Wednesday, December 11, 2019

Bloquer les retraites à 13.8% du PIB et la taille du gateau

A l'occasion du débat sur les retraites, j'entends une bêtise qui frise le mensonge et en dit long sur l'absence d'éducation économique en France. En bloquant la part de la production nationale (13.8%) consacrée aux retraités, on va nécessairement appauvrir les retraités, car ils seront de plus en plus nombreux avec l'allongement de l'espérance de vie (et la baisse de la natalité. Le raisonnement semble logique: plus de monde pour une même part de gateau, cela signifie que la part de chaque retraité va baisser.

Ce raisonnement se tient si on considère que le PIB va rester constant dans le futur. C'est vrai qu'il stagne en France depuis de nombreuses années. Mais dans une économie forte, il serait possible de faire augmenter le PIB aussi vite que le nombre de retraités et cela permettrait donc d'assurer un revenu égal à celui des retraités actuels. Et augmenter la part qu'on donne aux retraités ne signifie pas non plus qu'ils recevront plus. Si la population active chute et la richesse produite baisse de 50%, il y aura mécaniquement moins d'argent pour les retraités, à moins de vouloir complètement spolier les actifs!

La taille du gateau est donc essentielle, et même s'il est plutôt stable dernièrement, rien ne nous assure que ce sera encore le cas quand la population active baissera. Or, ce dernier point montre bien que la façon dont nous organisons la retraite a/aura un impact dynamique sur la richesse du pays. Or, on ne parle pas assez de cette relation entre la retraite et le PIB. Comment faire pour augmenter le PIB dans le futur? Comment faire pour que la retraite aide au développement économique du pays, plutôt qu'il ne soit un frein, un boulet?

L'argument que les retraités font tourner l'économie car ils dépensent leur argent en France ne tient plus car beaucoup vont vivre au Portugal, en Grèce, en Espagne ou font de beaux voyages. Et s'il suffisait de dépenser de l'argent pour faire tourner l'économie, les politiques keynesiènnes des 40 dernières années auraient su éliminier le chômage.

Non, la seule source de richesse, c'est la productivité. Produire plus d'aliments pour donner à manger à une population mondiale qui croit. Produire plus de logements pour les loger. Produire plus de services aussi. Or, comment peut-on augmenter la productivité dans une entreprise ou un pays? Cela se fait souvent par les inventions et les investissements. Par exemple, l'invention de robots qui automatisent les tâches répétitives permet de produire plus avec une main d'oeuvre égale. Mais cela demande aussi des moyens financiers, car construire automatiser des usines est un investissement.

La formation et l'éducation sont donc essentiels. Un travailleur bien formé est plus productif qu'un travailleur sans formation. Ici, les retraités pourraient prendre un rôle de formateur qui leur permettrait d'avoir une occupation moins pénible en fin de carrière.

L'autre interaction entre retraite et productivité est l'investissement. Dans un système par répartition, l'argent passe simplement des actifs aux retraités. C'est un jeu à somme nulle. Ce qui est perdu par les actifs est gagné par les retraités. Cela ne contribue donc pas à créer de nouvelles richesses.
Dans un système par capitalisation, par contre, les économies des actifs deviennent des investissements et contribuent donc au développement économique. Ne pas vouloir passer progressivement à un système par capitalisation, c'est donc ralentir le développement du pays et faire en sorte que ce soient les fonds de pension étrangers qui contrôlent de plus en plus les grandes entreprises françaises!

Les contradictions des manifs contre la réforme des retraites.

Les manifestants sont en colère que le gouvernement réforme les retraites. C'est compréhensible dans un pays vieillissant où une grande partie de la population approche de la retraite. Cette incertitude sur le futur est anxiogène, surtout quand on sait l'état calamiteux des finances de la France (une dette de 100% du PIB et des déficits depuis plus de 40 ans). Mais au lieu de réclamer la possibilité de gérer eux-même l'argent qui est consacré à la retraite, en passant progressivement à la capitalisation, la majorité des Français continue de vouloir que ce soit l'Etat qui gère les retraites. Cette fois, la réforme consiste à mettre main basse sur les réserves des médecins et des avocats, puis de doubler les cotisations des avocats! Peu de gens se battent contre cela!

La France est le pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. C'est au nom de ces principes que les syndicats sont les plus âpres défenseurs de la retraite par répartition. C'est pour la solidarité entre générations! Or, ils demandent que la réforme Macron ne s'applique pas à eux, mais qu'aux futurs retraités, nés après 1985 (pour le privé). Et tant pis pour l'égalité! Le mot solidarité qui remplace maintenant la fraternité sonne plus que creux: c'est un prétexte pour mieux exploiter et voler les jeunes générations!

A l'occasion des manifs contre la réforme des retraites de Macron, je contemple mes droits à la retraite en France et à Taiwan. En France, ayant bossé 1 an et ayant fait mon service militaire de 10 mois, j'ai cotisé 1 an dans une caisse de cadre et j'ai donc validé 8 trimestres. Depuis que je suis à Taiwan, je n'ai rien versé dans les caisses de retraite des Français de l'étranger, car j'ai préféré capitaliser par moi-même plutôt que faire confiance à l'Etat français.

Comme pour toucher une retraite en France, il faut au moins 146 trimestres (avec une décote de 25%) et que j'ai juste 8 trimestres, il me faudrait travailler au moins jusqu'à 82.5 ans si je commençais à cotiser aujourd'hui. Bref, je ne vais pas faire cela et je ne recevrai donc rien pour mon année de cotisations en France. Durant cette année, j'avais calculé que mon taux d'imposition total frolait le 60% de mes revenus. Je n'avais été capable que d'économiser grosso modo 2000 Euros, un mois de salaire net, en habitant chez mes parents. Et j'ai utilisé cet argent pour partir à Taiwan.

23 ans plus tard, à Taiwan, ma carrière en tant que salarié est incomplète. J'ai cotisé 8 ans environ pour rien dans le système local avant de devenir indépendant (et de ne plus cotiser dans ce système). Bref, mes droits à la retraite par répartition sont les même qu'en France: rien! (Note: j'aurai donc cotisé 9 ans en tout pour ne rien recevoir du tout. Je pose cela ici pour qu'on ne m'accuse pas à la légère de ne pas être "solidaire"...)

Heureusement, les cotisations retraite à Taiwan sont faibles et la retraite y est très faible également. Ce n'est donc pas une trop grande perte, mais une perte quand même pour quelqu'un qui a une carrière atypique. (On peut voir à mon propre exemple que l'Etat n'arrive pas à prévoir toutes les situations.)

Ainsi, je n'attends rien des Etats français ou taiwanais. Mais je ne suis pas inquiet pour mon avenir ou ma retraite. Je n'ai aucun droit sur des prestations futures, mais j'ai tous les droits sur les économies que j'ai pu mettre de côté par mon travail et qui ont fructifié dans l'immobilier, la bourse et l'assurance-vie. Et, grâce aux faibles prélèvements obligatoires à Taiwan, ma femme et moi avons pu mettre une part substantielle de nos revenus de côté. (Je n'ai jamais eu de revenus mirobolants, ayant toujours travaillé au droit local et non comme expat).

Certes, nous avons essuyé quelques grosses pertes lors de placements risqués dans la high tech taiwanaise et depuis nous investissons plutôt dans les gros index que dans des petites firmes. La capitalisation n'est pas un long fleuve tranquille, et de meilleurs rendements impliquent toujours une prise de risque. A chacun de savoir quel niveau de risque il est prêt à prendre. Mais je me sens mieux en sachant que ma retraite viendra de ce qui m'appartient, plutôt que de ce que l'Etat prendra aux actifs dans 20 ans!

Chaque parent devrait souhaiter ne pas être une charge pour ses enfants. Et souhaiter qu'ils puissent rapidement se constituer leur propre capital et affronter la vie en hommes et femmes libres qui peuvent dire "non" à un employeur si celui-ci ne les rémunère pas correctement, ou bien pouvoir lancer leur propre petite entreprise... 

Saturday, December 7, 2019

Une émission, une idée

Les face-à-face avec Zemmour sur CNews sont un événnement médiatique. Ses interventions font tellement polémique que certains (à gauche) veulent le faire taire et le bannir des médias. Et comme l'appel à la censure a souvent l'effet inverse (ex: Playboy ou Lui pour qui fut ado avant Internet), je suis devenu un spectateur régulier de l'émission. En effet, chaque débat est l'occasion d'un échange d'idées que M. Zemmour sait rendre intéressant. Il n'hésite pas à prendre des positions opposées à celles où on l'attend. Il sait reconnaitre là où il est d'accord avec son adversaire. Il sait aussi articuler sa pensée et l'expliquer avec des mots simples, mais aussi des références historiques. Et son autre qualité est de ne pas donner trop d'idées d'un coup, mais de les distiller peu à peu dans chaque émission. Cela m'a donné l'idée de faire ce best of condensé et d'en proposer mon commentaire ou ma critique.

26 novembre 2019: face à René Dosière
"Les Français n'attendent pas l'exemplarité des hommes politiques, mais l'efficacité, l'utilité". Voilà un superbe exemple de contre-pied et de prise de position risquée qui rend le débat intéressant. En effet, il faut du culot pour dire qu'on s'en fout de comment les politiques dépensent l'argent des contribuables et que le budget de fonctionnement de l'Elysée, de Matignon... on n'en en rien à faire. Cependant, Zemmour a raison de dire que si on se rabat là-dessus pour les critiquer et les contrôler, c'est car on est mécontent de leur performance. Or, la politique, ce n'est pas de se choisir des enfants de coeur et de saints hommes pour diriger l'Etat. La politique, c'est souvent de prendre des décisions difficiles et de les faire appliquer. La politique, c'est savoir trahir, soudoyer... mais surtout c'est obtenir des résultats. Or, effectivement, depuis l'Euro, les politiques français ressemblent plus à des petits gestionnaires infoutus d'équilibrer leurs comptes, et ils ne méritent pas les traitements et frais de bouche qu'ils s'octroyent.

