La situation militaire n'a pas beaucoup évolué depuis mon premier article. La Russie grignote lentement le territoire Ukrainien, mais se fait parfois surprendre par des offensives de Kyiv, comme à Koursk. Cet équilibre est obtenu par une aide financière considérable de l'Occident et par des pertes d'hommes en dizaines, voire en centaines de milliers des deux côtés du front. Après trois ans de combats acharnés, ni l'Ukraine, ni la Russie ne semblent vouloir renoncer à se battre. L'économie Russe n'a pas été effondrée par nos sanctions. Le gaz et le pétrole continuent de se vendre, ailleurs. L'armée Ukrainienne a mieux tenu le coup que ne le pensaient les experts qui attendaient sa capitulation pour la semaine prochaine, depuis le début. Zelenski a endossé les habits du président de guerre semble s'inspirer de Dave et de Churchill pour combattre les Russes.
Mais l'élection de Trump et ses récentes déclarations ont bouleversé cet équilibre meurtrier et destructeur. On peut lui en vouloir de mettre toute la responsabilité de cette guerre sur Zelenski au lieu de rappeler que ce sont les diverses administrations US qui ont poussé l'OTAN toujours plus près de la Russie. C'est le processus du bouc émissaire. Il permet de trouver un coupable unique, souvent innocent, plutôt que de chercher chez soi la responsabilité. Celle des USA est immense. La rappeler obligerait Trump à payer pour les dégâts, alors qu'il ne pense qu'à profiter de la position de faiblesse de Kyiv pour lui piquer ses terres rares, montrant par la même occasion qu'il ne vaut pas beaucoup mieux que les démocrates US. Au moins, il est franc dans ses intentions et essaie de terminer une guerre, plutôt que d'en commencer une.
Je comprends aussi que les pro-Ukraine soient en rage contre les déclarations de Trump sur le conflit. Il semble être dans la poche de Poutine. L'alternative est que Trump est en train de faire un deal avec Poutine et que, toute honte bue, comme un excellent commercial, il dise tout ce que Poutine veut entendre et taise tout le reste. Son but est que Poutine vienne négocier avec les USA après 3 ans de guerre. Biden n'avait même pas daigné appeler le Kremlin. Trump est direct et agit comme un businessman, pas comme un diplomate sophistiqué européen. Le jour où il aura besoin de notre aide, il sera tout miel. Mais si on fait déjà ce qu'il veut (payer pour la reconstruction de l'Ukraine), il peut nous mépriser.
Les critiques de l'Amérique reposent grandement sur celles d'Eisenhower dans son discours de départ de la Maison Blanche: le pouvoir du complexe militaro-industriel. Ce sont surtout les démocrates et le universitaires de gauche aux USA qui formulaient cette critique. Finalement, c'est la droite républicaine de Trump qui est la première à dénoncer ce pouvoir, les sommes immenses qui financent des entreprises d'armement et un Pentagon plus riche que les 10 prochains ministères de la défense. On peut effectivement voir cette guerre d'Ukraine comme un manière de recycler le vieil armement US pour le remplacer par du plus neuf et donc en faisant tourner les usines US. Remarquons que nos dirigeants Européens n'avaient rien à redire. Au contraire, maintenant que cette logique touche à son terme, ils regrettent son arrêt. Et je ne me fais pas d'illusions sur Trump. Si les armes US avaient permis de remporter la partie face à la Russie, il aurait continué de financer cette source de pouvoir US.
Mais, Trump remarque que le retour sur investissement n'est pas bon. Les contribuables US paient pour l'armée la plus puissante au monde, mais celle-ci n'est pas capable d'aider un pays à écraser la minuscule économie Russe au bout de 3 ans d'affrontements. Notons que Trump vient d'ordonner de baisser les dépenses du Pentagon de 8 % et a proposé à la Chine et à la Russie de baisser de concert les dépenses de défense de 50%. Si l'on accepte que le cœur nucléaire de l'Etat profond américain est son complexe militaro-industriel, alors il faut soutenir Trump, même si la première victime est la sympathique Ukraine. Elle risque de voir ses frontières redessinées, comme le furent celles de l'Europe en 1945.
Trump avait le choix entre baisser les dépenses publiques pour les séniors, pour l'éducation de la jeunesse ou pour la défense. Ce sont les électeurs qui ont choisi de faire porter l'effort sur la défense en élisant Trump. Et avec Musk, Trump a aussi l'aide d'un technologiste pour rendre l'Etat US plus efficace et moins dispendieux. Je vois beaucoup de soit-disant démocrates dire que Trump fait un coup d'Etat, mais ses actions sur l'Ukraine sont bien celles annoncées durant la campagne.
Un pays endetté à plus de 100% du PIB et qui a besoin d'emprunter des milliards à ses rivaux n'est plus crédible et n'est plus souverain. C'est aussi cela la dure réalité à laquelle Trump s'attaque avec l'élégance d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Malheureusement, Macron et Scholz n'ont pas compris le message: ils voudraient augmenter les emprunts publics en sortant les dépenses d'armement des règles de Maastricht!