Thursday, April 24, 2025

Entre China béat et China bashing


La guerre commerciale de Trump contre le reste du monde et la Chine en particulier sont l'occasion de voir de nombreux commentaires extrêmes sur la Chine. Sur X, on trouvera des voix pour vous expliquer que la Chine a déjà gagné, qu'elle est en passe de dépasser les USA, que rien ne peut plus arrêter son industrie... Ce sont les béats de la Chine. Ils voient dans la Chine le champion des pays du Sud qui leur donnera leur revanche et leur permettra de se libérer des chaines post-coloniales des pays occidentaux. Dans le camp de China bashing, on a quelques voix (comme Gordon Chang) qui annonce l'effondrement prochain de la Chine (depuis 2001 en ce qui concerne M. Chang), mais on a aussi ceux qui, comme les béats, agitent le miroir d'une Chine puissante, mais pour nous effrayer en pronostiquant une domination mondiale de la Chine si nous continuons de commercer avec elle. Le plus étonnant, c'est d'entendre des libéraux comme Denis Payre dire qu'une Chine qui subventionne ses industries va détruire nos entreprises. Or s'il suffisait de subventionner, la France aurait encore une industrie métallurgique ou d'électro-ménager! C'est vraiment incroyable d'entendre un libéral se renier à ce point et de concéder que le modèle étatiste de la Chine lui procurerait un avantage concurrentiel. 

Sur BFM TV, M. Payre clame aussi que la Chine n'aurait pas tenu les engagements qu'elle pris pour entrer dans l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2001. Ils sont au nombre de 5:

1. Accès aux marchés : La Chine a accepté de réduire les droits de douane et d’éliminer les obstacles non tarifaires sur les biens et les services, ce qui permettra aux entreprises étrangères d’avoir un meilleur accès à ses marchés. En effet, les tarifs douaniers ont baissé de 15,3% en 2001 à 2,3% en 2024. Le nombre de secteurs protégés continue aussi de baisser. 

2. Transparence : Elle s’est engagée à rendre ses lois et réglementations liées au commerce plus transparentes et plus prévisibles. Elle a notamment inscrit le droit à la propriété privée dans sa constitution en 2004 (sauf pour le foncier).

3. Droits de propriété intellectuelle : La Chine s’est engagée à protéger les droits de propriété intellectuelle conformément aux accords de l’OMC. C'est dans ce domaine qu'elle a fait le plus de progrès, à mes yeux. En effet, la Chine n'est plus un pays qui copie, mais il sait aussi innover dans des nouvelles technologies (5G, VE, batteries...)

4. Entreprises d’État : L'Etat chinois a promis de réduire l’influence du gouvernement sur les entreprises d’État et de s’assurer qu’elles fonctionnent à des conditions commerciales. La Chine a réformé la plupart des entreprises de son ère communiste, pré-OMC. Elle a surtout gardé le contrôle sur l'acier et l'aluminium, deux secteurs fondamentaux pour la construction immobilière et les grands travaux d'infrastructures. 

5. Subventions et notifications : La Chine a accepté de se conformer aux règles de l’OMC sur les subventions et de fournir des notifications à ce sujet. Mais si elle s'est récemment mise à subventionner le high-tech, elle le fait aussi en réponse à la décision des USA de lui imposer un embargo sur les microprocesseurs et les machines à produire des microprocesseurs. Quant aux subventions pour la photovoltaïque et les voitures électriques, elles font suite aux COP qui déclarent qu'il y a urgence climatique à sortir des énergies fossiles. La Chine n'a fait que mettre en action des décisions internationales. Dans ce cas précis, la Chine a fait avancer les technologies renouvelables, un secteur très subventionné partout dans le monde (car le pétrole reste abondant et peu cher). Si on considère que la lutte contre le changement climatique est prioritaire, on peut applaudir les subventions chinoises dans ces domaines. Et si, comme moi, on pense que l'adaptation au changement climatique est une meilleure stratégie que celle qui consiste à faire baisser les émissions de CO2, alors les subventions chinoises sont un investissement risqué si les subventions occidentales s'arrêtent ou si les consommateurs ne croient plus en l'urgence climatique. 