27 novembre 2019: face à Jean-Christophe Lagarde
"Il n'y a pas d'Europe. Il n'y a pas de nation Européenne..." Zemmour est contre l'idée d'une Europe fédérale, et dit que seul une nation peut envoyer son armée au combat. Une armée Européenne n'est pas possible, car personne à Bruxelles n'a la légitimité nécessaire pour l'envoyer se battre et se faire tuer. Cet exemple concentre bien ce qui est au centre d'un Etat, d'une nation. C'est une notion sur laquelle j'ai évolué, surtout après avoir fait mon service national dans la brigade franco-allemande. Et, bien que franco-allemand, je dois m'empresser d'ajouter que j'ai fait mon service du côté français. Car bien que cette brigade, pensée comme un embryon d'armée européenne soit binationale, j'ai pu constater qu'il n'y a pas de fusion possible entre les 2 armées. Elles sont trop différentes. Depuis, je crois que le mieux est si l'Europe se limite à un grand marché unique, et que les alliances militaires, industrielles... sont mieux gérées au cas par cas, avec des coalitions de nations différentes, plutôt que chaque fois à 27 ou 28 (je ne sais plus combien il y a de pays dans l'UE!)

28 novembre 2019: face à Odon Vallet
"L'époque n'aime pas l'autorité, la verticalité. Mais moi cela me plait", dit Zemmour. Sur ce point, je suis en désaccord avec lui. Pour moi, l'autorité n'a pas perdu de son importance avec 1968, mais avec l'éducation des citoyens. Autrefois, on avait des élites peu nombreuses et très éduquées. Il était rationnel de leur reconnaitre une autorité sur un grand nombre de sujets. Mais de nos jours, avec la société de la connaissance, d'Internet... chaque citoyen occidental peut vite se faire un opinion sur des sujets pointus. Les boulots stupides à la chaine sont de moins en moins nombreux. Les boulots dans les services, eux, demandent une intelligence du contact social, de l'EQ (Emotional Quotient). La valeur ajoutée du service vient de la formation des salariés, de leur intelligence émotionelle. Bref, dans la société moderne, la grande majorité des gens exercent des responsabilités et sont en mesure de comprendre aussi bien que les dirigeants. C'est ce qui permet justement la démocratie. Et je dirais que c'est une contradiction chez Zemmour. Il dit aimer le peuple français, et qu'il a raison quand il vote 'Non' à l'Europe de Maastricht, mais il est pour l'autorité du chef. Or, le chef de l'Etat, c'est justement lui qui est passé outre et n'a pas suivi l'avis du peuple!!

2 décembre 2019: face à Julien Aubert
"Les Chiraquiens sont des gens qui n'ont aucune conviction et qui se soumettent à la gauche et à la doxa médiatique."

Avec cette phrase, Eric Zemmour résume la cause du mal français de ces 40 dernières années. Ce n'est pas tant la faute aux socialistes qui menèrent une politique de gauche d'augmentation du poids de l'Etat. C'est ce à quoi il faut s'attendre d'eux. Non, le problème vient de la droite chiraquienne qui s'est soumise à la gauche et aux médias (surtout publics) et qui ne fit pas de politique de droite.
Bien vu!

3 décembre 2019: face à Jean Daniel
"'La concurrence permet d'éliminer les rentes' selon le libéralisme classique, mais selon le grand historien Fernand Braudel 'le capitalisme n'a jamais respecté les règles de la concurrence car le capitalilisme c'est justement essayer d'empocher le maximum de rentes' donc il y contradiction entre les 2."

C'est la première phrase du débat qui vaut le coup d'être vu dans son entièreté. Je m'y arrête car on sait que Zemmour, s'il est de droite, n'est pas réputé libéral. Pourtant, on voit ici qu'il a l'esprit fin et qu'il sait dénicher les points faibles de ses adversaires. Avec cette contradiction, il espère déstabiliser un libéral qui défendrait le capitalisme, mais ici cela ne porte pas, car Jean Daniel a défendu la concurrence. Là où Zemmour a raison, c'est que chaque entreprise (et chaque personne) essaie de gagner de l'argent en travaillant le moins possible, et donc par la rente. Mais comment empêcher cela? Pour les libéraux, la concurrence est le meilleur moyen. Si l'Etat fixe trop de règles, il risque de créer des situations de monopole. Et il n'y a rien de tel qu'un monopole protégé par l'Etat. C'est ce qu'on appelle alors le capitalisme de connivence.

4 décembre 2019: face à Céline Pina
"Il y a contradiction entre notre modèle social et la mondialisation... les frontières ouvertes".

C'est ce que disait aussi Milton Friedman, le grand libéral prix Nobel. A la différence que Milton Friedman voulait convaincre d'abandonner le socialisme, car cela attire trop de gens qui viennent pour les aides sociales! Pour Zemmour, c'est l'argument qu'il avance, avec un certain génie, pour convaincre la gauche de fermer les frontières à l'immigration: la meilleure façon de rester socialiste, c'est de ne pas faire venir encore plus de pauvres du sud. Et plus tard il utilise encore une idée d'un homme de gauche, Engels, "au-delà d'un certain seuil, la quantité devient une qualité". Bref, quand il y a un trop grand nombre d'immigrés, ce ne sont plus eux qui s'assimilent à la France, mais nous sommes ceux qui quittent les territoires qu'ils habitent (le 93...)

5 décembre 2019: face à Michel Maffesoli
"La politique, c'est désigner l'ennemi, selon Carl Schmitt." Et sur quoi Maffesoli dit que "l'ennemi actuellement c'est la technocratie, l'énarchie" et Zemmour dit qu'il est bien d'accord.

On est trois! Et sur ce point, je veux bien rappeler qu'il ne s'agit pas de désigner tout le secteur public comme ennemi. La plupart des fonctionnaires n'y sont pour rien dans la structure du système de l'Etat. Les seuls responsables sont les politiques trop timorés pour réformer dans le sens de la libéralisation et les bureaucrates conservateurs qui veulent toujours plus de pouvoir et d'impôt. Macron, lui n'est pas timoré, mais ses réformes ne vont pas assez loin et consolident encore plus la technocratie.

9 décembre 2019: face à Denis Olivennes
"Le système français (des retraites) s'appuyait sur ce trépieds: le protectionisme, la politique nataliste et la préférence nationale (...) et les socialistes ont tout foutu en l'air dans les années 80".

Ces 3 arguments de Zemmour sont très faibles et il a pratiquement tort sur toute la ligne. On peut dire que ce trépied s'applique aussi à Cuba ou à la Corée du Nord, mais visiblement ces 2 pays n'ont pas la prospérité de la France et leur retraités sont dans une misère extrême. C'est qu'il doit y avoir une autre explication (hint: le système libéral). Passons en revue les arguments les uns après les autres:

1. le protectionisme. Cela me rappelle l'argument de Zemmour sur les droits de l'homme universels donnés par la France au monde en 1789. Il dit que la France pouvait être universelle quand elle dominait le monde. Etre universel, c'est être ouvert. Ce n'est pas être défensif. Or, dans l'après seconde guerre mondiale, ce sont les USA qui poussent tous les pays à s'ouvrir car ils ont une certaine avance technologique et capitalistique, mais cela ne les dérange pas trop que l'Allemagne et le Japon arrivent à se redresser, car la prospérité amène la paix. La France s'est aussi progressivement ouverte durant les 30 glorieuses et le commerce mondial a toujours cru plus rapidement que le commerce national. Et quand il y eut du protectionisme, cela n'a jamais marché (les VHS...)

2. La natalité française a longtemps été un peu plus haute qu'ailleurs, mais il est curieux de ne pas entendre dire Zemmour que ce fut surtout le fait de populations immigrés provenant de pays dont la natalité était plus forte encore. Or, partout dans le monde la natalité baisse. Seules les communautés religieuses plus traditionnelles (Amish aux USA, juifs orthodoxes en Israël) ont une natalité forte en Occident. La crise de la foi en Europe ajoute probablement des peurs au malaise économique.

3. La préférence nationale. Ici, pour Zemmour, cela a le sens d'absence d'immigration. Ici, il n'a pas tort et je renvoie au débat du 4 décembre. Mais l'expression 'préférence nationale' est d'habitude le pendant du protectionisme: les politiques préfèrent dire cela que 'va vous empêcher d'acheter moins cher ailleurs'! Là où je ne suis pas d'accord, c'est que les immigrés pourraient facilement contribuer positivement à la société si celle-ci était libérale (aucune aide sociale, pas de SMIC).

10 décembre 2019: face à Jean Lassalle
Zemmour commence par faire l'éloge du "personnage" de Lassalle, mais il termine en montrant la vacuité de ce politique qui a été au MoDem et ne semble pas avoir de vrais convictions. Du coup, cela ne m'intéresse pas d'assister au débat. Mais on voit là une qualité de Zemmour qui montre son objectivité: il ne voit pas les gens en noir ou blanc. Il est capable de voir les points positifs et négatifs des politiques. Et il faut faire attention quand il vous lance des fleurs, car ce qui suit peut être destructeur!

11 décembre 2019: face à Gaspard Gantzer
"La comm est fondamentale, car ce n'est pas de la comm. (...) La comm est devenue une idéologie en soi, c'est l'idéologie des élites mondialistes, moins hiérarchique, moins verticale, plus cool, (...) plus sociale-démocrate, plus féminine..." Zemmour aurait pu parler de 'pensée unique', le terme qu'on a utilisé depuis Baladur, il me semble. C'est la critique du fait que la politique de la droite est semblable à celle de la gauche depuis 1983.  Mais c'est aussi la critique du fait que les médias ne supportent plus qu'un seul type de discours autour de certaines valeurs et que ceux qui, comme Zemmour, défendent autre chose (patriotisme, libéralisme économique) sont ostracisés. Sur ce point, je donne raison à Zemmour.
Sinon, c'est bien Gantzer qui a lancé Zemmour sur l'immigration en critiquant que Paris devienne une nouvelle Babylone (une ville où l'on parle 1000 langues, donc pleine d'étrangers).

