Jospin rouspète à juste titre contre cette politique "de montée des inégalités, de domination des milieux économiques, d'oublis de la politique sociale". Faire société, ce n'est pas seulement savoir se mouvoir dans le compétitif, qui est nécessaire pour faire émerger l'innovation ou faire mourir l'inutile et garder la bonne graisse, mais faire société c'est aussi promouvoir le coopératif. Ce que les libéraux n'ont d'aucune manière dans leurs lignes théoriques, ils renvoient tout ce chapitre dans le flou d'initiatives privées ou religieuses, car cette drôle d'organisation sociale qui n'a pas d'explication avec les théorèmes compétitifs ne les intéresse malheureusement pas.
Donc plutôt que de critiquer le libéralisme dans son ensemble, Jospin ferait bien d'être précis dans sa pensée et de se concentrer sur le sujet de la distribution des richesses (si c'est bien distribué au départ, pas besoin de re-distribuer!) et du maintien de la cohérence de la société en évitant la situation naturelle de divergence des richesses.
https://www.businessinsider.fr/voici-comment-les-millionnaires-vivent-a-taipei-sans-extravagance/#strongalors-que-le-nombre-de-millionnaires-est-en-plein-essor-a-taipei-les-taiwanais-ultra-riches-ne-sont-pas-friands-de-leurs-richesses-strong
Le libéralisme est un excellent système pour le compétitif, la création de richesse, la souplesse et l'adaptation. Face au covid, il fait ses preuves, merci à Taiwan pour l'illustration.
Bref je rêve d'un débat où un libéral pense coopération (repartition des richesses) et un socialiste pense compétitif (création de richesses).
Une société a besoin de ces 2 aspects pour rester cohérente: du compétitif pour croitre et s'améliorer, et du coopératif pour se fortifier. La base d'un pacte de société, cad créer du lien avec l'autre, c'est l'échange. Il existe l'échange marchand, économique. Et l'échange social.
Au-delà de cette erreur de vocabulaire (qui creusera malheureusement à coup sûr la radicalité de prise de position chez les uns et les autres perdus par les malentendus de définition sur les critiques de l'autre camp) il faut quand même noter le retournement de la pensée socialiste. Car la seconde attaque de Jospin, c'est la verticalité du pouvoir! Or c'est quand même un must de l'organisation soviétique! Venant de son camp, la critique est savoureuse. Donc c'est une sacré surprise cette prise de position, mais une bonne surprise!

TeaMasters said...

Le libéralisme est le système qui permet la division du travail où chacun se met au service des autres avec ses compétences, ses outils, son capital... C'est ce qui a permis l'enrichissement généralisé, inégalement réparti, je vous l'accorde. Mais cette inégalité n'est que la résultante de l'offre et de la demande, et elle a une utilité. Elle nous informe que les boulots d'ingénieurs, de cadres, de dentistes... paient mieux que caissier ou éboueur, et qu'il est donc préférable, plus utile pour la société (et soi-même) de s'orienter vers de tels boulots.

Quant au ruissellement, l'erreur est de croire que c'est automatique, sans effort. Or, la vie ne donne pas de cadeau (no free lunch). Mais c'est quand même plus facile de bien gagner sa vie dans une ville riche comme Londres, que dans une ville pauvre du Bangladesh ou de Somalie. Plus les gens autour de soi sont riches, plus ils sont prêts à bien payer des services, des produits qui répondent à leur besoin.

diaagi said...

vous dites que les inegalites sont la resultante du marche. oui. et que c'est le lien avec l'utilite. non.
car un travail est remunere non pas pour son utilite sociale mais pour son utilite pour le capital. c'est l'image de l'infirmiere face au financier! ou merci la pandemie on a eu l'echo des fameux premiers de cordee avec leurs doubles socialement utiles de premiers de corvee.
le liberalisme c'est l'organisation parfaite pour optimiser le retour sur capital. mais c'est un systeme qui est muet sur ce qui interesse en premier lieu les hommes: leur vie sociale. avec ce systeme les gens viennent s'agglutiner dans des megalopoles surpollues car dans leur campagne il n'y a plus de free lunch. de coherence sociale. le liberalisme va les orienter tout gentiment vers l'industrie du luxe pour repondre aux extravagances de quelques happy fews. le liberalisme enchante les milieux embourgeoises dont les preoccupations sont vers le haut. d'autant qu'il assure un effet d'accentuation d'ecart de richesse. a se demander si c'est de la conviction ou du cynisme.
Macron perdu au milieu de la tourmente et des incertitudes en avril dernier a appele en derniers remparts les fondements de 1789 « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » Preuve qu'on aime le lyrisme et le conceptuel en France depuis longtemps! c'est certainement de la conviction faute d'alternative reelle.