Friday, May 31, 2024

Trump, coupable car bouc émissaire

 Pourquoi Trump bénéficie-t-il d'une immunité dans l'opinion (chez ses partisans)?

René Girard expliquerait que tout dirigeant politique est un bouc émissaire. Comme les rois de naguère, Trump endosse le rôle sacré de la violence régalienne avec l’aura de la puissance financière. Le bouc émissaire cristallise sur lui la haine de ses opposants. Plus cette haine est forte, plus il est persécuté, plus il est vu comme bouc émissaire par ses partisans. En se débarrassant de lui, ses adversaires pensent à tort régler le problème qu’il pose, pacifier la société. Or, le bouc émissaire, tant qu'il n'est pas sacrifié, bénéficie d'un caractère sacré. Il est donc intouchable.

Thursday, May 23, 2024

L'ultime champ de bataille, combattre et vaincre en ville



Au départ, j'ai acheté ce livre de Frédéric Chamaud (lieutenant-colonel) et Pierre Santoni (colonel) aux éditions Pierre de Taillac afin de me cultiver dans l'éventualité d'une guerre civile en France. A sa lecture, j'ai appris que le combat en ville n'est pas affaire de civils, mais de militaires. Il faut des armes, des défenses, des moyens de renseignements, un commandement... pour mener ces combats. Les civils ne s'improvisent pas combattants. Ou bien c'est à leurs risques et périls. Certes, des groupes terroristes peuvent tenir tête à de vraies armées en ville, car le terrain est très difficile et les risques d'embuscades nombreux. Mais là on parle de combattants armés, pas de simples civils. 

Ce livre reste néanmoins très intéressant, car la ville (ZUC: zone urbaine ou confinée) est devenue le champ de bataille du XXI siècle. On le voit dans la défense des villes en Ukraine ou le conflit contre Hamas à Gaza actuellement. Ce livre a été enrichi des batailles d'Alep, de Marawi et de Mossoul, mais il contient aussi des informations sur le conflit au sud Liban contre le Hezbollah.

De plus, sans faire de moi un spécialiste militaire, ce livre m'a permis d'en savoir beaucoup plus sur les particularités des combats en Zone Urbaine Confinée. On n'y manœuvre pas avec des grands contingents, mais avec des petites unités aux compétences complémentaires. Le groupe interarmes et entrainé y fait la différence. Par exemple, on peut le doter d'un sniper, de sapeurs (pour traverser les murs), d'un char pour la protection, d'un spécialiste du renseignement (par drone?)... selon les spécificités de l'opération. 

Mais pour vaincre, il vaut mieux disposer d'une supériorité numérique de 6 à 10 contre 1. Il est aussi important de boucler la ville afin d'empêcher la fuite de l'ennemi et qu'il se reforme ailleurs. L'exemple le plus connu est Stalingrad. 

Finalement, même si l'invasion de Gaza par Tsahal est trop proche dans le temps pour être analysée dans le livre, on y apprend beaucoup de choses qui nous éclairent sur les choix de l'armée israélienne. Ainsi, si Israël a longtemps joui d'un avantage net sur les armées conventionnelles voisines dans des combats en plaine, l'IDF s'est fait surprendre par la résistance acharnée du Hezbollah dans les localités du sud Liban. Il fit 50 morts dans les rangs israéliens en 2014 au cours de l'opération Bordure Protectrice. En effet, le Hezbollah avait eu le temps de se préparer à l'arrivée des troupes israéliennes et a pu leur infliger de lourdes pertes. Ils ont notamment utilisé des tunnels, arme que le Hamas s'est empressé de reproduire dans tout Gaza.

Tout comme le Hezbollah, le Hamas s'est minutieusement préparée à une guerre en zone urbaine contre Tsahal. Son rêve fut d'y piéger les blindés israéliens et de les prendre en embuscade grâce aux très nombreux tunnels et à un armement rustique, mais suffisant pour le combat rapproché. Sa connaissance de la zone de combat devait lui donner un avantage décisif sur les soldats israéliens. 

