Saturday, November 24, 2018

La demande des gilets jaunes est constructive

Cette demande de départ sur laquelle le mouvement s'est bâti est simple: c'est la baisse des taxes sur les carburants et l'annulation des augmentations prévues pour l'avenir.

 J'ai entendu de nombreux commentateurs dire que cette demande n'est pas constructive, comme si seul l'argent dépensé par l'Etat aurait un réel impact positif sur la société. Derrière cette critique des revendications des gilets jaunes, il y a l'idée que l'Etat fait le bien avec ses nombreux services publics (école, santé, retraite, allocations familiales...) tandis que l'argent qui est dépensé par les Français nourrit surtout la consommation de masse que l'on cherche à combattre. Or, on se rend compte de plusieurs problèmes dans cette argumentation:

1. La qualité des services publics baisse dans tous les domaines en France,
2. Leur coût ne fait qu'augmenter et l'Etat français est particulièrement obèse (40% de fonctionnaires en plus qu'en Allemagne à population équivalente).
3. Ce coût dépasse maintenant 50% des revenus des Français. On arrive au point où l'on travaille plus pour l'Etat que pour soi. Quand plus de la moitié de ce qu'on produit appartient à d'autres, on passe progressivement au collectivisme.
4. Et même à plus de 50% d'imposition totale, l'Etat n'arrive pas à boucler son budget. Et cela fait depuis plus de 40 ans qu'il dépense plus qu'il collecte de taxes! Il a accumulé plus de 100% du PIB, une année de revenus. C'est un fardeau qui met en danger la confiance dans nos banques et dans la monnaie. On arrive dans une situation absurde où l'Etat n'a pas intérêt que la croissance revienne, car elle s'accompagnerait d'une remontée des taux d'intérêts sur la dette!

5. Ce système économique où l'Etat capte 50% de la valeur créé par le privé laisse moins de place à la croissance économique. Si la croissance française est bien inférieure à celle des USA, de la Chine ou de Taiwan, c'est avant tout parce que le secteur privé et les ménages sont asphyxiés d'impôts et de lois contraignantes.


Et l'argument écologique? Disons que c'est d'abord un prétexte, car l'Etat n'affecte que 19,1% des taxes sur l'essence (TICPE) à la transition écologique. 78% va au budget général de l'Etat et aux collectivités locales selon la loi de finance 2019.

D'un point de vue plus générale, Bjorn Lomborg a montré dans l'Ecologiste Sceptique que l'écologie fait bon ménage avec le développement économique. C'est dans les pays les plus pauvres que les crimes contre la nature sont les plus flagrants. Dans les pays les plus avancés économiquement, les citoyens trouvent les moyens de recycler, d'innover avec des technologies propres et durables. Ainsi, même à Taiwan où le litre d'essence coûte moins d'un Euro, on trouve de plus en plus de scooters électriques! Or, on ne peut pas faire d'écologie en taxant les plus pauvres comme on le fait en France. C'est immoral, et c'est mettre la charrue avant les boeufs. Plus les citoyens sont prospères, plus ils auront les moyens de protéger l'environnement. Baisser les taxes sur l'essence n'est donc pas seulement bon pour le pouvoir d'achat. C'est aussi bon pour une écologie citoyenne.

No comments: