Si "la France reste la championne d'Europe des impôts", ce n'est pas tant à cause de Macron, mais à cause d'une succession de gouvernements de gauche et de droite qui ont tous augmenté la pression fiscale depuis 40 ans sans équilibrer un seul budget! Or, en 2017, les électeurs de droite, maintes fois dupés par Giscard, Chirac et Sarkozy, choisirent, à la surprise des médias, François Fillon, celui qui voulait réduire le nombre de fonctionnaires de 150,000 en 5 ans.
Il n'était pas certain que Fillon appliquerait ce programme de réduction des dépenses, seule condition sérieuse à de vraies baisses d'impôts. Au vu des échecs passées de la droite française à réformer l'Etat, il était possible d'en douter. Mais quelques juges firent en sorte que le seul candidat qui voulait baisser le poids de l'Etat soit quasiment éliminé de l'élection après en avoir été le grand favori.
Si bien que c'est Macron, bête à concours sortie de l'ENA et de la banque, qui gagna l'élection présidentielle dans un véritable concours de circonstances. Au début, il semblait appliquer un programme libéral light. Ni de droite, ni de gauche, rompu à l'Etat et au secteur privé, il réformait le marché du travail, remplaçait l'ISF par un impôt sur l'immobilier et tint bon face aux syndicats de la SNCF. Il compte même supprimer la taxe d'habitation!
La France tient-elle enfin son Schroeder, le chancelier socialiste qui réforma l'Allemagne et mit son Etat sur la voie de l'assainissement budgétaire? Macron va-t-il ramener le poids de l'Etat à un niveau plus bas et plus proche de celui de nos partenaires Européens? Pour lui, il a l'énergie de la jeunesse et une majorité au parlement. Ce dont il a besoin pour continuer les réformes, c'est des bons résultats avec ses premières mesures ou bien simplement de profiter d'une conjoncture économique mondiale favorable.
Il n'y a pas de menaces sérieuses sur l'économie mondiale. L'Allemagne continue d'aligner les excédents et l'Amérique de Trump renoue avec une croissance de plus de 4%! Mais au lieu d'aider Macron, ces bons résultats des réformes de Trump jettent une ombre sur une croissance française qui peine à sortir du coma.
Si les réformes de Macron portent si peu de fruits, c'est qu'elles n'ont pas ciblé le problème numéro 1: le poids démeusuré de l'Etat dans l'économie française. Ainsi, ce n'est pas le marché du travail privé qu'il fallait réformer en premier, mais celui de l'Etat. Dans le privé, il est devenu plus simple de licencier, tandis que les fonctionnaires restent archi protégés et de plus en plus nombreux. Les inégalités entre secteur privé, soumis à la concurrence, et le secteur public se creusent donc encore plus. Et la réforme de la SNCF ne s'applique que pour les nouvelles recrues: cela signifie plus d'inégalités entre les jeunes et les anciens!
Changer l'ISF en un impôt sur l'immobilier passerait encore dans un pays où l'on a trop de bâtiments vides, car cela obligerait les propriétaires à les louer pour payer cet impôt. Mais la France manque de logements et ce nouvel impôt va dissuader des nouveaux chantiers. Moins d'offre locative aura également pour conséquence d'augmenter le prix des loyers. Cette mesure a donc un effet négatif sur l'économie et le niveau de vie des Français.
Baisser de quelques points les cotisations pour augmenter la CSG de l'autre est une autre réforme fiscale de Macron. Ce petit tour de passe-passe permet au fisc de prendre aux retraités une grande partie de ce qu'il a donné aux actifs. Cette mesure ne permet pas non plus de baisser le poids de l'Etat.
Bref, Macron ne fait pas de politique libérale, mais ses réformes bureaucratiques consolident l'omniprésence de l'Etat et les inégalités entre privé et public. Mais là où sa politique est la plus étatiste et augmente drastiquement les prélèvements obligatoires, c'est l'augmentation des taxes sur l'essence. Ceci va complètement à l'encontre du pouvoir d'achat des Français et de ce à quoi ils aspiraient avec Fillon. C'est pourquoi, la révolte des gilets jaunes, c'est aussi un peu sa revanche et la revanche du peuple sur une bureaucratie qui lui ôté son réformateur.
La seule façon pour Macron de sortir de cette crise est de baisser les taxes confiscatoires sur l'essence et le travail et d'appliquer une cure d'amaigrissement drastique à l'Etat. Après 18 mois d'absence de résultats, Macron doit se transformer en Fillon ou bien il n'est pas certain que le peuple aura la patience de le laisser ruiner un peu plus les Français pendant 3 ans et demi.
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