Friday, November 30, 2018

Les gilets jaunes ou la revanche de Fillon

Si "la France reste la championne d'Europe des impôts", ce n'est pas tant à cause de Macron, mais à cause d'une succession de gouvernements de gauche et de droite qui ont tous augmenté la pression fiscale depuis 40 ans sans équilibrer un seul budget! Or, en 2017, les électeurs de droite, maintes fois dupés par Giscard, Chirac et Sarkozy, choisirent, à la surprise des médias, François Fillon, celui qui voulait réduire le nombre de fonctionnaires de 150,000 en 5 ans.

Il n'était pas certain que Fillon appliquerait ce programme de réduction des dépenses, seule condition sérieuse à de vraies baisses d'impôts. Au vu des échecs passées de la droite française à réformer l'Etat, il était possible d'en douter. Mais quelques juges firent en sorte que le seul candidat qui voulait baisser le poids de l'Etat soit quasiment éliminé de l'élection après en avoir été le grand favori.

Si bien que c'est Macron, bête à concours sortie de l'ENA et de la banque, qui gagna l'élection présidentielle dans un véritable concours de circonstances. Au début, il semblait appliquer un programme libéral light. Ni de droite, ni de gauche, rompu à l'Etat et au secteur privé, il réformait le marché du travail, remplaçait l'ISF par un impôt sur l'immobilier et tint bon face aux syndicats de la SNCF. Il compte même supprimer la taxe d'habitation!

La France tient-elle enfin son Schroeder, le chancelier socialiste qui réforma l'Allemagne et mit son Etat sur la voie de l'assainissement budgétaire? Macron va-t-il ramener le poids de l'Etat à un niveau plus bas et plus proche de celui de nos partenaires Européens? Pour lui, il a l'énergie de la jeunesse et une majorité au parlement. Ce dont il a besoin pour continuer les réformes, c'est des bons résultats avec ses premières mesures ou bien simplement de profiter d'une conjoncture économique mondiale favorable.

Il n'y a pas de menaces sérieuses sur l'économie mondiale. L'Allemagne continue d'aligner les excédents et l'Amérique de Trump renoue avec une croissance de plus de 4%! Mais au lieu d'aider Macron, ces bons résultats des réformes de Trump jettent une ombre sur une croissance française qui peine à sortir du coma.

Si les réformes de Macron portent si peu de fruits, c'est qu'elles n'ont pas ciblé le problème numéro 1: le poids démeusuré de l'Etat dans l'économie française. Ainsi, ce n'est pas le marché du travail privé qu'il fallait réformer en premier, mais celui de l'Etat. Dans le privé, il est devenu plus simple de licencier, tandis que les fonctionnaires restent archi protégés et de plus en plus nombreux. Les inégalités entre secteur privé, soumis à la concurrence, et le secteur public se creusent donc encore plus. Et la réforme de la SNCF ne s'applique que pour les nouvelles recrues: cela signifie plus d'inégalités entre les jeunes et les anciens!

Changer l'ISF en un impôt sur l'immobilier passerait encore dans un pays où l'on a trop de bâtiments vides, car cela obligerait les propriétaires à les louer pour payer cet impôt. Mais la France manque de logements et ce nouvel impôt va dissuader des nouveaux chantiers. Moins d'offre locative aura également pour conséquence d'augmenter le prix des loyers. Cette mesure a donc un effet négatif sur l'économie et le niveau de vie des Français.

Baisser de quelques points les cotisations pour augmenter la CSG de l'autre est une autre réforme fiscale de Macron. Ce petit tour de passe-passe permet au fisc de prendre aux retraités une grande partie de ce qu'il a donné aux actifs. Cette mesure ne permet pas non plus de baisser le poids de l'Etat.

Bref, Macron ne fait pas de politique libérale, mais ses réformes bureaucratiques consolident l'omniprésence de l'Etat et les inégalités entre privé et public. Mais là où sa politique est la plus étatiste et augmente drastiquement les prélèvements obligatoires, c'est l'augmentation des taxes sur l'essence. Ceci va complètement à l'encontre du pouvoir d'achat des Français et de ce à quoi ils aspiraient avec Fillon. C'est pourquoi, la révolte des gilets jaunes, c'est aussi un peu sa revanche et la revanche du peuple sur une bureaucratie qui lui ôté son réformateur.

La seule façon pour Macron de sortir de cette crise est de baisser les taxes confiscatoires sur l'essence et le travail et d'appliquer une cure d'amaigrissement drastique à l'Etat. Après 18 mois d'absence de résultats, Macron doit se transformer en Fillon ou bien il n'est pas certain que le peuple aura la patience de le laisser ruiner un peu plus les Français pendant 3 ans et demi.

Wednesday, November 28, 2018

Combien gagne l'Etat quand on fait un plein en France?