De plus, Hamas a toujours eu pour stratégie d'utiliser sa population civile comme bouclier humain. Soit cela empêche les tirs israéliens, soit Israël tue des civils et l'opinion publique mondiale se retourne contre l'Etat hébreu. En zone urbaine, les morts collatéraux sont particulièrement nombreux et c'est un dilemme pour les démocraties.

La lecture du livre me permet de mieux comprendre comment Israël a déjoué les pièges du Hamas. D'abord, au lieu de boucler la zone de combat au nord, il l'a laissée ouverte et a demandé aux civils de quitter leurs logements. Tsahal préférait que des terroristes s'enfuient plutôt que de bombarder des civils. Dans un second temps, une fois les civils partis, les bombardements furent massifs et n'ont pas épargné les endroits réputés intouchables (écoles, hôpitaux, mosquées...), car ces lieux étaient aussi à usage militaire pour le Hamas. Ces bombardements massifs ont aussi eu pour conséquence de bouleverser la topographie de la ville. Les combattants palestiniens perdirent leur connaissance du terrain.

Ces bombardements massifs qui peuvent sembler excessifs n'ont finalement ont fait moins de victimes civiles que ce que les destructions ont pu laisser craindre (l'ONU les a estimé à la baisse récemment). Cela a permis aux troupes au sol de Tsahal de venir prendre le contrôle sans subir trop de résistance (250 morts tout de même) et de détruire les tunnels de la zone. Par contre, cela a permis au Hamas de se replier vers le sud de Gaza ou bien de revenir dans les zones que Tsahal a quittées. Ces replis sont logiques, car Tsahal ne dispose pas d'assez de soldats pour administrer 2 millions de Palestiniens à Gaza.

L'autre inconvénient, c'est que cela prolonge la guerre car Tsahal fait d'abord en sorte de faire partir les civils avant de s'attaquer à une nouvelle zone. Ce n'est qu'au bout de 7 mois que la zone de Rafah, la plus au sud, à la frontière avec l'Egypte, est enfin le théâtre d'affrontements. Cela a permis de découvrir des tunnels qui connectaient Gaza à l'Egypte, alors qu'il y a un mur en surface! On comprend maintenant d'où viennent les armes et pourquoi certains chefs du Hamas sont introuvables dans la bande de Gaza. Cette fois, cette zone stratégique va très certainement rester sous contrôle israélien pour couper la logistique militaire du Hamas.

En conclusion, la victoire en zone urbaine ne peut s'obtenir sans danger pour ses soldats. Il faut avoir la motivation, les moyens et gagner rapidement de l'expérience pour s'y engager. C'est un sujet vraiment d'actualité et cela rendit sa lecture plus intéressante que prévue.

Monday, May 20, 2024

Mon interview par Marc Guyon

Dans cet entretien, il est surtout question d'expatriation et de la France. Marc Guyon est un homme politique français résidant à Taiwan. J'avais eu l'honneur de voter pour lui aux dernières législatives. Très actif, il obtint l'un des meilleurs scores pour son parti de l'époque, Reconquête! 
Bon visionnage!
 

Saturday, May 11, 2024

Les problèmes de la France. A qui la faute?


Chaque groupe, chaque parti politique nous propose une liste de coupables pour tout ce qui ne va pas en France. Essayons de faire une liste (non exhaustive):
- les riches et les multinationales qui s'en mettent plein les fouilles(pour la gauche),
- les fraudeurs sociaux, les profiteurs du chômage... (pour la droite),
- les fonctionnaires trop nombreux et fainéants (pour les libéraux),
- la commission européenne et 'Bruxelles' (pour les souverainistes),
- les hommes politiques (pour les abstentionnistes),
- les juifs (pour les antisémites),
- les étrangers clandestins (pour le Rassemblement National),
- les musulmans (pour Reconquête),
- les Boomers, les retraités (pour les jeunes actifs)
- les USA et l'OTAN (pour les anti-américains),
- la Chine (pour ceux qui ont peur du péril jaune)
Etc...

Faire de la politique, c'est désigner un ennemi, selon Carl Schmidt. Mais pour René Girard, la grande avancée judéo-chrétienne, c'est de prendre conscience que la victime émissaire (communément appelée 'bouc émissaire') est innocente et que la culpabilité est en chacun de nous. Et je veux vous montrer rapidement que le Christ et Girard ont raison!

Voyons pour chacun des groupes mentionnés:
- les riches et les multinationales: non seulement ils ne sont pas coupables, mais c'est bien grâce à leurs investissements que le monde capitaliste se développe rapidement et que l'économie devient de plus en plus productive.

- les fraudeurs sociaux: Il y a d'abord ceux qui sont dans la légalité et travaillent juste assez pour pouvoir toucher le chômage. Ils cherchent simplement à maximiser leurs revenus en travaillant le moins possible. C'est un comportement normal dans des temps normaux. Ce ne sont pas eux qui ont fait les lois. Ils ne font que jouer avec les règles stupides qu'on leur donne. Et pour ceux qui fraudent en faisant de faux papiers... Ils ne le font en grand nombre que parce que l'Etat ne fait pas bien son travail de contrôle et de répression. On n'imagine pas une banque privée se laisser frauder longtemps sans réagir...

- les fonctionnaires trop nombreux: la grande majorité des fonctionnaires travaille pour gagner de l'argent légalement et en vivre. Ils ont répondu à une demande d'emploi et ont été recruté grâce à leurs compétences. Ce ne sont pas eux qui sont personnellement responsables de la création de leur poste. Ils répondent à une demande.

- l'Europe de Bruxelles: Primo, une organisation politique cherche toujours à obtenir plus de pouvoirs et d'attributions, surtout si les politiques de tous bords et tous pays vous disent combien elle est essentielle, qu'elle crée la paix et la prospérité. On ne peut pas critiquer Bruxelles d'avoir des pouvoirs trop grands. Si elle les a, c'est parce que nos hommes politiques les lui ont donnés. Secundo, les politiques français sont souvent lâches et quand il s'agit de faire passer une réforme impopulaire, ils préfèrent souvent dire que c'est la faute à Bruxelles, plutôt que d'avouer qu'elle les arrange aussi. Exemple: la règle de 3% de déficit est une règle du traité de Maastricht. Les gouvernements français seraient bien inspirés de s'y tenir. Tertio, si la commission européenne n'est pas élue démocratiquement, elle procède d'un compromis entre les gouvernements des Etats membres. Van der Leyen n'est pas arrivée à sa tête par hasard, mais elle fut placée là par Merkel et Macron.

- les hommes politiques et surtout celui qui est à la tête de l'Etat, Emmanuel Macron. Charles Gave dit souvent que leur fonction est de prendre la foudre et d'être remplacés s'ils ne font pas le boulot que les électeurs attendent d'eux. C'est une autre manière de dire que ce sont des victimes émissaires! Or, depuis 40 ans, on peut faire remarquer aux Français qu'ils ont plus souvent voté deux fois pour leurs présidents (Mitterrand, Chirac, Macron) qu'une fois (Sarkozy et Hollande). Et pourtant, avec le suffrage universel, il n'a jamais été aussi simple et paisible de changer de chef d'Etat pour le peuple!

- les juifs ne sont pas coupables de ce qui ne va pas dans notre pays. Il y en aurait beaucoup à gauche et dans les médias. Mais quand on voit le tournant de LFI actuel et ses accointances avec les frères musulmans, on peut fortement douter du pouvoir des juifs sur la gauche!

- les étrangers clandestins n'ont rien à faire en France et sont effectivement coupables d'avoir franchi la Méditerranée illégalement. Mais leur venue est compréhensible pour des gens qui veulent chercher des meilleures conditions de vie dans nos pays riches. Mais s'ils sont clandestins, c'est qu'ils n'ont pas pu recevoir de visa et de titre de séjour. Nos lois disent qu'ils n'ont pas le droit d'être en France. Or, s'ils y sont quand même, c'est avant tout une faillite de notre Etat, incapable de bien surveiller les frontières et de refouler les personnes indésirables. S'ils viennent quand même, c'est parce qu'ils savent que c'est possible.

- les musulmans 'musulmannent'! Ce que je veux dire par ce mot transformé en verbe, c'est que la caractéristique d'un ou d'une musulmane est de vivre selon les règles islamiques, et ces règles ne s'appliquent pas qu'au religieux. On ne peut donc pas reprocher à des musulmans de faire ce que les musulmans font. Le port du voile pour les femmes, l'interdiction du porc, de l'alcool, de la consommation de repas en journée durant le Ramadan, le cri 'allah akbhar', les mosquées, l'antisémitisme... Tout cela est normal chez les musulmans et il ne nous appartient pas de les obliger à renier leur foi et leurs coutumes. (Par contre, il appartient aux électeurs de France de décider s'ils veulent d'une immigration musulmane).

- les Boomers sont quasiment tous à la retraite. Avant de les critiquer, remarquons qu'ils nous laissent un beau pays qui reste parmi les plus puissants de la planète. Doté de l'arme atomique, d'un parc de centrales nucléaire impressionnant et de fleurons économiques nombreux (LVMH, L'Oréal, Air Liquide, Airbus...), la France a encore de nombreux atouts pour un renouveau. Ne soyons pas ingrats comme la gauche, adepte de la table rase intégrale. Certes, les Boomers ont mis en place un système de retraite par répartition toxique pour les jeunes car il les empêche d'épargner par capitalisation. Mais ce système de retraite, s'il est avantageux pour les retraités sur le court terme, il est un frein à la croissance du pays et à l'équilibre des comptes publics (dans le rouge depuis 50 ans). Un tour de vis et une réforme drastique sont inévitables. Un Etat ruiné ne peut payer des retraites généreuses aux retraités.
Les calculs financiers montrent que les retraites des Boomers auraient été encore meilleures s'ils avaient eu la possibilité de choisir la retraite par capitalisation! Ainsi, même s'ils profitent du système actuel, ils auraient pu avoir plus. Au lieu de les critiquer et les pousser à voter pour conserver la répartition, une meilleure approche serait de les convaincre qu'une transition vers la capitalisation est aussi dans leur intérêt.

- les USA et l'OTAN. Les USA sont la première puissance mondiale et ils ont réussi à vaincre les Soviétiques dans une guerre froide très peu sanglante. Or, la menace Soviétique concernait surtout l'Europe, avec une grande partie de l'Europe orientale du mauvais côté du rideau de fer. Ce fut la troisième fois en un siècle que les Américains sauvaient les Européens d'un totalitarisme! Comme puissance malfaisante, on a vu pire! Alors, certes, depuis quelques temps, les USA sont devenus une force d'instabilité avec leurs déficits, leur immigration incontrôlée depuis le Mexique et quelques conflits mal gérés (Lybie, Afghanistan, Irak, Ukraine). Personne n'est parfait! Et plutôt que de critiquer les lacunes dans leur démocratie, essayons d'abord de réparer ce qui va mal chez nous.

- La Chine est souvent pointée du doigt par ceux qui se lamentent de la désindustrialisation de la France. La Chine aurait attiré nos usines grâce à sa main d'œuvre bon marché. Dans ce dossier, Charles Gave de l'Institut des Libertés a montré comment ce sont nos décisions politiques qui ont conduit à cette désindustrialisation. La preuve est que la Suisse, dont la monnaie est bien plus forte que l'Euro, a une industrie dont le poids est de 22% du PIB contre 11% en France.

Mais alors, à qui la faute? 

La réponse chrétienne et libérale est que tous les Français sont responsables. Imaginez si les électeurs avaient voté: 
- 1981: VGE 
- 1988: Raymond Barre 
- 1995: Raymond Barre 
- 2002: Jean-Marie Le Pen 
- 2007: Alain Madelin 
- 2012: Alain Madelin 
- 2017: François Fillon 
- 2022: François Fillon.

La France d'aujourd'hui serait bien différente. Ce qui a manqué pour faire élire ces présidents, c'est la responsabilité de ce qui ont mal voté, de ceux qui se sont abstenus et de ceux qui ont bien voté, mais n'ont pas réussi à convaincre leurs proches de faire le meilleur choix pour la France. Je m'inclus, bien entendu, dans cette liste de gens responsables des malheurs de la France. Ce blog est ma contribution au débat et pour convaincre les électeurs de voter du mieux possible, car on a les politiques de nos votes (et de nos absentions).