Wednesday, December 11, 2019

Les contradictions des manifs contre la réforme des retraites.

Les manifestants sont en colère que le gouvernement réforme les retraites. C'est compréhensible dans un pays vieillissant où une grande partie de la population approche de la retraite. Cette incertitude sur le futur est anxiogène, surtout quand on sait l'état calamiteux des finances de la France (une dette de 100% du PIB et des déficits depuis plus de 40 ans). Mais au lieu de réclamer la possibilité de gérer eux-même l'argent qui est consacré à la retraite, en passant progressivement à la capitalisation, la majorité des Français continue de vouloir que ce soit l'Etat qui gère les retraites. Cette fois, la réforme consiste à mettre main basse sur les réserves des médecins et des avocats, puis de doubler les cotisations des avocats! Peu de gens se battent contre cela!

La France est le pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. C'est au nom de ces principes que les syndicats sont les plus âpres défenseurs de la retraite par répartition. C'est pour la solidarité entre générations! Or, ils demandent que la réforme Macron ne s'applique pas à eux, mais qu'aux futurs retraités, nés après 1985 (pour le privé). Et tant pis pour l'égalité! Le mot solidarité qui remplace maintenant la fraternité sonne plus que creux: c'est un prétexte pour mieux exploiter et voler les jeunes générations!

A l'occasion des manifs contre la réforme des retraites de Macron, je contemple mes droits à la retraite en France et à Taiwan. En France, ayant bossé 1 an et ayant fait mon service militaire de 10 mois, j'ai cotisé 1 an dans une caisse de cadre et j'ai donc validé 8 trimestres. Depuis que je suis à Taiwan, je n'ai rien versé dans les caisses de retraite des Français de l'étranger, car j'ai préféré capitaliser par moi-même plutôt que faire confiance à l'Etat français.

Comme pour toucher une retraite en France, il faut au moins 146 trimestres (avec une décote de 25%) et que j'ai juste 8 trimestres, il me faudrait travailler au moins jusqu'à 82.5 ans si je commençais à cotiser aujourd'hui. Bref, je ne vais pas faire cela et je ne recevrai donc rien pour mon année de cotisations en France. Durant cette année, j'avais calculé que mon taux d'imposition total frolait le 60% de mes revenus. Je n'avais été capable que d'économiser grosso modo 2000 Euros, un mois de salaire net, en habitant chez mes parents. Et j'ai utilisé cet argent pour partir à Taiwan.

23 ans plus tard, à Taiwan, ma carrière en tant que salarié est incomplète. J'ai cotisé 8 ans environ pour rien dans le système local avant de devenir indépendant (et de ne plus cotiser dans ce système). Bref, mes droits à la retraite par répartition sont les même qu'en France: rien! (Note: j'aurai donc cotisé 9 ans en tout pour ne rien recevoir du tout. Je pose cela ici pour qu'on ne m'accuse pas à la légère de ne pas être "solidaire"...)

Heureusement, les cotisations retraite à Taiwan sont faibles et la retraite y est très faible également. Ce n'est donc pas une trop grande perte, mais une perte quand même pour quelqu'un qui a une carrière atypique. (On peut voir à mon propre exemple que l'Etat n'arrive pas à prévoir toutes les situations.)

Ainsi, je n'attends rien des Etats français ou taiwanais. Mais je ne suis pas inquiet pour mon avenir ou ma retraite. Je n'ai aucun droit sur des prestations futures, mais j'ai tous les droits sur les économies que j'ai pu mettre de côté par mon travail et qui ont fructifié dans l'immobilier, la bourse et l'assurance-vie. Et, grâce aux faibles prélèvements obligatoires à Taiwan, ma femme et moi avons pu mettre une part substantielle de nos revenus de côté. (Je n'ai jamais eu de revenus mirobolants, ayant toujours travaillé au droit local et non comme expat).

Certes, nous avons essuyé quelques grosses pertes lors de placements risqués dans la high tech taiwanaise et depuis nous investissons plutôt dans les gros index que dans des petites firmes. La capitalisation n'est pas un long fleuve tranquille, et de meilleurs rendements impliquent toujours une prise de risque. A chacun de savoir quel niveau de risque il est prêt à prendre. Mais je me sens mieux en sachant que ma retraite viendra de ce qui m'appartient, plutôt que de ce que l'Etat prendra aux actifs dans 20 ans!

Chaque parent devrait souhaiter ne pas être une charge pour ses enfants. Et souhaiter qu'ils puissent rapidement se constituer leur propre capital et affronter la vie en hommes et femmes libres qui peuvent dire "non" à un employeur si celui-ci ne les rémunère pas correctement, ou bien pouvoir lancer leur propre petite entreprise... 

2 comments:

diaagi said...

derriere solidarite ou egalite vs trajectoire individuelle, je voudrai rappeler ce vieux reve issu du siecle des lumieres. qu'un enfant ne sous une mauvaise etoile ne suivre pas le chemin predetermine par sa naissance. ca rappelera miss Warren et son tres juste There is nobody in this country who got rich on their own! a trop vanter l'individualisme et dechirer tout ce qui ressemble a un contrat social et on va finir par se demander un jour pourquoi on vit en societe

TeaMasters said...

Oui. Dans un système libéral, on ne réussit pas seul, mais seulement si on satisfait bien les besoins de ses contemporains. Si les GAFA sont de telles réussites pour leurs créateurs, salariés et investisseurs, c'est car un très grand nombre utilise leurs produits/services. Pareil pour les boulangers, commerçants, artisans...