12 décembre 2019: face à Nicolas Baverez
Zemmour ressort la critique du libéralisme classique qu'il avait fait face à Madelin: "Le juge a un pouvoir excessif (dans l'Etat de droit actuel) ... et il faut revenir au suffrage universel et au pouvoir de la majorité." Et les 2 exemples qu'il emploie sont ces 2 décisions du Conseil constitutionnel:
1. "Au nom de la fraternité, on a le droit de faire entrer des immigrés clandestins."
2. "Au nom d'un obscur article dans la déclaration des droits de l'homme qui parle de la gratuité de l'enseignement, le gouvernement n'a pas le droit de faire payer des droits d'inscription plus importants dans les universités pour les étrangers."
"Vous (N. Baverez) appelez cela d'état de droit, moi j'appelle cela le gouvernement des juges".

La réponse de M. Baverez est d'ordre général et il dit aussi que la critique de Zemmour est fondée, mais il ne mentionne pas plus ces 2 exemples. Or, leur examen montre que leurs positions ne sont pas opposées du tout. Voyons les 2 décisions dont parle Zemmour en détail:

1. Le libéralisme est pour la liberté de circulation, mais il est surtout pour l'état de droit, c'est-à-dire vivre dans une société où règne la loi qui est la même et s'applique à tout le monde. Or, cet espace où s'applique la loi est la nation et chaque nation a des frontières au-delà desquelles s'appliquent d'autres loi. Le passage de la frontière n'est donc pas un acte anodin. C'est pourquoi, chaque pays a un grand nombre de lois qui définissent les conditions de ce passage, quels étrangers ont le droit de venir, pendant combien de temps, sous quelles conditions... Or, si des juges disent que le principe de fraternité est supérieur aux lois et qu'il faut laisser entrer les clandestins en faisant fi des lois existantes, ce sont ces juges qui sont hors-la-loi! Zemmour a raison en disant que ces juges créent ainsi une nouvelle règle, c'est à dire une nouvelle loi. Or, ils n'ont pas ce droit. Seul le peuple et ses représentants peuvent faire les lois. Le rôle des juges est simplement dire si la loi est conforme aux grands principes et si elle est bien appliquée. Du point de vue libéral, ces juges n'ont pas fait leur travail, car les lois qui régissent nos frontières laissent la place à la fraternité (ex: le droit d'asile).

2. Dans un pays, on peut admettre que tous ses habitants profitent de l'éducation supérieure de la jeunesse. Même si on est ouvrier, on est bien aise d'avoir des médecins pour être soigné et des ingénieurs pour bâtir des routes et des usines. On peut donc concevoir que l'Etat et donc ses contribuables paient pour l'éducation de sa jeunesse, car elle en retire aussi les bénéfices. (Nous ne parlons pas de 'gratuité', car ce mot est trompeur. Aucun prof et aucune institution ne fournit un enseignement gratuit: il est toujours payé par quelqu'un (l'élève, ses parents ou le contribuable). Or, dans le cas d'étudiants étrangers, on s'attend à ce qu'une grande partie d'entre eux retourne dans leur pays d'origine. Le contribuable français ne tirera donc qu'un bénéfice très maigre de l'éducation de ces étrangers. La seule raison de faire ainsi, à la rigueur, serait s'il y a réciprocité et qu'un nombre similaire d'étudiants français va étudier dans les pays d'où viennent les étudiants étrangers.

Bref, il est tout à fait normal et logique de faire payer des frais d'inscription supérieurs aux étrangers. Ce n'est pas du tout contraire aux droits de l'homme ou aux lois de la République. Le libéralisme classique voudrait même que l'éducation soit privée afin que chaque étudiant décide si il pourra ou non gagner plus en suivant telle ou telle formation. Cela éviterait de subventionner des formations sans réels débouchés! Zemmour et Baverez peuvent s'accorder là-dessus!

Mais cette discussion sur le pouvoir des juges montre l'importance du choix de ces juges. On le voit surtout pour la cour suprême aux USA. Les conservateurs choisissent des juges qui interprètent les lois en fonction de ce que dit la constitution. Les démocrates nomment, eux, des juges qui interprètent la constitution en fonction de leur idéologie socialiste et de l'air du temps. Effectivement, c'est une dérive anti-démocratique et anti-libérale. Cela nous rappelle qu'aucun système n'est parfait, mais dépend de la sagacité de ses acteurs. 

Ajout du 15 décembre: Concernant le pouvoir des juges (constitutionnels), Nicolas Baverez aurait pu regretter qu'ils n'exercent pas suffisamment leur pouvoir! Je me rappelle que lorsque F. Hollande  voulait taxer les super riches à 75%, certains avaient objecté que ce serait anticonstitutionnel. Or, si on ajoute tous les impôts et cotisations actuelles, on est déjà à plus de 66% pour la plupart des cadres en France. Quand l'Etat vous prend les 2 tiers de ce que vous gagnez, vous n'êtes plus vraiment libre. Vous travaillez d'abord pour les autres avant de travailler pour vous. La révolution de 1789 fut faite contre des impôts bien moins lourds... Bref, cela fait depuis longtemps que les juges du Conseil Constitutionnel auraient du dire 'Non' à la folie taxatoire des gouvernements successifs, bien qu'ils aient été élus démocratiquement! Le problème, c'est le biais gauchiste de ces juges et leur absence de lecture originaliste de la constitution.

16 décembre 2019: face à Pascal Boniface
Le débat sur la Chine et les USA est intéressant, mais on ne se pose pas la question qui devrait être essentielle: pourquoi la Chine a-t-elle une telle croissance? N'y a-t-il pas des choses qu'elle fait bien et dont nous devrions nous inspirer pour retrouver la croissance chez nous?
Zemmour et Boniface sont souvent d'accord sur les USA, mais pas sur le multilatéralisme. Mais le clash le plus important entre les 2 vient quand il est question d'islamo-gauchisme. Pascal Boniface récuse ce terme qui est injurieux (cf. isme) et est un peu la réponse des nationalistes quand on les qualifie de racistes. Quand on en arrive aux injures, il est difficile de continuer un débat, mais M. Boniface a su garder son calme et a continué de défendre ses idées. Il a notamment été d'accord avec le concept d'"islamophobie". Or, sur ce point, il je lui donne tort et la meilleur explication ne vient pas de Zemmour, ma de cette vidéo d'Hamed Abdel Samad, un ancien frère musulman:

En France, tous les citoyens ont les mêmes droits. Et Zemmour a raison de dire qu'en "portant le voile, les femmes musulmanes se stigmatisent elles-même".

17 décembre 2019: face à Damien Abad (président de LR à l'AN)
"LR c'est mort (...) Vous êtes un modéré. Vous êtes hors du temps. LR c'est des centristes modérés et mous." répète Zemmour, un peu comme face à Julien Aubert. Damien Abad lui rétorque sa mesure la plus forte au conseil général de l'Ain: la création d'une brigade anti-fraude au RSA et il semble très content de lui-même d'avoir pu la faire malgré l'opposition de la gauche. Or, lutter la fraude aux aides sociales n'est pas une politique libérale de droite. C'est simplement de la bonne gestion. Ce président du groupe LR a fait un bon boulot de bureaucrate, d'élu local, mais il n'a pas de vision libérale ou de vision nationale. Une politique libérale consisterait à supprimer le RSA et à encourager des organismes privés à venir en aide aux plus démunis en les réinsérant par le travail. En effet, le RSA crée une dépendance qui sape l'honneur, l'estime de soi des gens qui le reçoivent. Cette politique de redistribution vise surtout à soudoyer ces électeurs pour les faire voter à gauche, et avec elle la pauvreté ne fait que croitre en France. Et puis cela crée une trappe de la pauvreté. Sous un certain seuil de revenus, les avantages sont si nombreux que cela incite à rester pauvre au lieu de gagner plus. Zemmour a donc raison sur l'état des LR, même s'il l'analyse sous un angle un peu différent.

Tuesday, November 19, 2019

Préjugés, discriminations et comment ne pas devenir une victime

L'homme n'a commencé à se civiliser qu'il y a 5000 ans environ. Longtemps, il n'a fait que survivre en utilisant ses instincts les plus primaires. Ceux-ci sont gravés au plus profond de notre nature animale. L'un de ces instincts de survie est celui de pouvoir juger rapidement si une personne ou une situation est dangereuse ou non. En une fraction de seconde, moins qu'il n'en faut pour réfléchir, le cerveau nous dit de nous méfier d'un serpent, d'un ours sauvage ou d'un couteau pointu. Et comme si cela ne suffisait pas, on se raconte des histoires pour bien identifier les méchants: les loups dans le chaperon rouge, les nazis dans les films de guerre, les gens du voyage dans les faits divers, les islamistes dans les actualités internationales... Et si l'on a vécu une histoire désagréable avec un type de personne en particulier (un soir, j'ai été détroussé avec deux potes par des jeunes plutôt bronzés), on va être sur ses gardes si l'on en rencontre des similaires *.

Bref, les préjugés sont souvent de l'ordre de l'instinct et il est difficile d'en changer. Mais on remarquera qu'il existe aussi des préjugés positifs: on fera plus confiance à une personne propre sur elle et bien habillée qu'à un clochard. C'est pourquoi tous les politiques et banquiers s'habillent plutôt bien! Pourtant, les politiques nous coûtent bien plus chers que les clochards,,,

Et parfois on est soi-même l'objet de préjugés! Je vais vous raconter comment cela a failli me coûter plus qu'un boulot: l'amour de ma vie! En effet, je tombai amoureux d'une belle et jeune Taiwanaise en janvier 1993. Le coup de foudre! Cela se passait aux USA pendant mon année de mastère à l'étranger. Mais rien à faire pour la conquérir. Elle avait vu trop de film occidentaux et de toutes ces histoires, elle avait retenu que l'homme blanc occidental est volage, qu'il passe allègrement d'une fille à l'autre, et les pires sont les Français! Voici un préjugé assez bien établi dans la communauté asiatique et je ne pense pas que je pourrai changer cette idée chez tous ces gens-là. D'ailleurs, le taux de divorce en France et la vie amoureuse de certains de mes amis leur donne plutôt raison...