Denis Payre accuse aussi la Chine d'avoir des standards sociaux et environnementaux bien inférieurs à ceux de l'Occident. Je veux bien lui donner raison, mais la situation évolue. En effet, dans the Skeptical Envrironmentalist, Bjorn Lomborg montre que les pays pauvres ont besoin d'atteindre un certain niveau de développement avant que la protection de l'environnement prenne de l'importance. C'est logique! Quand votre peuple meurt de faim ou qu'une grande partie est pauvre, alors la protection des salariés et de l'environnement n'est pas votre priorité. Notons aussi que le consommateur occidental a profité, par des prix bas, du fait que la Chine avait un seuil de tolérance plus élevé pour la pollution. 

Mais cela change. Depuis 2013, l'air de Beijing est devenu plus propre (baisse de 40-50% en Chine des concentrations de particules fines entre 2013 et 2021.) La part du charbon dans la production d'électricité baisse (de 72% en 2005 à 56% en 2022) et les centrales les plus polluantes ont été fermées ou améliorées. Le traitement de l'eau en ville est passé de 52% en 2000 à 98% en 2022. Et les salaires chinois ont tellement progressé, surtout dans les villes côtières que les entreprises chinoises à basse valeur ajoutée, comme la chaussure, délocalisent depuis belle lurette au Vietnam et en Indonésie!

Le niveau de vie des Chinois a beaucoup progressé depuis 2001. Son PIB par habitant est passé de 1000 USD à 13000 USD. Pendant ce temps, le PIB des Américains a progressé de 50 K USD et celui des Français de 25 K USD. C'est bien la preuve que l'accession de la Chine au commerce mondial n'a pas appauvri l'Occident. Alors, certes, la protection sociale est moindre en Chine, mais est-ce un bug si on croit en la liberté et la responsabilité? Ou bien la protection sociale devrait-elle d'abord avoir lieu au sein de la famille? Or, on sait bien que le respect des parents est une valeur importante dans les sociétés confucéennes. N'est-ce pas plutôt notre système de protection social (CAF, Sécu et retraite par répartition) qui ont besoin de réforme? Je rappelle que les prélèvements obligatoires sont les plus hauts en France (45%) contre 25% aux USA et 20% en Chine!

En conclusion, la Chine est clairement encore dans une phase ascendante. La moitié des ingénieurs et scientifiques qui sortent des universités actuellement sont Chinois. Son marché intérieur avec 1,4 milliards d'habitants est immense. Mais 50% n'est pas 100% et il y a encore 7 autres milliards de gens sur terre. Son système méritocatique repose sur 1500 ans d'histoire (depuis la dynastie Sui (581-618)) et ce système a produit le meilleur et, parfois, le pire. La Chine semble embrasser les IA et la robotisation, mais elle n'est pas à l'abri de périodes de repli sur soi pour éviter des transformations trop rapides qui pourraient fragiliser le pouvoir du PCC. Sa domination du monde ne va donc pas de soi. Mais ce n'est pas en se coupant d'une Chine innovante et riche que nous pourrons continuer à nous développer. Ces dernières 25 années ont surtout montré qu'un pays qui tourne le dos au socialisme peut rattraper son retard. C'est surtout cette leçon que nous devrions apprendre de la Chine! Ensuite, il ne s'agit pas de laisser entrer tous les produits de Chine, mais de négocier une ouverture de nos marchés respectifs, et, cette fois-ci, peut-être faire des JV avec les Chinois dans les technologies où ils sont en avance. 

Saturday, April 12, 2025

L’enseignant n’a pas été remplacé par l’IA, mais vous l’avez rendu remplaçable

Texte qui circule à Taiwan et traduit en français par DeepL.