Regardons la transaction dans sa totalité. Pour faire un plein de 60 Euros, un Français qui touche un salaire de 20,000 Euros par an doit d'abord travailler et générer un salaire total (brut + cotisations patronales) de 100 Euros. A ce niveau de salaire, je néglige l'impôt sur le revenu, car il risque d'être nul en fonction du nombre d'enfants à charge. Mais ensuite, sur les 60 Euros payés à la pompe, 62% vont à l'Etat sous formes diverses en 2018 pour de l'essence SP95-E10 . Cela fait 37.2 Euros de taxes. Seuls 22.8 Euros vont au vendeur de l'essence.

Récapitulons: Pour faire son plein et acheter 22.8 Euros d'essence hors taxe, notre salarié doit générer un salaire total de 100 Euros. L'Etat capte donc 77.2 Euros en taxes et cotisations. 

Autrement dit, 77.2% de la valeur générée par le salarié va dans les caisses de l'Etat quand il fait son plein actuellement. Si 100% de taxes c'est du vol pur, à 77.2% l'Etat asservit sérieusement son peuple. Seul un technocrate loin des réalités ou un idéologue se dirait qu'il faut encore plus augmenter les taxes sur l'essence en 2019! La seule chose qui doit nous étonner, c'est que le mouvement des gilets jaunes ne se soit pas formé plus tôt!



Monday, November 26, 2018

Martin Luther, le premier gilet jaune

La réforme de Luther fête ses 501 ans cette année et les gilets jaunes sont ses dignes successeurs. Le 31 octobre 1517, Martin Luther placarda 95 thèses sur la porte de l'église de Wittenberg. Sa critique la plus virulente concernait les indulgences de l'église. A cette époque, celle-ci monnayait le rachat de l'âme des croyants par le paiement de ces indulgences en fonction des péchés commis et de la situation financière de chacun. C'était un moyen très lucratif pour financer la très puissante église. Petit moine, Luther s'en indigna, car il voyait que l'église utilisait très peu ses richesses pour aider les pauvres, mais surtout pour payer le train de vie royal de l'épiscopat.

En 2018, ce n'est plus l'église qui est toute puissante, mais l'Etat français. Au lieu de racheter nos péchés contre Dieu, il rachète désormais nos péchés contre la nature, le climat. Le but officiel est de nous éviter l'enfer sur terre avec des températures de plus en plus hautes! Et au lieu d'indulgences, l'Etat encaisse, entre autres, le TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques).

Or, selon la loi de finance de 2019, les recettes de la seule TICPE doivent être 17 milliards d'Euros tandis que le budget total du ministère de l'Ecologie et du développement durable ne sera que de 10.69 milliards d'Euros. Si on rajoute la TVA de 19.6% qui pèse aussi sur les carburants, on dépasse les 20 milliards de recettes sur la seule essence! Pour l'Etat, l'écologie est donc un prétexte pour taxer encore plus l'essence où la part des taxes dépasse déjà 60% du prix de vente!

Bref, l'Etat français fait autant pour l'écologie que les papes et évêques faisaient pour les pauvres il y a 500 ans! Et les gilets jaunes ont raison de demander des vraies réformes à un Etat qui ne croit plus qu'à une seule chose, son pouvoir absolu de soumettre les Français à l'impôt.

Saturday, November 24, 2018

La demande des gilets jaunes est constructive

Cette demande de départ sur laquelle le mouvement s'est bâti est simple: c'est la baisse des taxes sur les carburants et l'annulation des augmentations prévues pour l'avenir.

 J'ai entendu de nombreux commentateurs dire que cette demande n'est pas constructive, comme si seul l'argent dépensé par l'Etat aurait un réel impact positif sur la société. Derrière cette critique des revendications des gilets jaunes, il y a l'idée que l'Etat fait le bien avec ses nombreux services publics (école, santé, retraite, allocations familiales...) tandis que l'argent qui est dépensé par les Français nourrit surtout la consommation de masse que l'on cherche à combattre. Or, on se rend compte de plusieurs problèmes dans cette argumentation:

1. La qualité des services publics baisse dans tous les domaines en France,
2. Leur coût ne fait qu'augmenter et l'Etat français est particulièrement obèse (40% de fonctionnaires en plus qu'en Allemagne à population équivalente).
3. Ce coût dépasse maintenant 50% des revenus des Français. On arrive au point où l'on travaille plus pour l'Etat que pour soi. Quand plus de la moitié de ce qu'on produit appartient à d'autres, on passe progressivement au collectivisme.
4. Et même à plus de 50% d'imposition totale, l'Etat n'arrive pas à boucler son budget. Et cela fait depuis plus de 40 ans qu'il dépense plus qu'il collecte de taxes! Il a accumulé plus de 100% du PIB, une année de revenus. C'est un fardeau qui met en danger la confiance dans nos banques et dans la monnaie. On arrive dans une situation absurde où l'Etat n'a pas intérêt que la croissance revienne, car elle s'accompagnerait d'une remontée des taux d'intérêts sur la dette!