Que faire? Baisser les bras et prendre le rôle de la victime? Ce serait trop simple et l'amour demande toujours des sacrifices... Aussi, comme nous êtions simples amis, je me suis mis en tête de lui montrer que je n'étais pas le cliché qu'elle avait en tête, que je n'arriverai pas à l'oublier, que même plus d'un an après être rentré France, je pensais toujours encore à elle et qu'aucune autre n'avait pu lui ravir la place qu'elle avait dans mon coeur. Et un jour, je lui annonçai que j'allais la retrouver à Taiwan, dans 6 mois. Et durant ces 6 mois on s'est beaucoup écrit et j'ai senti qu'elle commençait à craquer. J'ai appris le chinois, j'ai quitté mon premier boulot, ma famille et la France pour la rejoindre et elle accepta enfin de sortir avec moi! J'avais montré du sérieux et une perspective de long terme.

Je n'ai pas réussi à faire changer l'opinion des Taiwanaises sur les Français, mais j'ai réussi à changer l'opinion de la Taiwanaise qui m'importait sur moi. Nous nous sommes mariés en 1998, avons eu 2 enfants et notre union continuera tant que nous nous battrons pour la faire vivre, car ce n'est pas toujours facile de se marier avec quelqu'un d'une autre culture, d'une autre langue...

Ma petite histoire a pour but de montrer qu'on est tous sujets aux préjugés. Le combat le plus important est celui qu'on mène autour de soi pour montrer sa vraie nature, son caractère. Plus les gens vous connaissent, moins ils vous jugeront en fonction de préconsidérations, mais plus en fonction de vos actions. C'est ce que disait Martin Luther King Jr: "Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère." Mais pour montrer la vraie nature de son caractère, il faut du temps et de la patience. Il faut aussi parfois faire des petits sacrifices, se mettre dans une situation peu confortable (aller à Taiwan). J'ai aussi du accepter des boulots moins bien payés qu'en France ou moins bien payé qu'un expatrié ou un autochtone. Cela m'a permis de faire me preuves et de voir mon salaire augmenter rapidement, car mon employeur Taiwanais a pu constater ma productivité et mes bons résultats. 

Et pour la petite histoire, une jeune femme Taiwanaise embauchée pratiquement en même temps que moi par Siemens Telecom a eu un salaire supérieur au mien. On avait des diplômes très similaires et autant d'expérience. Mais sa compétence s'est vite avérée limitée, tandis que mon chef me donnait de plus en plus de responsabilités. En fait, elle avait mieux négociée son salaire que moi. Mais je sais que j'ai vite gagné plus qu'elle, grâce aux primes personnalisées qu'on me donnait, puis grâce à un salaire qui augmentait rapidement! 

J'ai eu de la chance d'être tombé sur une femme intelligente qui vit par-delà ses préjugés, et sur un employeur qui remarqua mes performances et me paya en conséquence (jamais assez, bien sûr!). Certaines personnes sont trop obtues pour changer d'opinion quoi qu'on fasse et le travail ne paie pas à tous les coups. Mais la chance de réussir est bien plus grande que si l'on prend simplement la posture de la victime et qu'on n'arrête pas de se dire que ce n'est pas juste. Et si cela ne marche vraiment pas, on est libre de trouver mieux ailleurs!

(* Nous sortions de boite de nuit, à la campagne, et faisions du stop pour rentrer chez nous, 2 villages plus loin. Nous sommes montés dans leur voiture de notre plein gré, sans méfiance ou préjugé aucun.)

Monday, September 30, 2019

La droite la moins libérale au monde

C'est la droite française, de LR, des ex LR (Le Maire et Darmanin), du Rassemblement National et de Zemmour avec son discours lors de la Convention de la droite. Il y combat autant l'islamisme que le libéralisme mondialisé. Il lui reconnait, certes, d'avoir sorti des millions de Chinois de la misère, mais il pense que ce fut aux dépens des ouvriers Français. En ce sens, il pense comme un socialiste pour lequel l'économie est un gâteau fixe dont chacun essaie de prendre une part au détriment des autres, alors que l'économie c'est surtout des échanges libres et spontanés qui font grossir le gâteau, car chaque pays, chaque entreprise et chaque personne se spécialise dans ce qu'il sait faire de mieux. C'est pour cela que depuis 1800 et surtout depuis 1950, on voit bien sur ce graphique que l'enrichissement est inégal, mais il est concomitant:



Les raisons de la stagnation du niveau de vie des Français moyens viennent surtout de son Etat qui taxe les salariés bien au-delà de 50% et qui impose tant de règlements et de normes que les jeunes entreprises n’arrivent pas à éclore. En effet, si le graphique ci-dessus mesure la richesse moyenne par habitant, il faut passer au prochain graphique pour voir que l'Etat capte de plus en plus les richesses produites par le secteur privé (et c'est encore pire si l'on y ajoute la dette de l'Etat, cet impôt différé):

Source: INSEE
Il est pourtant dommage que Zemmour ne voit pas que la puissance d'une nation repose principalement sur son économie. Que serait la puissance militaire des USA sans un budget et des ressources colossales? Et la Chine qu'on commence à juste titre à redouter? Ferait-elle autant peur si elle en était resté au niveau de développement de la Corée du Nord ou de Cuba? 
Pour que la France retrouve son rang de première puissance européenne, Zemmour devrait donc tout faire pour favoriser le retour à une politique économique libérale.

Il y aurait pourtant des convergences avec les libéraux sur les questions de l'immigration:
- En finir avec les aides qui favorisent l'assistanat et attirent les migrants économiques,
- Assimiler les étranger par le travail,
- En finir avec l'islamisme qui représente un danger pour nos libertés individuelles, surtout les plus progressives (droit des homosexuels, des femmes, l'abolition de la peine de mort...). Si Enthoven a raison que les Français sont attachés à leurs libertés,  je n'ai pas l'impression que cela s'applique aux musulmans les plus traditionnels.
Aussi, si on veut préserver une France où Zemmour et Enthoven peuvent débattre, on a intérêt à empêcher que l'islamisme prenne le dessus. La tendance à la censure est déjà bien trop grande chez nos élites et à gauche... Il ne reste plus grand monde pour défendre la liberté...

Saturday, August 31, 2019

L'évolution de la Chine au travers de la chaussure

Ma femme a longtemps travaillé dans une des plus grandes firmes Taiwanaises de la chaussure. Le nom de sa firme ne vous dira rien, car ils produisaient toujours pour le compte de marques. La plus grande d'entre elles était Payless (pour Pay shoes for less, une grande chaine US qui a fait faillite il y a peu de temps). Dans les années 1980, cette entreprise Taiwanaise produisait exclusivement à Taiwan, mais ses usines se sont rapidement délocalisées en Chine avec la montée des salaires à Taiwan. Là-bas, les salaires étaient plus de 10 fois inférieurs à ceux pratiqués à Taiwan. Cela permit de baisser les prix et de rester compétitif, surtout dans le gros marché US de la chaussure pas chère.

Mais que se passa-t-il dans les années 1990 et 2000? Chaque année, les salaires des ouvriers chinois augmentaient de 10% à 15 % et pour les cadres la progression pouvait aller encore plus vite! Chaque année, les employés chinois attendaient de recevoir leur bonus du Nouvel An Chinois, puis retournaient passer une semaine de congé dans leur famille, souvent dans la campagne de la Chine intérieure. Et au bout de cette semaine, un grand nombre ne revenait plus à l'usine car ils avaient trouvé mieux ailleurs. Et c'est pourquoi les salaires augmentaient si rapidement, car il fallait trouver assez de mains pour faire le boulot! Le salaire devait augmenter pour équilibrer l'offre et la demande de travail. Et comme la Chine croissait à un rythme fort, il était donc normal que les salaires augmentent rapidement également.  

Notons que ces ajustements et ces fortes hausses de salaires se faisaient sans l'intervention de l'Etat ou sans aucun discours paternaliste ou socialiste. 

Au départ, dans les années 1980, la Chine avait un avantage de salaires bas et d'une main d'oeuvre disciplinée, prête à l'effort. Mais les bas salaires ont maintenant atteint un niveau comparable à ceux de Taiwan, notamment dans les régions côtières les plus dynamiques. Si bien que cela fait dix ans environ que l'entreprise Taiwanaise de chaussure a délocalisé sa production de Chine vers le Vietnam et l'Indonésie! Et comme elle n'est pas la seule à agir ainsi, les salaires au Vietnam suivent la même tendance qu'en Chine: ils montent rapidement!

D'après mon expérience, les commentateurs politiques de droite et de gauche en Occident font donc plusieurs erreurs dans leur analyse de la puissance de la Chine:
1. Les bas salaires de la Chine ne sont plus si bas! Dans la high tech ou les jobs managériaux, le niveau de salaire est même souvent meilleur en Chine qu'à Taiwan. La Chine attire de nos jours les talents de Taiwan avec des hauts salaires, bien mieux payés qu'à Taiwan! (C'est le cas de mon beau-frère, ingénieur dans le bâtiment, qui travaille en Chine depuis 15 ans).

2. La délocalisation des usines de chaussures de Taiwan vers la Chine ou de la Chine vers le Vietnam correspond à une montée en gamme technologique de ces pays et un passage vers une société de services. Cela n'a pas eu de conséquences néfastes pour l'emploi ou le niveau de vie de ces pays. Et même les personnes qui perdirent leur emploi surent rapidement en retrouver un, car ni Taiwan, ni la Chine ne connaissent un chômage de masse et la croissance ne s'est pas arrêtée avec les délocalisations (elle s'est juste ralentie).

En Occident, en France et aux USA, certains pensent que c'est la mondialisation et ses délocalistions qui ont conduit à la paupérisation des classes moyennes, et cela serait la cause profonde du mouvement populiste. Cette cause est attractive, car elle rejette la faute sur la Chine et sa dictature communiste. Je n'ai aucune sympathie pour ce régime, mais cette analyse est fausse. Les classes ouvrières de Taiwan n'ont pas souffert des délocalisations vers la Chine, ou bien seulement très brièvement.