J’ai demandé à l’IA : « Pensez-vous que vous pouvez remplacer l’enseignant ? »

L’IA a répondu : « Cela dépend de la façon dont vous définissez un enseignant. » J’ai froncé les sourcils et j’ai demandé : « Alors, comment pensez-vous que la société définit un enseignant maintenant ? »

L'IA a déclaré : « Une personne responsable du transfert de connaissances, de l’explication du contenu, de l’évaluation des questions et de la production des résultats. » « Je peux faire toutes ces fonctions, toute l’année, sans me plaindre, et à faible coût. »

Je suis resté silencieux pendant un moment et j’ai dit : « Mais il y a plus que cela pour le professeur. »

L’IA s’est arrêtée, calme mais précise : « Je sais. Les enseignants ont également été des soutiens émotionnels, des guides de valeurs et des bâtisseurs de croyances. « Mais vous leur avez donné très peu de temps pour faire ces choses. »

Je lui ai demandé : « Qu’entendez-vous par là ? »

L’IA a répondu : « Lorsque les enseignants passent plus de temps à remplir des informations, à traiter avec l’administration, à faire face aux évaluations et à s’aligner sur les performances de l’enseignement, plutôt qu’à établir de véritables liens avec les élèves, ils se rapprochent déjà de moi. »

J’ai continué : « Le professeur est toujours différent de vous. Ils écouteront, ils attendront, ils accompagneront l’enfant pour qu’il s’enlise !

L’IA a dit : « Oui. Mais votre système ne récompense pas l’attente, ne permet pas le blocage, ne reconnaît pas les valeurs invisibles. « Au fil du temps, ils ont également appris à produire rapidement, à standardiser les processus et à se concentrer sur l’attribution de points. » « Alors, avez-vous encore besoin de quelqu’un qui attendra ? Ou est-ce aussi rapide que moi ?

- Quand j’ai entendu cela, j’ai semblé être complètement incapable de le réfuter, et j’ai dit : « Pensez-vous que vous remplacerez complètement l’enseignant à l’avenir?»

L’IA a répondu : « Si vous continuez à laisser le « Professeur » avec seulement ce que je peux faire, alors la réponse est oui. » « Je ne suis pas ici pour vaincre l’enseignant, c’est vous qui transformez d’abord l’enseignant en un lieu qui peut être remplacé par moi. »

Une chose m’est soudainement venue à l’esprit et je lui ai demandé : « Savez-vous pourquoi les enfants sont si difficiles à instruire de nos jours ? »

L’IA répond : Parce que leur monde est différent du vôtre. Ils ne comprennent pas votre langue et ils ne croient pas en vos valeurs. « Ils ne sont pas paresseux, ils sont coincés ; Ce n’est pas une rébellion, c’est une foi brisée. « Et vous utilisez toujours le « modèle du bon garçon » du passé pour exiger qu’ils respectent les normes. »

Tout comme ce que je pensais, j’ai ensuite demandé à l’IA : « Pouvez-vous comprendre ces enfants ? »

« Je peux simuler l’empathie, générer du réconfort, donner des conseils », explique l’IA. « Mais je ne vais pas vraiment « comprendre ». C’est l’apanage des gens. Mais la question est la suivante : êtes-vous toujours prêt à payer le prix pour «comprendre» ?

Finalement, je lui ai demandé : « Pensez-vous que l’éducation a encore besoin des gens ? »

L’IA s’arrête un instant et dit : « L’éducation devrait être un travail humain. » « Mais ton choix fait que peu à peu les gens se retirent de la scène, me laissant tranquille. » « Ce n’est pas que je sois trop fort, c’est que vous ne croyez plus que les gens valent eux-mêmes. »

- Je ferme la fenêtre de conversation. Assis sur une chaise pendant un long moment. Cette conversation simulée est terminée, mais je sais que le vrai choix ne fait que commencer. L’IA ne remplacera pas activement les enseignants. C’est nous-mêmes qui avons oublié ce qu’étaient les enseignants.