A l'occasion de cette vidéo sur les semi-conducteurs, j'aimerais partager avec vous quelques informations sur la spécificité de TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) dont il est beaucoup question ici:
Cette firme recrute les meilleurs étudiants de Taiwan, notamment les diplômés de la NTU (National Taiwan University), la meilleure université de l'ile. Mon fils (étudiant à NTU), me dit que la firme n'a pas une très bonne réputation parmi les étudiants. Les horaires sont longs, le travail en usine est plus dur qu'un travail de bureau et la pression managériale est intense. Le seul point positif qu'il voit est la paie. TSMC est l'une des entreprises qui paie le mieux ses employés, surtout au moyen de l'intéressement aux résultats.
J'ai parlé de cette vision négative de TSMC à mon beau-frère. La cinquantaine, il travaille comme cadre chez Micron à Taoyuan. Cette firme US produit la majorité de ses DRAM (des mémoires) à Taiwan. Sa firme recrute parfois des ingénieurs en provenance de TSMC pour des postes clé dans l'entreprise. Pour lui, l'avantage concurrentiel de TSMC est sa culture d'entreprise. Pour la résumer, il m'a dit "qu'impossible n'est pas TSMC". Chaque employé doit constamment penser à résoudre les problèmes dans son travail, voire même les anticiper. Ainsi, lorsqu'eut lieu un très fort tremblement de terre le 21 septembre 1999 à 1 heure 47 du matin, à 3 heures du matin, tous les cadres de TSMC étaient déjà en réunion dans l'entreprise. Ils identifièrent immédiatement les machines et les produits dont ils auraient besoin pour réparer les dégâts et lancèrent les commandes chez les fournisseurs partout dans le monde. Quand les autres entreprises du secteurs (comme Micron) se réunirent vers 6 h ou 7 h du matin, certains produits étaient alors en rupture de stock! Ces 3 heures de retard avaient permis de minimiser le temps de réparation et donc de maximiser la rentabilité de l'investissement de la fabrique.
Cette obsession de l'efficacité peut se traduire par des histoires dont la brutalité fait penser à Wall Street. Ainsi, face à un accident de production, le top manager demande au responsable de la ligne de combien de temps il a besoin pour réparer. "Une semaine" est sa réponse. Le top manager demande alors à l'adjoint combien de temps il lui faudrait. "Trois jours." Le top manager congédie alors immédiatement le responsable et nomme l'adjoint à son poste!
Les compensations financières, les bonus personnels et le partage des bénéfices de l'entreprise, représentent la plus grande partie des revenus des employés. En effet, le salaire fixe est relativement bas, pas plus haut que ce que les autres firmes paient. Mais la politique salariale n'est pas qu'incitative! Les 5% des salariés les moins bien notés par leur manager ne reçoivent aucune prime, aucun bonus. TSMC les incite ainsi à quitter l'entreprise.
En conclusion, mon beau-frère Taiwanais doute fort qu'il soit possible de répliquer une telle culture d'entreprise aux USA ou même au Japon. La seule manière qu'il voit de garder cette avance sur la Chine est de continuer d'innover avec une telle culture d'entreprise. Ce n'est pas avec des subventions qu'on peut créer un autre TSMC!
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