Si cette souffrance s'est prolongée en Occident, c'est à cause de 2 causes: les politiques a-sociales qui ont conduit au chômage de long terme et la dissolution de l'institution du mariage. En effet, ce sont le lois de salaire minimum et les allocations chômage trop généreuses qui ont conduit à garder de nombreuses personnes non qualifiées dans un cycle vicieux de dépendance vis-à-vis de l'Etat et les ont empêché d'acquérir plus d'expérience pour progresser dans leur carrière. L'autre cause majeure est sociétale et concerne le mariage. La pauvreté vient surtout de l'isolement qui touche les personnes seules. Or, autrefois une bien plus grande partie de la population vivait mariée!

En France, je vois une troisième cause à la paupérisation de la classe moyenne: le niveau exorbitant des prélèvements obligatoires de l'Etat: le salaire est amputé de moitié et l'Etat touche encore la TVA sur vos dépenses!   
 
La bonne nouvelle, c'est qu'il n'appartient qu'aux Français de mettre un terme au salaire minimum, aux allocations en tous genres et aux dépenses non régaliennes de l'Etat. Et puis, pour les célibataires, de retrouver un sens dans un engagement à long terme avec un ou une partenaire prêt(e) à la réciprocité!

Monday, August 26, 2019

La démocratie marche dans ce qu'elle sait faire de mieux

Il est à la mode de critiquer la démocratie et de dire qu'elle ne marche pas. C'est ce que font beaucoup d'admirateurs de Poutine ou de la Chine à droite comme à gauche. Le Vloggueur Nas (que je trouve très sympa et plein d'entrain) est un exemple parmi tant d'autres de gens qui doutent que la démocratie fonctionne. 
Même Churchill disait que "la démocratie est le pire système, à l'exception de tous les autres!"

Et quand on voit tous les problèmes non résolus dans les pays démocratiques, cette critique semble justifiée. Rien qu'en France, les gilets jaunes protestent pour plus de pouvoir d'achat, les infirmières pour plus de moyens dans les hôpitaux, le niveau éducatif des élèves baisse, l'immobilier à Paris est trop cher...

Le problème avec cette critique, c'est qu'elle ignore le but original de la démocratie et qu'on veut lui faire faire des choses pour lesquelles elle n'est pas taillée.

1. Ce que la démocratie sait faire: le régalien

Avant l'avènement de la démocratie en Occident, à la fin du dix-huitième siècle, les populations souffraient de famine, d'une haute mortalité infantile, mais elles souffraient aussi et surtout de la violence politique et des guerres externes. Le système politique monarchique était sans pitié contre ses opposants. Le royaume de France s'est construit lors de conflits armés nombreux entre le roi et les prince de Bourgogne, d'Aquitaine, de Bretagne, et contre les cathares, puis les protestants... Un pouvoir absolu ne saurait tolérer la dissidence. La conquète du pouvoir passait par l'élimination physique de ses ennemis ou leur embastillement.

Le système démocratique nous a permis de mettre fin à 99.9% des violences physiques lors des transferts de pouvoir. Et chaque pouvoir démocratique accepte d'être remplacé par un autre lorsqu'il sort battu aux élections. A part les black bloc et quelques révolutionnaires marginaux, les citoyens  comprennent le bienfait immense de vivre en paix avec des gens dont on ne partage pas toutes les opinions. La dictature permet aussi de vivre en paix, mais on voit qu'elle a deux défauts: la violence faite aux personnes qui ne sont pas d'accord avec le pouvoir et la violence qui finit par arriver le jour où le pouvoir passe à d'autres personnes.

La démocratie n'a pas aboli toute violence et tous les crimes. Autant il est bon et louable de vouloir tendre à cela, autant ce serait ignorer la nature humaine que de croire cela possible. La police et la gendarmerie ont donc toujours beaucoup à faire, et c'est justement l'une des responsabilités principales de l'Etat en vertu du principe du monopole de la violence légitime. Maintenir la paix civile est donc bien l'un des fondements de l'Etat. Et sauf en état de légitime défense, c'est l'Etat démocratique qui fait cela mieux que personne.

Dans ses relations avec les autres pays, la démocratie a aussi permis d'obtenir d'excellents résultats. Dans le passé monarchique, nous ne comptons pas le nombre de guerres entre pays voisins, chacun cherchant à s'agrandir et/ou dominer l'autre. Ces guerres ont causé des destructions immenses et des pertes de vie de plus en plus affreuses (cf. les 2 guerres mondiales). Si les monarchies étaient en conflit presque permanents entre elles, les démocraties sont en état de paix dans 99.9% des cas. (Pour le 0.1% voir cette liste, parfois contestable, de démocraties qui se firent la guerre). Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et surtout depuis la chute du mur, le nombre de conflits internationaux a baissé de manière impressionnante pour le bien de toute l'humanité.

Ce succès ne signifie pas que l'on puisse se passer d'armée, car les pays autoritaires et les idéologies meurtrières restent un danger pour nos sociétés. L'aspiration démocratique est la meilleure garantie pour la paix mondiale dans le long terme. Mais il ne faut pas qu'on prenne cela pour de la faiblesse, car l'histoire nous enseigne que la faiblesse aide souvent à précipiter les guerres. Aussi, comme le disent les Romains, 'Si vis pacem, para bellum' (Si tu veux la paix, prépare la guerre).

Les Etats au pouvoir démocratiquement élu sont donc ceux qui connaissent le meilleur niveau de paix civile et internationale. Et cela est un progrès fondamental et inestimable pour l'humanité si l'on considère combien la violence et les guerres sont des plaies qui ont toujours fait parti de l'histoire.

2. Ce que la démocratie ne fait pas bien

Le maintien de l'ordre est une fonction avec un but simple et des règles claires. Le pouvoir législatif décide des lois. Le pouvoir executif, au travers de la police, arrêtent ceux qui ne respectent pas ces les lois. Et la justice condamne ceux qui les ont enfreintes. La séparation des pouvoirs permet d'échapper à l'arbitraire d'un pouvoir absolu et donc dictatorial (la dictature de la majorité). La structure de l'Etat démocratique correspond donc bien à sa fonction régalienne.

Mais cette structure est-elle aussi adaptée à gérer l'éducation, les hôpitaux, la solidarité, résoudre le problème du chômage?... En fait, on remarque que les structures des meilleures institutions sont souvent très différentes. L'église catholique, la plus vieille organisation sociale et caritative d'Europe, est centralisée au Vatican, alors que les églises protestantes et évangéliques sont simplement fédérées sans chef. Les universités et écoles privées fonctionnent souvent avec l'aide de fondations et de généreux donateurs. Les cliniques, elles, quant à elles, sont souvent créées par association de plusieurs médecins. Toutes ces structures sont assez éloignées de celles de l'Etat, que ce soit la justice, l'armée, la police ou la collecte de l'impôt. L'Etat n'a aucune compétence dans ces domaines et son organisation n'est pas faite pour s'adapter à des situations de terrain très diverses. Il est donc normal et pas surprenant que l'Etat n'assure pas bien les services qui ne relèvent pas du régalien. Il n'a pas été fait pour cela, mais pour permettre aux citoyens de le faire eux-même.

En assurant la paix et la liberté aux citoyens, la démocratie permet à chacun d'entre nous de nous associer comme on l'entend pour mettre nos talents au service des autres. Et plus les gens sont nombreux, plus les possibilités d'associations tendent vers l'infini. Aussi, dans une économie libérale, il n'y a pas une façon précise, un système unique qui fasse marcher l'économie et toutes les activités d'association des hommes. Il s'agit plus d'un 'ordre spontané' où l'histoire de chacun, ses traditions... va détermininer avec qui il travaille, chez qui il achète, où il étudie, quelle église ou association il fréquente... Moins l'Etat met d'entraves, moins ses impôts sont lourds, plus les citoyens ont les moyens de prendre les meilleures décisions pour eux-même. Aucun système ne saurait être assez complexe pour savoir avec précision ce que chacun d'entre nous a besoin et comment le produire. Comment trois cent législateurs pourraient-il mieux définir les besoins de protection sociale, d'éducation, d'ouverture des magasins, de départ à la retraite... de 60 millions de Français que chacun selon sa situation personnelle?

Ces 40 dernières années ont fourni quantités d'exemples que l'Etat fait moins bien que le privé dans la plupart des domaines non régaliens (à part quelques cas -Airbus- où il a eu de la chance, et qui confirment la règle):
- en général, les écoles privées se portent mieux que les écoles publiques,
- pareil pour les hôpitaux,
- le monopole du rail, la SNCF, est un gouffre financier pour les Français,
- la téléphonie mobile a connu un développement extraordinaire après la privatisation de France Telecom,
- la Sécurité sociale est en déficit permanent et rembourse de plus en plus mal.
etc...

Chaque fois que les services de l'Etat ne sont pas en monopole ou ne bénéficient pas des subventions de l'Etat, le privé fait mieux, moins cher et plus vite. Cette performance du privé est tout simplement celle de l'ordre spontané qui laisse les acteurs les plus doués agir au contact du réel, alors que l'Etat (et ses énarques) cherchera toujours à modeler un système théorique unique qui ne collera jamais à la complexité de la réalité.

En conclusion, la démocratie fonctionne mieux que tout autre système de gouvernement pour assurer la sécurité et la paix. Mais cette réussite s'arrête au régalien et ne s'étend pas aux autres activités et services dont nous avons besoin. De plus, dans le cas de la France d'aujourd'hui, on est en droit d'être doublement inquiet. Certes, il n'est pas étonnant qu'un Etat qui s'accapare 57% des richesses du pays et qui est omni-présent dans tous les domaines soit en crise à force vouloir faire des choses qu'il ne sait pas faire. Mais, le plus grave, c'est que cet Etat perde le sens des priorités et n'alloue plus assez de ressources à ses fonctions régaliennes. Justice, police et armées ont de plus en plus de mal à faire régner l'ordre dans certaines cités.

Saturday, June 22, 2019

Tiers monde et mondialisation

J'ai 47 ans et dans ma jeunesse la plupart des articles sur l'état du monde traitaient de ce fossé entre pays industrialisés et Tiers Monde. Ce concept de Tiers Monde était repris partout, par tout le monde, un peu comme on par de mondialisation de nos jours. En fait, on dirait que c'est comme si ce concept creux et fourre-tout de mondialisation avait remplacé celui de Tiers Monde.