5. Ce système économique où l'Etat capte 50% de la valeur créé par le privé laisse moins de place à la croissance économique. Si la croissance française est bien inférieure à celle des USA, de la Chine ou de Taiwan, c'est avant tout parce que le secteur privé et les ménages sont asphyxiés d'impôts et de lois contraignantes.


Et l'argument écologique? Disons que c'est d'abord un prétexte, car l'Etat n'affecte que 19,1% des taxes sur l'essence (TICPE) à la transition écologique. 78% va au budget général de l'Etat et aux collectivités locales selon la loi de finance 2019.

D'un point de vue plus générale, Bjorn Lomborg a montré dans l'Ecologiste Sceptique que l'écologie fait bon ménage avec le développement économique. C'est dans les pays les plus pauvres que les crimes contre la nature sont les plus flagrants. Dans les pays les plus avancés économiquement, les citoyens trouvent les moyens de recycler, d'innover avec des technologies propres et durables. Ainsi, même à Taiwan où le litre d'essence coûte moins d'un Euro, on trouve de plus en plus de scooters électriques! Or, on ne peut pas faire d'écologie en taxant les plus pauvres comme on le fait en France. C'est immoral, et c'est mettre la charrue avant les boeufs. Plus les citoyens sont prospères, plus ils auront les moyens de protéger l'environnement. Baisser les taxes sur l'essence n'est donc pas seulement bon pour le pouvoir d'achat. C'est aussi bon pour une écologie citoyenne.

Sunday, November 18, 2018

Le prix de l'essence à Taiwan c'est zen

Cela fait 21 ans que j'habite Taiwan. Cette petite ile de 23 millions d'habitants environ a pour nom officiel la République de Chine. C'est parce que les nationalistes chinois du général Chang Kai-Shek s'y sont réfugiés quand la Chine continentale est devenue communiste en 1949. A cette époque d'après seconde guerre mondiale, l'économie était assez dirigiste avec des monopoles ou des oligopoles d'Etat pour le train, l'alcool, le tabac, le sucre, le sel, le gaz, le pétrole, l'eau, les télécoms... De plus, politiquement, Taiwan vécut avec un parti unique, le KuoMingTang (KMT), jusqu'en 1987. Mais tout cela a évolué assez tranquillement vers plus de liberté depuis les années 60 et 70, ce qui a contribué au boom économique de ce dragon asiatique et à l'avènement de la démocratie.

Je peux témoigner que le niveau de vie des habitants de Taiwan est sensiblement similaire, voire supérieur, à celui des Français. Et pourtant, le système économique et social est très différent. En fait, de nos jours, Taiwan est l'un des pays où l'Etat intervient le moins dans l'économie. Il ne pèse que 17% du PIB (contre 50% environ en France). J'ai aussi pu constater que la croissance économique est environ deux fois plus rapide à Taiwan qu'en France.

Certes, tout ne va pas pour le mieux à Taiwan. La démographie est en berne et la Chine attire ses talents tout en menaçant son indépendance. Cependant, dans de nombreux domaines, Taiwan sait mieux résoudre ses problèmes en laissant faire la société civile.

Dans mes articles, j'aimerais montrer comment ce pays très libéral fonctionne. En France, j'entends de nombreux commentateurs et politiques de gauche dire qu'une autre politique est possible. Sur ce point, ils ont entièrement raison!

Puisque l'actualité française se focalise sur les gilets jaunes, je note que l'essence sans plomb 95 coûte 29.3 New Taiwan Dollar, soit 0.83 Euros le litre! De manière générale, la TVA à Taiwan n'est que de 5%! Par contre, Taiwan collecte une vignette en fonction de la cylindrée de la voiture. Pour ma voiture de 2 litres, c'est autour de 350 Euros par an.

Cette taxe sert à financer l'entretien des routes. Celles-ci sont en bon état et rapidement réparées lorsqu'un typhon ou un tremblement de terre les endommage. L'Etat Taiwanais s'occupe sérieusement de ses infrastructures sans taxer outre mesure ses citoyens.

Une essence bon marché permet plus de mobilité, d'échanges et donc de prospérité. Les paysans dans les campagnes ou les ouvriers en banlieue sont les premiers gagnants de cette politique. Et ceux qui payent le plus de taxes sont ceux qui collectionnent les grosses cylindrées, c'est à dire les véhicules les plus lourds et les plus chers. Voilà une politique vraiment progressive et libérale à la fois. Car j'oubliais de le mentionner, à Taiwan il n'y a pas d'usine à gaz du genre chèque énergie, de prime de conversion ou autres mesures bureaucratiques et complexes. Il n'y a pas eu de soutien du diesel, non plus.

Notons donc que c'est en France que les taxes sur le carburants suscitent la grogne et le mécontentement, tandis qu'à Taiwan les citoyens savent qu'ils paient le juste prix de marché à la pompe. Les gillets jaunes sont les premiers à se révolter contre l'enfer fiscal français. Vu de Taiwan, ils ont bien raison!