Si on a arrêté d'utiliser le mot 'Tiers-Monde', c'est car il n'est plus très pertinent. Un grand nombre de pays autrefois pauvres se sont développés et industialisés ces dernières décénnies, et un grand nombre de pays occidentaux, je pense notamment à la France, se sont empêtrés dans une crise économique et sociale qui les tire vers le bas. Bref, cet opposition entre pays riches occidentaux et pays pauvres du Tiers Monde est de moins en moins nette. Le niveau de vie à Singapour ou Taiwan a dépassé ou égalé le niveau de vie de nombreux pays d'Europe.

Mais au lieu de continuer dans le théorique, j'aimerais vous parler de ce que j'ai pu voir à mon niveau à Taiwan il y a plus de 20 ans. J'arrivai sur l'ile au moment de la libéralisation des télécom pour la téléphonie mobile. Auparavant, il y avait un opérateur unique (CHT) et celui-ci s'approvisionnait exclusivement chez Alcatel, Siemens et Lucent (ancien AT&T) au travers de 3 joint ventures. En effet, ces 3 firmes s'étaient partagé le marché des équipements de téléphonie fixe en accord avec CHT (Chung Hua Telecom), firme d'Etat.

Je fus embauché chez Siemens Telecommunications Sytems Limited (STSL) en 1997. Elle appartenait pour 60% à Siemens, 25% à CHT et 15% à une riche famille proche du KMT, le parti de Chiang Kai Shek. A l'époque on est clairement dans une configuration de capitalisme de connivence. L'Etat a le monopole d'une industrie (le fixe) et il a partagé le marché de fourniture de son matériel entre 3 firmes qui se partagent le nord, le centre et le sud du pays. Elles ne sont donc pas en concurrence entre elles. Et la marge de chaque Joint Venture pour installer et maintenir le matériel est garantie par CHT. Ainsi, ces investisseurs privés sont de vrais rentiers car ils ne peuvent pas perdre. C'est bien entendu pareil pour ces conglomérats occidentaux qui vendent du matériel à haute valeur technologique. Leur entente n'est pas non plus du libéralisme, mais cette structure fut acceptée et même entérinée par le pouvoir. On comprend qu'un tel arrangement facilitait le 'business' et qu'il n'y avait pas de grande pression sur les coûts. Dans ces conditions, Siemens pouvait produire en Allemagne et Alcatel en France et Lucent aux USA.

Mais avec l'arrivée du GSM, les conditions du marché furent bouleversées. Cela commença par la fin du monopole de CHT dans les services de téléphone mobile. L'Etat vendit aux enchères 5 ou 6 licences à des nouveaux opérateurs. Et pour leur vendre notre matériel, il fallut entrer en concurrence frontale avec Alcatel et Lucent, mais aussi Nortel (Canada) et Nokia! STSL réussit à vendre le système GSM de Siemens à un nouvel opérateur national et à opérateur régional, mais pas à CHT, l'opérateur historique. Mais très vite les revenus du mobile dépassent largement ceux du vieux business du fixe.

Tout ne fut pas parfait et libéral dans ce nouveau business. Le plus gros point noir furent des commissions de 3 à 6% pour nos grands contrats dans le mobile. Je ne sais pas trop qui fut à l'origine de ces commissions, l'acheteur ou Siemens. Mon jeune chef, le CFO, était opposé, mais le CEO le convainquit que sans ces commissions la firme n'obtiendrait pas de contrats. Le siège de Munich ne fit pas de problèmes, car les commissions semblent (semblaient?) assez fréquentes dans les grands contrats dans le monde. (Moi j'étais en bas de l'échelle de décision, celui qui controle l'exécution des contrats, mais je n'ai pas fait de zêle pour payer ces commissions ; en théorie, j'aurais du les payer aussi sur les petits contrats annexes, mais je les 'oubliais' simplement!)

Mais ces commissions n'avaient pas d'influence sur la guerre des prix qui eut lieu. Chaque nouveau contrat donnait lieu à des baisses de prix conséquentes car il s'agissait beaucoup de matériel électronique qui voit son prix baisser, et de logiciels dont les coûts de R&D sont comme fixes, mais distribués sur un grand nombre de clients. Et comme les opérateurs sont en concurrence entre eux, ils font pression sur les fournisseurs pour obtenir de meilleurs prix. Cela poussait Siemens en Allemagne à baisser ses coûts en sous-traitant ou bien en délocalisant certaines productions. STSL aussi cherchait toujours à être plus efficace. Cette baisse des coûts continuelle avait pour but de rester compétitif et profitable.

Mais l'opérateur qui poussa la concurrence à son comble fut CHT, l'ancien monopole et maintenant partiellement privatisé. CHT n'acheta plus que par appel d'offre transparent: le moins cher gagne le marché. Et le résultat fut radical: le prix d'achat de ses équipements s'effondra et devint l'un des plus bas au monde. De plus, avec l'accès au WTO, Taiwan avait pratiquement éliminé les taxes sur les importations de ces équipements et cela permettait donc de baisser leur prix encore plus.

En l'espace de quelques années après cette libéralisation, Taiwan devint le pays avec la plus forte pénétration du téléphone mobile (100%) au monde! Les clients Taiwanais peuvent maintenant faire jouer la concurrence et choisir le fournisseur qui a la meilleure offre de services, la meilleure couverture ou les meilleurs prix... Les opérateurs régionaux furent rachetés par les opérateurs nationaux car ils étaient trop petits, mais la concurrence reste saine.

Mais qu'en est-il des salariés de STSL? Sont-ils les exploités du système? Je pourrais bien me plaindre, car j'ai été embauché aux conditions locales et non à des conditions d'expatrié. Or, un expat gagne bien plus qu'un local. C'est pourquoi le CFO était le seul expat payé par STSL. Les ingénieurs expat étaient envoyés et payés par le siège en fonction des contrats. STSL payait un peu mieux qu'une firme locale. Les salaires sont plus bas qu'en Europe et les vacances sont moins longues, mais elle pratiquait un partage généreux des bénfices avec ses employés: 6 mois de salaires de bonus étaient assez courants, plus des primes de renouvellement de contrat. Au final, je gagnais bien ma vie malgré mon statut local et un salaire de départ bas. (NB: pour la petite histoire, je fus embauché un peu avant une autre Taiwanaise pour le même poste et quelle ne fut pas ma surprise de voir un jour que cette jeune femme au parcours similaire gagnait un peu plus que moi sur sa fiche de paie! Alors que je parlais l'allemand en plus de l'anglais et que j'avais vite eu de meilleurs résultats qu'elle. Après un an ou deux, c'est moi qui avait un salaire supérieur et ce n'était que que justice au vu de mes performances! En fait, l'explication est que je m'étais très mal vendu: ce boulot j'en avais besoin pour rester légalement dans le pays.)

L'ouverture à la concurrence permit donc aussi de mettre fin au capitalisme de connivence de ces actionnaires taiwanais de STSL. Dorénavant, leur capital prenait de vrais risques et était rétribué en conséquence. D'ailleurs, après 2001 et la crise dans les télécoms, l'industrie se contracta et STSL finit par être absorbée lorsque Nokia et Siemens Telecommunications fusionnèrent. Avec cette crise, beaucoup de salariés perdirent leur boulot ou partirent en retraite. Certains collègues partirent chez les opérateurs, d'autres chez la nouvelle concurrence chinoise et moi je me lançai dans l'aventure des thés de Taiwan! La perte de l'emploi n'est pas grave si l'économie continue d'en créer de nouveaux ou si on les crée soi-même.

Donc récapitulons qui sont les gagnants de cette mondialisation libérale dans les télécoms à Taiwan:
1. Les clients Taiwanais qui ont maintenant d'aussi bons services, voire meilleurs, que dans les pays industrialisés!
2. L'industrie Taiwanaise des processeurs s'est développée avec la baisse des coûts (selon la théorie de spécialisation de Ricardo).
3. Siemens AG en Allemagne a fait des profits substantiels pendant la période faste et des pertes lors du retournement de situation qui l'ont conduit à fusionner avec Nokia pour survivre. Cette multinationale est clairement soumise à la concurrence mondiale et n'a pas de monopole ou de position dominante.
4. La concurrence a fortement réduit la corruption et le capitalisme de connivence.
5. Les carrières sont plus courtes, mais mieux payées et il est possible de rebondir dans une économie libérale en expansion.

En conclusion, j'ai pu constater que la mondialisation libérale dans les télécom a bien mis fin au rapport de force qui privilégiait les firmes des pays occidentaux par rapport à celles du Tiers Monde. Cela a permis à Taiwan de refaire son retard et même devenir un temps leader dans l'utilisation du portable!

Wednesday, June 5, 2019

Le grand débat de LR

Macron est en train de faire une OPA sur la droite étatique et dirigiste qui vient de se prendre une claque aux Européennes. Le challenge de cette droite est de se démarquer de Macron et de Le Pen afin de recréer leur espace politique. La démission de Wauquiez fut un pas vers la responsabilité et l'honneur, des notions qui vivent encore dans le coeur du peuple de France. Mais la création d'un grand débat crée une confusion dans l'esprit des électeurs. Pourquoi les Républicains utilisent-ils les même recettes que Macron? Au lieu de se différencier, ils l'imitent!

Il serait important que cette droite trouve rapidement une idée ou deux pour se différencier radicalement de LREM et du RN. Regardons:
- Valérie traitresse voudrait augmenter le SMIC et donc se positionner sur la gauche de LREM. On en a le tournis! On pourrait même dire qu'elle suit la stratégie de Macron et Le Pen qui ne sont ni de droite ni de gauche!
- Xavier pas bien méchant semble bien dans son rôle d'administateur de la région Haut de France. Il ne fait pas d'idéologie, mais seulement des choses pratiques. Bref, aucune vision. Aucune remise en cause. Aucun espoir.
- Gérard pas de déchet connait tous les fromages de la République, mais ce n'est pas au Sénat, la chambre des notables et de tous les conservatismes, qu'on trouvera des idées neuves et puissantes.
- Jean Léonetti, qui fait l'intérimaire à la tête de LR est un spécialiste de la fin de vie. Cela tombe bien, car LR a surtout séduit chez les retraités et que c'est un parti à bout de souffle!

Puisque les Républicains ne trouvent pas cette idée et qu'ils ont échoué tant de fois à réformer la France, il est probablement normal qu'il disparaisse. Schumpeter appelle cela la destruction créatrice. C'est le moteur du capitalisme économique fondé sur une philosophie de la liberté individuelle. C'est ce système qui marche si bien dans tous les pays qui l'adoptent. Des USA à la Suisse, de Hong Kong à Taiwan, des Pays-Bas à Israël... Or, aucun parti en France ne se positionne sur ce crénau. A part un petit nouveau, Objectif France...

Ajout du 11 juin: On parle de Christian ne fait pas le job pour diriger le parti. Président du groupe LR de l'AN, on le décrit comme dans la droite ligne de Jacques Chirac. Or, Chirac est le président qui a eu le moins de convictions politiques. Un temps sur la droite de VGE et de Mitterrand, il s'est transformé en social-démocrate une fois l'expérience Juppé avortée. "Les promesses n'engagent que ce qui les croient." résume bien son cynisme et sa malhonnêteté. Bref, si les LR voient le chiraquisme comme leur voie de secours, c'est qu'ils n'ont rien compris du tout à leur défaite!

Monday, June 3, 2019

Reflexion sur les Fake News

C'est Pierre Abélard (1079-1142) qui fit la la distinction entre le crime et le péché. Le crime est défini par la loi et sanctionné par la justice, tandis que le péché est défini par la morale, la religion et a des conséquences sociales et/ou religieuses. Parfois les 2 se confondent: le meurtre est un crime autant que c'est un péché. Mais il y a quantité d'infractions à la loi qui ne sont pas des péchés: employer une personne 50 heures au lieu de 48h, le maximum légal. Et il y a bien des péchés qui ne sont pas des des crimes: manger du porc pour un juif ou un musulman, travailler le dimanche ou faire bonne chair le Vendredi Saint pour un Chrétien, par exemple.

Dans notre Etat de droit, en politique, nous n'avons pas à nous préoccuper de morale. Elle relève du religieux. Ce qui importe est le droit et ce que la loi définit comme crime ou un délit. Rappelons aussi que pour être libre, il vaut mieux que les lois ne soient pas trop nombreuses et n'interdisent que ce qui porte atteinte aux droits et à la propriété des autres. Ainsi, les bonnes moeurs ne devraient pas faire l'objet de la loi, mais de l'éducation. Se dénuder en public, faire des gestes obscènes, dire des conneries sont des atteintes au moeurs, mais sont aussi des manières de se rabaisser dans l'estime des autres. On est rapidement puni par les autres si l'on contrevient aux codes en vigueur. En effet, il sera difficile de nouer des amitiés si l'on choque ou si l'on se comporte comme un con. On récolte toujours ce que l'on sème. Mais si le seul tort du comportement ou des paroles d'autrui est d'avoir blessé nos sentiments, alors il n'y a pas d'atteintes à nos droits naturels.

Aussi, quand on parle de mensonge et la propagation de fausses nouvelles (fake news), sommes-nous face à un problème légal ou un moral? Pour y répondre, il faut se poser la question si nous avons un droit à la vérité? A ma connaissance, un tel droit n'existe pas. Etre honnête et dire la vérité n'est qu'une exigence morale. Il est donc absurde de faire une loi sur ce qui relève de la morale, sauf à vouloir faire un mélange des genres absolument malsain.

On peut se désoler que certains 'journalistes' soient des manipulateurs d'opinion au lieu de rendre compte objectivement des faits. Mais faire une loi pour punir les fake news, c'est faire une loi qui mettrait une grande partie des médias hors-la-loi. En effet, quel journal peut prétendre ne publier que la vérité? Toute information n'est-elle pas forcément déformée par le prisme de celui qui la voit et en rend compte?

Rappelons aussi qu'il n'est pas bon de judiciariser le combat politique. La justice doit rester impartiale et le meilleur moyen est de ne pas réglementer une question morale. Laissons aux citoyens majeurs la responsabilité de juger le vrai du faux et de privilégier les sources les plus crédibles. Et pourtant ce n'est pas l'envie qui me manque de punir tous ceux qui prétendent que le socialisme marche, qu'un impôt résout un problème, que l'Euro est un succès! Mais la liberté, c'est aussi celle d'être con!

Sunday, March 17, 2019

Le modèle social français


Le 16 mars 2018, lors de l'acte XVIII des Gilets Jaunes, on l'a vu en action, dans toute sa splendeur, notre modèle social français: le Fouquet's, un kiosque à journaux et une agence bancaire sont en flammes. Des casseurs ont pillé des magasins sur les Champs Elysées, agressé les forces de l'ordre...

Sur France Inter, j'entends Xavier Bertrand dire une chose sensée: "Le système politico-administratif français est au bout du rouleau". En effet, notre système actuel est un modèle, un modèle de ce qu'il ne faut pas faire. Les prélèvements obligatoires sont les plus hauts de l'OCDE et ne permettent pas d  le chômage reste important depuis 40 ans, les prestations sociales déresponsabilisent les Français. Les effets de seuil, quand on perd des avantages parce qu'on commence à gagner trop, enferment les gens dans une alternance de petits boulots et de chômage ou RSA et de travail au noir. Pressés par le fisc et incapables de mettre quoi que ce soit de côté, un grand nombre de Français se sent justement exclus du système et, n'ayant rien, n'a plus rien à perdre.

Si seulement il existait un système politique qui se concentre sur le régalien pour protéger la sécurité des citoyens et l'ordre public. Un système où vos revenus ne dépendent plus de l'Etat, mais des services que vous rendez et où vous touchez toute la valeur ajoutée que vous produisez. Un système qui favorise la croissance et la prospérité. Un système sans privilèges ni monopoles publics, mais où la concurrence favorise la productivité et des prix justes.
Si seulement...

Saturday, February 23, 2019

Rendre le salaire intégral aux Français

Ceci n'est pas vraiment un article, mais plus quelques idées des premières réformes qu'un gouvernement libéral devrait mettre en place.

Actuellement, le salaire médian en France, c'est 1750 Euros net et cela correspond à 3200 Euros toutes charges comprises. Le problème de pouvoir d'achat est avant tout un problème de ces charges sociales qui pèsent sur les salariés du privé. Si elles sont si lourdes, c'est car ces charges sociales du privé financent aussi les prestations maladie et retraite du public! Et car les Français font face au monopole de la Sécu et de Pôle Emploi et de la retraite par répartition.

D'un autre côté, on a le problème qu'on ne peut pas réduire le nombre de fonctionnaires, car ils ont l'emploi à vie. Et comme ils sont nombreux, l'Etat les paie mal, ce qui fait que tout le monde est perdant (sauf les hauts fonctionnaires et politiques qui ont de beaux revenus et divers avantages.)

Les traitements des fonctionnaires ne ressemblent pas du tout aux fiches de paie des salariés privés:

Les déductions sont bien moindres. Sur cet exemple, d'un traitement brut de 3464 Euros, la retenue n'est que de 755 Euros. C'est 21.7% contre 45.3% du brut dans le privé. En effet, la colonne 'pour information' ne correspond pas aux charges patronales que l'Etat paie en plus, mais il s'agit des cotisations et impôts que l'Etat est obligé de prélever sur le privé pour financer toutes les prestations sociales accordées aux fonctionnaires. Je note juste que dans ces rares déductions, on a surtout une retenue de 319 Euros qui est pour les pensions et la CSG et la CRDS. Comme on peut le voir, il n'y a pas de déduction pour l'assurance chômage, et c'est logique car le fonctionnaire ne peut être mis au chômage. Mais il n'y a pas non plus de déduction pour la Sécu, bien que les fonctionnaires tombent malade. Cela confirme et explique bien pourquoi la Sécu coûte si cher pour les gens dans le privé. 

Sinon, il est quand même intéressant de relever que dans ces coût 'pour information', ce sont les pensions qui sont le plus gros morceau: 2390 Euros sur 2939 Euros, soit 81%! C'est là qu'il faut couper les dépenses et c'est pourquoi j'ai proposé de limiter les pensions du public à 2645 Euros.

Mon autre proposition est de rendre le super brut aux Français du privé et de leur laisser le choix de leurs assurances chômage, maladie etc. Ils auraient le choix de continuer de côtiser à la Sécu ou bien de prendre une assurance privé et de faire jouer la concurrence. Il ne s'agit donc pas de mettre un terme aux services publics, mais de laisser le choix aux salariés et de leur permettre de faire des économies en connaissance de cause. 

Un grand nombre de salariés du privé devrait donc voir ses revenus nets augmenter de manière substantielle. Par contre, les traitements du public ne bougeront pas, vu qu'ils ne supportent pas ces charges sociales. 

La politique libérale aura pour but d'augmenter le pouvoir d'achat du privé, quitte à transférer une partie du financement des prestations sociales sur la TVA ou l'IR. Cela permettra de rendre le travail dans le privé plus attractif que dans le public. L'autre but de cette politique est de faciliter la privatisation des secteurs non régaliens, car les agents publics auront envie de gagner mieux leur vie dans le privé qu'en restant dans le public. Et cela incitera aussi certains à quitter volontairement le secteur public pour de meilleurs revenus dans le privé. La limitation des pensions poursuit le même but: inciter les hauts fonctionnaires à passer dans le privé s'ils veulent avoir de belles retraites. C'est dans ces conditions que l'Etat fera des économies pour retrouver des marges de manoeuvres pour mieux payer ses policiers et sa justice. Car c'est en baissant le nombre de fonctionnaires qu'on pourra baisser le poids des prélèvements obligatoires en France.

Sunday, February 17, 2019

Voir au-delà de l'antisémitisme français

Ayant passé 3 mois en Israël et plus d'un an à étudier l'hébreu, je me considère comme particulièrement philosémite et pro Israël. L'antisémitisme me fait horreur et son discours me dégoûte au plus haut point. L'antisémitisme se développe surtout chez les esprits faibles, manipulables ou, pire, chez les manipulateurs. Aussi, un tel discours me permet rapidement de reconnaitre les cons et les méchants. Mais le discours antisémitique sert aussi de canari dans la mine: c'est un signe précurseur d'un problème grave, non dit et non traité dans la société. Le juif catalyse alors en premier le ressentiment d'une partie de la population. A ce titre, l'antisémitisme est le révélateur d'un problème et non le problème lui-même. En effet, aucun problème n'est causé par les juifs en particulier, ou par la judaisme. Il n'y a pas cabale ou de complot de domination du monde par les juifs...

Pour combattre l'antisémitisme, il ne suffit pas de ressasser ces évidences et de se lamenter de la bêtise et de la méchanceté des hommes. Il faut remonter à l'origine et diagnostiquer la maladie dont l'antisémitisme est le symptôme.

Dans les banlieues, par exemple, l'antisémitisme prend sa forme la plus extrême, puisqu'on a depuis bien longtemps passé le stade du discours, et qu'on est passé aux actes et à la violence. Ilan Halimi, Jonathan Sandler et ses fils Aryeh et Gabriel, Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada, Sarah Halimi, Mireille Knoll, paix à leurs âmes, ont payé de leur vie la haine du juif. Mais derrière cet antisémitisme meurtrier on trouve un autre problème, longtemps ignoré ou minimisé: la montée du commutarisme islamique. En effet, dans tout le Magreb, les juifs et Israël sont les ennemis officiels depuis plus de 70 ans. Il n'est donc pas étonnant que les 'jeunes de banlieue' (traduisez les jeunes musulmans) soient foncièrement antisémites. Leur antisémitisme permet de soulever un problème plus général: l'islamisme radical et militant est en opposition avec nos valeurs républicaines. 

Venons-en au mouvement des gilets jaunes et aux paroles antisémites qui fleurissent de plus en plus dans ce mouvement. Cherchons de quoi cet antisémisme est le symptôme chez certains de ces manifestants. Au départ, c'était un mouvement de colère contre une hausse de plus de l'essence. C'était une jacquerie, une révolte contre les impôts qui étouffent les citoyens. A ce titre, l'opinion publique a très largement soutenu les gilets jaunes, car la France est effectivement le pays où la pression fiscale est la plus forte dans l'OCDE. Or, si la France a la fiscalité la plus punitive, c'est parce qu'elle pousse sur un terreau très fertile: le socialisme. 

Depuis 40 ans, les impôts et taxes augmentent sans relâche. Les hommes politiques socialistes de gauche qui les mettent en place sont succédés par des hommes politiques socialistes de droite qui n'osent pas y toucher. A chaque impôt, il s'agit de punir les riches et de redistribuer de l'argent aux pauvres. Le candidat Hollande a même déclarer qu'il n'aime pas les riches. Toute la classe politique française est devenue socialiste quand il s'agit des impôts. Personne ne remet en cause la progressivité de l'impôt sur le revenu. Tous les politiques trouvent normal que l'Etat prenne bien plus que la moitié de ce que les riches produisent. Et il atteint ce seuil de prélèvements dès 1850 Euros de salaire net pas mois! (L'Etat vous considère vite riche!)

Mais le problème, c'est que cette politique taxatoire et redistributive ne fonctionne pas. Le chômâge reste parmi les plus élevés, le nombre de pauvres et de SDF augmente, la croissance stagne, la dette publique explose... Au lieu de remettre le socialisme en cause, ses plus âpres défenseurs cherchent des bouc-émissaires. On voit donc fleurir le discours selon lequel les riches ne paient pas assez d'impôts, qu'on leur a fait un 'cadeau' en transformant l'ISF en ISI (impôt sur l'immobilier), qu'ils pratiquent l'évasion fiscale... Cela leur est d'autant plus facile qu'ils appartiennent à une élite mondialisée qui va facilement investir son argent là où cela rapporte le plus et là où les taxes sont les plus réduites. En échappant au fisc, ces riches montreraient qu'ils ne sont pas patriotes, mais des individus apatrides et assoifés de profits. 

Derrière ce discours socialiste, si on 'libère la parole', on trouve vite un discours qui colle bien à l'antisémitisme. Le juif n'est-il pas le symbole du riche apatride dans la rhétorique antisémite? De même que les Français comprennent que 'jeune de banlieue' veut dire 'musulman', un grand nombre entend 'juif' au lieu d'entendre 'riche'. Le discours haineux des socialistes qui trouvent qu'on n'est pas allé assez loin dans la taxation des riches est facilement récupéré par tous les antisémites. 

Mais la meilleure façon de le combattre n'est pas par des paroles ou par la compréhension de comment le discours socialiste forme un terreau au discours anti juif. De ce point de vue, Macron, son gouvernement et un grand nombre de commentateurs ont tort de ne pas voir la cause profonde derrière ces paroles antisémites. La seule solution est de s'attaquer au coeur du problème de la société française: sa fiscalité redistributive excessive et inefficace. Il faut sortir du socialisme punitif contre les riches par une politique plus libérale.

Sunday, January 27, 2019

L'interprétation libérale et bienveillante des 7 propositions de BTP

Les gilets jaunes sont un peu comme Trump, il faut les prendre au sérieux, mais il ne faut pas les prendre au pied de la lettre. Ils sont les symptomes d'un pays en crise économique, politique et morale et leur cri de détresse se doit d'être entendu. Cependant, si le malade est celui qui ressent le mieux qu'il va mal, il n'est pas le mieux placé à comprendre les causes de sa maladie et à savoir comment guérir le mal qui l'afflige.

C'est pourquoi, habitant à Taiwan, je ne veux pas critiquer mes compatriotes, bercés par 40 ans de social-clientéisme, s'ils ne trouvent pas la voie du libéralisme du premier coup. Au contraire, je trouve qu'il y a des lueurs d'espoir dans le débat:

1. Baisser la TVA à zéro pour les produits de première nécessité est une mesure clairement libérale, puisqu'elle baisse les taxes. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que ce soit la première revendication, alors que la TVA est censée être indolore!

2. Souhaiter l'augmentation du budget des hôpitaux, c'est remarquer que le système de santé actuel fonctionne mal. Quelqu'un de bien informé pourrait faire remarquer que les cliniques privées sont bien gérées, alors que les hôpitaux publics sont très déficitaires. Mais cette demande généreuse montre aussi que le monde médical jouit d'une bonne réputation auprès des Français. C'est pourquoi, je pense que tout le monde peut s'accorder à ce que les fonctionnaires et les hommes politiques ne gagnent pas de retraite supérieure à celle des médecins.

3. Le retour de l'ISF n'est clairement pas une mesure libérale, mais je pense qu'il faut la voir sous le signe de la justice sociale. En effet, une vraie politique libérale ne doit pas s'arrêter à ceux qui paient l'ISF, mais elle doit concerner tous les Français. Supprimer l'ISF sans instaurer le salaire intégral, sans supprimer la redevance audiovisuelles et baisser les dépenses, c'est mener une politique injuste qui ne profite qu'aux plus riches. En effet, le libéralisme ne se limite pas à aider les millionnaires à investir, il améliore aussi le pouvoir d'achat des classes moyennes et populaires. Macron a voulu faire du libéralisme pour les riches et continuer le socialisme pour les autres. En demandant le retour à l'ISF, les Français demandent que tous soient traités de manière égale.
On peut aussi voir cela comme un levier du peuple sur les riches. Le peuple lui dit que la réforme libérale doit concerner tout le monde ou personne!

4. La suppression des niches fiscale est l'un des fondements de la flat tax, l'une des mesures les plus libérales qui soit. C'est ce qui permettra de baisser le taux d'imposition et de le rendre le même pour tout le monde. C'est du libéralisme et de la justice sociale.

5. Les Français sont excédés par l'injustice. Mais si en 1793, ils guillotinaient, en 2019 ils se contentent de mettre les fraudeurs en prison. On n'atteint pas encore le point de la révolution, mais la pression monte. La crise est profonde et cela fait depuis 1981 au moins que les libéraux ont diagnostiqué la maladie.

6. En soutenant les TPE et PME, les Français montrent qu'ils savent que 90% des emplois sont créés par ces entreprises. Ce sont elles qui vont résoudre le problème du chômage, pas la fonction publique. Ce n'est pas forcément la bonne mesure, mais le constat de base est bien libéral.

7. La seule proposition qui concerne l'action de l'Etat vise la police, c'est à dire sa fonction régalienne la plus fondamentale. On peut y voir que pour les Français, la mission prioritaire de l'Etat, c'est d'assurer le maintien de l'ordre. C'est donc bien plus important que la culture ou les services sociaux. L'Etat devrait donc se concentrer sur ses missions régaliennes et laisser faire la société civile pour tout le reste. 

Friday, January 25, 2019

Proposition de limitation des retraites de la fonction publique

En France, la plus grande dépense publique concerne les retraites. Or, la retraite par répartition inflige un poids croissant sur les actifs de moins en moins nombreux. On a de quoi s'étonner de voir des hommes politiques de tous bords comme Jacques Toubon cumuler 30,000 Euros de retraite mensuelle quand l'Etat français est au bord de la faillite avec une dette à 2300 milliards d'Euros et que la France au bord de la guerre civile avec les gilets jaunes.

La retraite de la fonction publique ne doit pas être un privilège qui pèse lourdement sur le secteur privé. Aussi, afin de mettre fin aux abus les plus outranciers et les plus injustes, je propose que l'Etat limite la retraite maximale qu'un ancien fonctionnaire ou homme politique puisse toucher. Et comme cette limite est un maximum, il me semble plus que généreux de l'indexer sur la retraite que touchent les salariés du privé qui sont les plus diplômés et dont l'activité libérale bénéficie d'une grande réputation: les médecins généralistes.

Actuellement, la retraite moyenne d'un médecin est de 31,735 Euros par an selon la CARMF. Cela équivaut à 2645 Euros par mois avant prélèvements sociaux. Cette mesure devrait être facile à passer, car il serait indécent que quiconque dans la fonction publique se plaigne de toucher autant qu'un médecin à la retraite.

Note: en 2022, la retraite moyenne des médecins généralistes est de 32 656€ par an, ou 2721€ par mois selon la CARMF.